Les situations apprenantes sont donc à géométrie variable.

On note que les apprentissages effectués à l’occasion de ces situations qualifiantes ne contribuent pas systématiquement au développement de compétences liées à l’emploi (ex : augmentation du savoir technique lié à tel outil), elles le dépassent parfois largement. Ces situations sont aussi l’occasion d’apprendre à travailler en équipe ou de développer certaines capacités cognitives (analyser et résoudre des problèmes).

Il existerait donc des lieux et espaces privilégiés de développement des compétences et l’on n’observerait des organisations réellement qualifiantes que dans des espaces professionnels délimités et circonscrits, dans des périmètres restreints, ne touchant en général que peu de personnes à la fois et au même moment prenant la forme de micro-organisations, de situations qualifiantes.

Leur repérage peut contribuer à la construction d’actions qualifiantes volontaires, voire de parcours qualifiants au moment d’une prise de poste ou en cours d’emploi. Philippe Carré et Olivier Charbonnier parlent de « milieu nourricier » ou d’« environnement d’apprentissages » 227 permettant par différentes modalités managériales et organisationnelles d’accompagner et faciliter les efforts d’apprentissages de chacun. L’instauration d’un tel milieu n’étant alors pas sans conséquence sur l’évolution des rôles des professionnels de la formation vers des fonctions de « développeurs d’apprentissages » 228 . Nous avions par ailleurs parlé d’une évolution des métiers de la formation d’un rôle d’organisateurs de la formation vers un rôle « d’organisateurs des apprentissages » 229 .

Il s’agit sans doute ici d’une véritable révolution culturelle car il s’agit dès lors de parler de culture ou de management de l’apprenance. Philippe Carré définit l’apprenance comme « Cette attitude favorable à l’acte d’apprendre, dans toutes ses déclinaisons formelles et/ou informelles, autodidactiques ou expériencielles, délibérées ou incidentes. C’est ensuite favoriser un rapport à la connaissance et à l’acte d’apprendre positif et teinté de plaisir, à la façon dont Nietzsche parlait de la fréquentation d’un gai savoir. C’est enfin promouvoir, encourager et faciliter les projets d’acquisition de savoirs, d’habiletés ou d’attitudes nouvelles » 230 . Et l’idée de culture est importante car l’apprenance ne se décrète pas, ne s’impose pas comme une injonction managériale ou organisationnelle, ni au travers d’une rubrique du plan de formation…

Existe-t-elle au travers de l’objet « groupe de travail » ?

L’objet « Groupe de travail » semble offrir des potentialités d’apprentissages et de développement des compétences importantes.

Il semble se retrouver dans chacune des situations qualifiantes que nous avons circonscrites.

Il fonctionnerait comme un dispositif idéal d’apprentissage, décloisonnant et désenclavant.

Nous allons maintenant l’analyser et voir s’il est symbole de l’organisation qualifiante ou, pour de multiples raisons, condamné au rôle de situation potentielle d’apprentissages…

Notes
227.

CARRE Philippe et CHARBONNIER Olivier (2003), op. cit p281

228.

CARRE Philippe et CHARBONNIER Olivier, ibid p282

229.

FERNAGU OUDET Solveig (2001), op. cit

230.

CARRE Philippe et CHARBONNIER Olivier (2003), op. cit p285