Sur le plan théorique, le principe pour ces groupes est le même : « il s’agit de constituer et de faire fonctionner des équipes naturelles de travail en groupes de formation, capables de produire, formaliser, mobiliser et s’approprier des connaissances et des compétences par une activité plus systématique de réflexion sur la pratique, à partir du traitement de problèmes concrets rencontrés par l’équipe dans sa pratique de travail » 241 . Concrètement des espaces temps sont dégagés très régulièrement pour que l’équipe de travail habituelle ou constituée pour l’occasion puisse « réfléchir à des problèmes concrets rencontrés au quotidien [dans les ateliers ou les services], échanger sur la description du problème et de son contexte, l’analyser, poser un diagnostic et élaborer des solutions, et dans le cours même de ce processus de résolution de problèmes, formaliser les savoirs mobilisés ou construits à cette occasion » 242 . Sur le plan pratique, la réalité est parfois moins idéale. L’activité réflexive du groupe et de formalisation des savoirs reste très variable d’un groupe à un autre, on privilégie bien souvent les échanges informels en vue de la production finale et non d’une mise à distance de la pratique. Nous avons tenté au travers du groupe de travail « PAP Pilotes » que nous avons suivi derepérer les facteurs permettant de favoriser des dynamiques d’apprentissages et l’émergence de situations qualifiantes.
Au début de notre recherche, les pilotes étaient très sceptiques quant à considérer le groupe de travail « PAP Pilotes » comme un lieu de développement des compétences et d’apprentissages. Il est certain que les moments de bilans que nous avions institués ont modifié le cours des PAP, R. Bourdoncle aurait parlé de « professionnalisation des activités » 243 . Cette professionnalisation des activités a permis d’introduire de nouvelles manières de travailler au sein du groupe de travail (invitation de personnes extérieures, méthodes de résolution problèmes, discussions plus larges et plus ouvertes autour des problèmes, etc.) qui ont transformé le regard des pilotes au cours des huit séances, en les conduisant à une meilleure prise de conscience de ce qui permettait au PAP de bien fonctionner mais aussi de favoriser les apprentissages. En marge, deux des pilotes se sont sentis valorisés par ce travail de recherche et nous les avons vus se métamorphoser au cours de nos entretiens en s’appliquant à aller plus au fond des problèmes, en cherchant à construire de vraies réponses à nos questions (moins évasives ou superficielles) et surtout en s’affirmant dans leur manière d’être et de communiquer. A cela rien d’étonnant, les ergonomes et les psychologues du travail savent depuis longtemps que l’analyse du travail constitue, en soi, un acte de formation.
Nous verrons en conclusion de ce chapitre à quelles conditions, en définitive, le groupe de travail pourrait être un groupe de co-développement professionnel, un espace de formation mais aussi de professionnalisation, un lieu d’apprentissage et de développement des compétences.
BOURGEOIS Etienne (2003), op. cit p 241
BOURGEOIS Etienne, ibid
BOURDONCLE Raymond in « Autour des mots : Professionnalisation, formes et dispositifs » in Recherche et Formation n°35 , 2000 , p119