2.1.3. Facteurs affectifs

Les facteurs affectifs concernent ce qui va contribuer à une plus grande implication, motivation ou responsabilisation des pilotes au regard de leur investissement dans le groupe de travail et à sa périphérie, une fois de retour dans l’atelier.

On trouvera parmi eux :

La possibilité de faire exister le PAP en dehors du PAP est très importante pour les pilotes. Si les discussions ou le travail lors des PAP donnent lieu à des réalisations concrètes et immédiates ou de nouvelles manières de travailler, on ressent une forte mobilisation pour « changer » ou essayer de faire autrement, différemment…

Lorsque Denis s’est attaché à introduire de nouvelles méthodes de travail notamment au travers de « l’arbre des causes » obligeant chacun à prendre du recul par rapport à son vécu pour essayer d’apporter des solutions aux problèmes qui se posaient, les pilotes ont réinvesti la méthode dans leur travail de tous les jours. L’utilisation de cette méthode leur a permis de prendre conscience de la face cachée des problèmes, du fait que la raison apparente d’un problème n’est pas systématiquement unique et isolée. Emilie a vraiment eu le sentiment que certains opérateurs avaient envie de s’impliquer avec elle dans la recherche des causes parce qu’ils se sentaient associés et non spectateurs.

La mobilisation des pilotes lors des derniers PAP relève de la même dynamique. Faire des constats n’est pas intéressant, résoudre des problèmes l’est !

Suite à de nombreux dysfonctionnements qualité dans l’atelier, il a été décidé lors d’un PAP, d’assurer une meilleure sensibilisation des opérateurs.

Laurent a décidé de lire les dossiers de production avec les anciens (il ne le faisait qu’avec les nouveaux). Cela lui a permis de se rendre compte que des choses n’étaient jamais faites et que les opérateurs se mettaient à poser des questions de compréhension des consignes ou des processus… Il va donc essayer de le faire avec chaque production démarrant ce qui lui permettra d’évaluer les situations (compréhension des consignes et des modalités de contrôle). Il note également que le fait de s’intéresser aux opérateurs, de faire avec eux, les amène à se sentir plus concernés, plus attentifs aux dérives de la production.

En mai, il a été décidé de traiter un ensemble d’actions : feuilles de formation, feuille de tri, ANC, etc. Chacun a été chargé d’une partie d’un problème et avait à préparer un certain nombre de choses pour le PAP suivant. Ce fut très responsabilisant car le PAP suivant ne pouvait fonctionner que si chacun avait fait sa part de travail. Emilie comme Géraldine ont le sentiment d’avoir avancé parce que du travail a été fait entre deux PAP, qu’elles se sont impliquées dans la préparation du PAP. Elles ne furent pas « en attente de » mais produisirent des éléments pouvant « faire avancer les choses ». Les pilotes se sont investis dans ce sens malgré les freins hiérarchiques et organisationnels qu’ils ont pu rencontrer. Ils se sentaient véritablement responsables du bon déroulement du PAP suivant. Le manque de suivi des actions et les interrelations existants entre leurs propres actions et celles d’autres membres des équipes les ont par la suite démobilisés (ce fut le cas des tris d’ANC et du manque de retours concernant des ANC autres qu’opérateurs) . Géraldine pense que pour que cette dynamique se maintienne, il est important de « voir des résultats », de continuer à faire avancer les choses. Le succès de toutes les actions mises en place (feuille de tri, feuille de formation, ANC, etc.) ne dépend pas que des pilotes. On les sent dans l’expectative de voir si les autres acteurs concernés par ces actions vont se mobiliser (si les CE travaillent, par exemple, sur les ANC les concernant et avec quels résultats) ».

Interviewer : Avez-vous le sentiment de travailler différemment ces dernières semaines à la suite de ce PAP ?

Emilie : Oui quand même ! On n’a plus la même manière de réagir quand il y a un problème, on se demande ce qu’il faut faire pour que la prochaine fois, ça n’arrive pas. Ca bouge plus. Et les gens bougent…

[ Témoignages circonstanciés complémentaires en annexe (T31) ]

La possibilité de participer aux processus de décisions ou d’élaboration des projets d’action 

Une dynamique de (co-) construction des solutions et non de prescription des actions (on décide pour nous) semble plus mobilisatrice. Chacun se sent investi à différents degrés d’une certaine forme de responsabilité et acteur des solutions à mettre en oeuvre.

Géraldine : d’habitude, on nous dit quoi faire et comment…

Emilie : c’est pas nous qui décidons, on n’est pas des chefs… là c’était différent… on a décidé ensemble…

[ Témoignages circonstanciés complémentaires en annexe (T32) ]

Et de partager les responsabilités : le partage des responsabilités permet à chacun de s’investir à sa mesure dans un projet et de devenir co-responsable de son succès ou de son échec.

«  Je trouve ça bien qu’il donne du travail à tout le monde car chacun devient responsable de quelque-chose. Avant c’était toujours les mêmes qui se dévouaient… »

Sur la prise de conscience d’une responsabilité personnelle et collective dans le succès des PAP

Il est apparu au fur et à mesure des bilans que nous faisions individuellement avec les pilotes qu’ils prenaient conscience du fait que le succès du PAP reposait en partie sur leur investissement et pas seulement sur « si ça marche pas, c’est de la faute à, ou de la faute de ». Ils prenaient conscience d’une certaine forme d’attentisme de leur part et de leur manque d’initiatives… Ils se sont montré particulièrement force de propositions et d’actions à l’occasion des deux derniers PAP auxquels nous avons assisté et dans l’atelier sur cette période.

L’énergie du groupe est celle que chacun accepte d’offrir au collectif, la position en retrait du groupe peut inhiber une partie des résultats. La rétention d’informations peut faire également péricliter la tentative de résolution d’un problème ou demander plus de temps pour le résoudre… L’expérience du manque de retours sur les actions est préjudiciable également.

[ Témoignages circonstanciés en annexe (T33) ]