Ce ne serait pas, précise Alain Lagarde, l’obscurité ou le mystère de son origine qui donne à un événement sa valeur mythique mais bien plutôt la coloration affective que l’imagination lui confère dès lors qu’elle lui accorde le pouvoir de nourrir ou de calmer ses craintes par des explications suffisamment globales pour que tout en procède ou que tout en découle. Sans doute est-ce dans ce sens que l’on peut dire que les crises sont tout particulièrement favorables à la transformation de l’histoire en mythe. Le mythe apaise parce qu’il a une valeur explicative. Il tire sa valeur persuasive des émotions qu’il ébranle et des espoirs qu’il suscite car on trouve dans le mythe une puissance explicative. N’est-ce pas encore là, l’objet des idéaltypes ? N’est-ce pas encore là ce qu’ont fait les auteurs et praticiens de l’organisation qualifiante en cherchant à lui donner du sens? L’organisation qualifiante génèrent des croyances nécessaires à l’action, elle relèverait en ce sens du « mythe rationnel » 260 d’Hatchuel et Weill.
Le mythe est un « mode de significations » 261 , « une conscience signifiante » 262 . Notre société devient alors le champ privilégié des significations mythiques.
HATCHUEL et WEIL in MARCH G James in « Les mythes du management » in Annales des Mines Gérer et Comprendre, 1999
BARTHES Roland in « Mythologies » (1957), Paris, Seuil 1970, p181
BARTHES Roland, ibid p183