2.1.2. Une organisation humaine homogène en terme d’aspirations professionnelles?

Le discours actuel sur l’organisation du travail tend à affirmer que les marges de manœuvre sont concédées aux exécutants pour développer des solutions adaptées face aux aléas de la production, face à l’imprévisibilité des événements. On assisterait, nous disent un certain nombre de sociologues (De Terssac, Zarifian…), à la disparition de la notion de tâche au profit de celle de mission 265 . La notion de mission fait largement appel à l’autonomie des exécutants et deviendrait une condition très importante pour obtenir des résultats satisfaisants en production 266 . « Cette autonomie ne signifie pas abandon de contrôle selon De Terssac, mais plutôt un déplacement de son centre de gravité. En effet s’il y a relâchement des contraintes matérielles et procédurales fixant les modalités de contribution des opérateurs, cette autonomie est en quelque sorte bridée par les attentes de l’encadrement et encapsulée à l’intérieur de l’obligation d’assurer la continuité et la qualité de la production » 267 … Mais la sphère d’intervention des exécutants est-elle si génératrice d’autonomie et de responsabilisation ? Dans les entreprises où nous sommes allés, l’autonomie n’est pas le lot quotidien d’un certain nombre d’acteurs. Et d’abord peut-elle se décréter ? On peut en effet montrer peu d’aptitudes à l’autonomie, peu de goût ou d’intérêt pour cette dernière… Comme on peut montrer peu de goût et d’intérêt pour les responsabilités ou le travail en responsabilité, mais aussi pour les dispositifs participatifs.

Chaque personne dans l’entreprise est singulière.

Notes
265.

La mission se traduit par des objectifs de travail et non plus des tâches procéduralisées qu’il appartient aux opérateurs d’opérationnaliser en fonction de la variation des contextes.  

266.

Cf. CHATZIS Konstantinos et Al. in « L’autonomie dans les organisations : quoi de neuf ? », Paris, L’Harmattan 1999

267.

DE TERSSAC in PETIT François et DUBOIS Michel in «  Introduction à la psychosociologie des organisations », Paris, Dunod 1998, p129