« Dans cette cité domestique, [ explique Luc Boltanski ], le lien entre les êtres est conçu comme une génération du lien familial : chacun est un père pour ses subordonnées et entretient des relations filiales avec l’autorité. Mais [il précise que] l’analogie familiale fait moins référence ici aux liens du sang qu’à l’appartenance à une même maison, comme territoire dans lequel s’inscrit la relation de dépendance domestique. […] Sans sa famille, il n’est rien (Claverie Lamaison, 1982, p24) » 280 .
Une autre manière d’illustrer ces propos serait d’emprunter le discours de Charles Alexis Tocqueville pour qui « Chez les peuples aristocratiques, le maître en vient donc à envisager ses serviteurs comme une partie inférieure et secondaire de lui-même, et il s’intéresse souvent à leur sort […]. De leur côté les serviteurs ne sont pas très éloignés de se considérer sous le même point de vue, et ils s’identifient quelquefois à la personne du maître […]. Dans cette extrémité, le serviteur finit par se désintéresser de lui-même […], il se transporte tout entier dans son maître […]. » 281 .
On peut parler ici de justification domestique pour faire référence à Jacques Benigne Bossuet. Cette justification domestique est basée sur des principes de relations de confiance personnalisées liant, à travers un ensemble de chaînes de relations, les membres d’une collectivité.
BOLTANSKI Luc (1991), op. cit. p116
TOCQUEVILLE Charles Alexis in BOLTANSKI Luc, ibid p117