1.3.L’expérience, une histoire de formation

Les capacités d’analyse, de problématisation des situations sont des capacités qui s’acquièrent dès l’école et de ce fait deux personnes ayant la même ancienneté sur un poste de travail n’auront pas forcément la même expérience selon leur niveau de formation initiale. Gérard Vergnaud montre que le niveau de la formation initiale « Fournit des moyens importants pour tirer le meilleur profit de l’expérience, l’interpréter, et traduire en forme prédicative la forme opératoire de la connaissance issue de l’expérience sur le tas » ³²⁵ . Benoît Grasser et José Rosé, tous deux économistes, vont dans son sens. Pour eux, « La formation initiale peut ou non créer les conditions de constitution de l’expérience. Par son niveau et son contenu, elle détermine le potentiel de l’expérience de travail. Cela est vrai à la fois pour les connaissances acquises dans les domaines particuliers et pour les capacités d’analyse des situations » ³²⁶ .

Les rythmes et les possibilités d’acquisition de l’expérience ne seraient donc pas seulement dépendants des contextes de travail et des structures cognitives d’un individu, ils dépendraient également d’un « avant » (formation initiale) et sans doute d’un « pendant » (formation professionnelle continue, formelle ou informelle). Pour Gérard Vergnaud, à l’instar de la formation initiale, « La formation continue permet d’interpréter autrement l’expérience professionnelle, d’en faire une autre lecture, de lui donner un autre statut que l’expérience brute » ³²⁷ .

Il est à noter que l’accès à la formation continue n’est pas le même partout, il est largement dépendant des pratiques de formation des entreprises, voire des pratiques de gestion des ressources humaines. Ainsi deux salariés ayant la même ancienneté sur un même poste de travail n’auront pas le même potentiel d’expérience s’ils ont eu ou non la possibilité de se former en cours d’emploi…