II.L’expérience, son acquisition et son lien à la professionnalisation

‘Orphée : « Les miroirs devraient réfléchir davantage »
Jean Cocteau

Quelle n’est pas de nouveau notre surprise lorsque nous découvrons une nouvelle fois, après la compétence, l’organisation qualifiante et l’expérience, un terme bien polysémique… Celui de professionnalisation. Chacun y va de sa définition, les économistes, les philosophes, les sociologues, les psychologues et les pédagogues, etc. pour caractériser la notion de professionnalisation (Roche-1999).

On peut ainsi définir la professionnalisation de différentes manières. D’un point de vue sociologique, elle est une revendication de statut et l’inscription dans un métier aux contours identifiés et socialement reconnus. Du point de vue des psychologues, elle est un mouvement d’identification des déterminants internes qui permettent à un individu de conduire son activité en lien avec les changements de l’environnement économique et social. Enfin certains pédagogues la définissent comme la construction du professionnalisme par le contact avec le réel, ses contraintes, ses problèmes et ses occasions d’apprentissages. La dimension pédagogique de la professionnalisation peut être envisagée comme l’invention de nouveaux modes de formation qui permettent l’acquisition de toutes les dimensions de la compétence, etc.

La préoccupation de professionnalisation gagne les entreprises dès la décennie 90. Cela s’explique sans doute par le fait que le professionnalisme des années 50 n’est pas celui des années 70, encore moins celui des années 2000. Il ne s’agit plus de produire le bel ouvrage ou d’avoir un sens moral (du moyen âge à la révolution industrielle), d’appliquer docilement des procédures définies par d’autres ou d’obéir (taylorisme) mais de prendre de bonnes décisions et au bon moment pour résoudre des problèmes professionnels variés et parfois complexes (néo ou post taylorisme). On retrouve la préoccupation de professionnalisation tout aussi bien dans les entreprises que dans les organisations ayant pour finalité la transformation des êtres sociaux. C’est le cas en particulier dans le monde de l’enseignement et tout particulièrement de la formation de formateurs d’enseignants comme en témoignent l’ouvrage collectif « Formateurs d’enseignants : quelle professionnalisation ? » 330 paru en 2002 où de nombreux articles de la revue Recherche et Formation de l’INRP (notamment le n° 35 - 2000). Cette préoccupation a également gagné le monde du travail social et le monde de la santé, deux mondes où les métiers sont en pleine mutation et recherche de professionnalité.

Notes
330.

ALTET Marguerite, PAQUAY Léopold et PERRENOUD Philippe in « Formateurs d’enseignants : quelle professionnalisation », Genève, De boeck 2002