Autant que par leurs activités, les professions se caractérisent par la communauté que forment leurs membres. La communauté joue un rôle essentiel dans le processus de professionnalisation, ne serait-ce par exemple qu’en créant des codes déontologiques, en défendant et en faisant la promotion de la profession. On voit ainsi se multiplier les associations nationales ayant cette vocation. On peut citer à titre d’exemples le GARF (Groupement des Animateurs et Responsables de Formation) ou l’ARIAF (Association Régionale des Infirmières Anesthésistes pour la Formation). La mise en association de la profession des infirmiers anesthésistes visant par ailleurs à se distinguer des autres corps infirmiers, à se vivre comme une profession à part entière avec ses savoirs et sa culture.
Il s’agit ici de se faire reconnaître comme profession ou de valoriser une position statutaire.
Certains sociologues et économistes (Webern Schumpetern, Collins) affirment que certaines professions réussissent à réguler les conditions du marché en limitant l’obtention des conditions favorables à un petit nombre d’élus : « Il y a fermeture des marchés, ce qui amène quelques avantages. Les professions les plus anciennes et les plus fortunées (médecins, juristes) ne se contentent pas d’ailleurs de ce monopole. Elles se transforment en groupe statutaire, ensemble de personnes construisant leurs échanges et leur formation sur une conception commune de leur identité, de leur but et de leur honneur. [ …] Elles mettent en avant le savoir, la morale et l’honneur de leurs membres » 333 . Pour reprendre le cas des médecins, il est vrai que leur formation en cours d’emploi échappe aux circuits traditionnels de la formation hospitalière.
BOURDONCLE Raymond, ibid p122