2.2. Sens et enjeux de la professionnalisation

La notion est apparue d’abord dans la sociologie des professions (notamment américaine) pour désigner « le processus de naissance et de structuration de groupes organisés, autonomes, défendant leurs intérêts, notamment en contrôlant l’accès à la profession et à son exercice » explique Jean Marie Barbier, en précisant qu’aujourd’hui elle est utilisée en Europe et plus particulièrement dans les domaines de la gestion et de la formation pour désigner « le développement de différentes actions et initiatives référées à une intention d’élaboration et d’actualisation des compétences » 338 .

La notion ne constitue pas pour autant un concept mais un champ de pratiques finalisées par une intention, une intention de production et de transformation de compétences ; ces compétences étant non dissociables de leur manifestation dans des activités situées.

Ces quelques précisions en appellent d’autres. En effet la manière dont nous venons de définir la notion de professionnalisation tend à laisser penser que tout processus de développement des compétences peut être qualifié de processus de professionnalisation. Tel n’est pas le cas ! L’introduction du terme n’est pas anodine dans le vocabulaire des ressources humaines et de la formation. Il n’est pas là pour se substituer à la formation mais pour tenter de qualifier de nouvelles formes de formation sur les médiations formation-travail que d’autres conviendraient sans doute d’appeler pratiques de développement professionnel. Nous soulignons ici une orientation essentielle vers la transformation qualitative des compétences et non pas quantitative. C’est pourquoi nous convenons de définir les démarches ou processus professionnalisation de processus d’acquisition d’expérience par lequel un individu acquiert tout à la fois savoir et identité professionnelle. Elle est liée à la construction de la compréhension de la pratique.

La question qui se pose alors est la suivante : à quel moment passe-t-on du quantitatif au qualitatif ? A quel moment acquiert-on de l’expérience ? A quel moment les personnes basculent-elles d’un faire ou d’un savoir-faire au savoir agir ? Ou quels sont les facteurs qui permettent de passer d’une simple logique de formation ou de développement des compétences à une logique de professionnalisation ?

Interrogeons-nous alors sur le groupe de travail que nous avons suivi, et cherchons à repérer ce qui peut avoir participé au développement qualitatif des compétences des pilotes y participant, à l’identification de facteurs de professionnalisation.

Notes
338.

BARBIER Jean Marie in « Voies nouvelles de la professionnalisation », symposium du REF, septembre 1998, p5