Méthodologie

Les contraintes imposées par les sources dont nous disposons et le manque de travaux historiques de référence sur la défense des végétaux constituent deux paramètres qui nous conduisirent à traiter notre sujet de manière particulière. Nous croisons ainsi une approche macroscopique de type quantitatif avec des analyses fines d’événements ou de pratiques intéressants particulièrement bien documentés. L’ensemble est soumis à des commentaires traduisant un souci d’évaluation qualitative.

La méconnaissance de nombreux domaines de la lutte contre les ennemis des cultures rend souvent nécessaire, afin d’établir le contexte dans lequel se situent les exploitants agricoles, la mise en place d’une approche quantitative. Cette dernière, qui n’est pas toujours aisée ni même possible à établir, correspond surtout à des données d’ordre national. C’est ainsi qu’il convenait par exemple de définir les variations du nombre d’ennemis des cultures en France au cours de la période considérée, l’augmentation des produits utilisables ou encore les variations des abonnements aux bulletins des avertissements agricoles. Outre une représentation globale de certains phénomènes marquants, une telle démarche vise à assurer la pleine compréhension des évènements que nous sommes amenés à détailler. L’aspect strictement quantitatif, s’il permet de cerner l’importance de certains éléments, ne peut suffire à établir une explication. Chaque fois qu’il est possible d’opérer de la sorte, nous développons des analyses qualitatives qui permettent d’apprécier les éventuelles données chiffrées.

Nos analyses ont aussi été enrichies par des études fines de certains éléments ou phénomènes qui, soit marquent particulièrement l’évolution des méthodes ou des principes de lutte, soit nous paraissent révélateurs des comportements d’une période particulière. Ces études correspondent à des évènements ou des usages qui furent largement analysés et commentés sur le moment par des services officiels ou des personnalités (agronomes, naturalistes, médecins…), et qui, de ce fait, ont laissé de nombreuses traces. Cette abondance de traces écrites nous a permis d’assurer un croisement des sources et, par là, d’effectuer des analyses les plus fines possibles. Les débats autour de la nocivité de pratiques phytosanitaires pour les abeilles entre 1945 et 1974 ou la mise à jour et les conséquences des phénomènes de résistance du doryphore au cours des années 1950 et 1960 ont par exemple été reconstruits aussi précisément que possible. Ce type d’analyses fines a très largement contribué d’une part à éclairer et affiner les résultats obtenus par la mise en œuvre d’analyses quantitatives macroscopiques et, d’autre part, à mettre à jour des dynamiques de l’évolution des pratiques phytosanitaires qui n’auraient pas été rendues visibles par la mobilisation des seules techniques quantitatives.