Chapitre 1. Les ennemis des cultures

La notion “d’ennemis des cultures” recouvre plusieurs catégories de déprédateurs se développant au détriment des végétaux. L’Homme est donc en compétition permanente avec d’innombrables êtres vivants.

Certains sont considérés comme des ravageurs. Il s’agit essentiellement des animaux dont la majorité des espèces nuisibles appartiennent à la Classe des insectes. D’autres groupes d’invertébrés, ainsi que certains vertébrés (oiseaux, mammifères), sont également considérés comme d’importants ravageurs.

Les ennemis des cultures ne regroupent pas que des organismes possédant une action mécanique sur les cultures. Les maladies parasitaires constituent également une source de destruction importante des végétaux. Ces parasites sont représentés par des cryptogames, des bactéries ou encore des virus. De plus, il existe de nombreuses intrications entre les phytopathologies et les ravageurs. Ces derniers sont souvent vecteurs de maladies virales ou cryptogamiques. Les scolytes, qui interviennent dans la transmission de la graphiose des ormes, correspondent à un exemple récent particulièrement célèbre en sylviculture. Cette graphiose ou maladie hollandaise est responsable de la disparition de la plupart des ormes français à partir de 1970.

Il convient d’ajouter aux destructeurs des cultures les mauvaises herbes qui entrent en compétition avec les plantes cultivées et entravent ainsi leur croissance normale. Le développement des cultures est alors freiné soit par le prélèvement des substances nutritives du sol, soit par la gêne physique, soit par l’émission de toxines, soit encore par un véritable parasitisme. Dans ce dernier cas, fort rare, nous pouvons citer les orobanches, parasites stricts des racines, et les cuscutes, végétaux émettant des suçoirs fixés sur le support végétal. Les mauvaises herbes sont parfois doublement nuisibles. Elles peuvent gêner par leur présence les cultures humaines, mais également servir de réservoirs à des maladies en particulier cryptogamiques (dont l’agent responsable possède éventuellement divers hôtes), ainsi que d’abris à des arthropodes polyphages.

L’inquiétude causée par les déprédateurs constitue une constante au cours de la période étudiée. Parmi les multiples justifications de la protection des végétaux, nous pouvons citer une phrase, publiée en 1923 dans une revue spécialisée, qui est un résumé de la problématique : « Tout comme nous et nos animaux domestiques, les plantes que nous cultivons ont en effet leurs misères : elles ont leurs tares et leurs maladies, leurs concurrents et leurs parasites, de telle sorte que, si nous voulons les faire vivre et prospérer dans de bonnes conditions, leur faire produire le maximum pour notre grand profit, nous sommes forcés de les soumettre à certaines règles d’hygiène et de thérapeutique »21. Par ailleurs, en dehors de l’aspect sanitaire propre aux cultures, un certain nombre de déprédateurs ou de plantes adventices sont dommageables à la santé humaine (ergot du seigle par exemple22) ou animale (comme les colchiques ou le mouron des champs). Ainsi, la protection des cultures apparaît comme nécessaire au développement d’une production économiquement rentable mais également à la sauvegarde de la santé publique.

Notes
21.

Jean FEYTAUD, « La défense du blé contre les parasites », dans Revue de zoologie agricole et appliquée, n°12, décembre 1923, pp. 225-232

22.

La mise en cause de l’ergot du seigle (Claviceps purpurea) dans de nombreux cas d’intoxication parmi les plus célèbres, en particulier à Pont-Saint-Esprit (Gard) en 1951, ne constitue aucunement une certitude. [Se reporter à Régis DELAIGUE, Le feu Saint-Antoine et l’étonnante intoxication ergotée, Saint-Romain en Gal (Rhône), Armine-Édiculture, 2002, 255 p.]