Chapitre 2. La lutte chimique

À l’extrême fin du vingtième siècle, près de 3 500 produits commerciaux présents sur le marché, issus pour la majorité des laboratoires de recherches industriels, permettent aux cultivateurs de remédier aux aléas de production induits par les ennemis des cultures.

Tout d’abord, nous nous attacherons à cerner l’évolution quantitative des produits utilisables par les agriculteurs. Cette analyse débute par un historique de la mise en place de l’homologation, qui correspond à un contrôle des produits mis sur le marché par les entreprises. Cependant, le fondement de notre travail d’évaluation quantitative repose sur les listes publiées annuellement, sans véritable caractère officiel, sous la dénomination d’index phytosanitaires. Ces derniers sont édités dès 1961 par la Fédération nationale des groupements de défense des cultures et l’Association de coordination des techniques agricoles. Afin de conserver une certaine homogénéité à nos comptages, nous avons analysé, sortant quelque peu de notre cadre chronologique, l’évolution des substances indiquées dans les index durant une quarantaine d’années. Cette période correspond cependant à l’apparition de critiques scientifiques, comme d’oppositions parfois passionnées et irrationnelles, de l’utilisation des pesticides puis à la mise en place de nouvelles formes de luttes.

Dans un second temps, nous envisageons une étude plus approfondie de deux types de produits apparus avant la Seconde guerre mondiale. Nous aborderons l’usage de deux types insecticides, les arsenicaux et le pyrèthre. D’un point de vue historique, les produits à base d’arsenic bénéficient d’une caractéristique non négligeable, celle d’avoir été utilisé pendant de nombreuses décennies. De plus, dès le début du vingtième siècle, les opposants à l’usage des arsenicaux, dont l’utilisation est encouragée par l’Etat, trouvent dans le pyrèthre un moyen alternatif. Les archives ou les écrits publiés dont nous nous servons, provenant majoritairement des commentaires d’une élite agricole, formée bien souvent par les écoles d’ingénieurs, permettent une appréhension des comportements des agriculteurs, sinon partiale, du moins partielle. À travers des éléments statistiques, trop souvent épars, nous tenterons cependant d’apprécier la portée réelle de l’usage de ces pesticides dans certaines cultures.