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2.2. Premiers contrôles d’efficacité

Dès l’apparition révélée des doryphores, « une technique d’essais biologiques sélectifs faits dans un cadre agricole » est mise en place afin d’orienter les achats de produits réalisés par l’Etat138. Ainsi, en dehors du contexte d’obligation légale, nous devons noter que la station zoologique du Sud-ouest, à partir de 1933, se livre à des expériences, en lien avec des industriels, afin d’améliorer les insecticides, et utilise comme référence le doryphore, principal ennemi combattu nationalement139.

Le 28 février 1938, un arrêté, pris « sans que nul ne fut autrement averti »140, charge le laboratoire de phytopharmacie de Versailles de contrôler l’efficacité des produits insecticides commerciaux destinés à la lutte contre le doryphore141. Le 7 décembre 1938, un nouvel arrêté met en place un comité chargé d’examiner les questions relatives au contrôle de l’efficacité des substances antidoryphoriques. Parmi les membres de ce comité se trouvent des responsables officiels142, des représentants des entreprises phytosanitaires143 et d’associations agricoles144. Les directeurs du laboratoire de phytopharmacie, Marc Raucourt, et de la station centrale de zoologie agricole, Bernard Trouvelot, assistent aux séances à titre consultatif. En réalité, il s’agit de tenter une expérience dans un domaine restreint et particulièrement connu des scientifiques. En 1940, les essais sont concluants. Marc Raucourt écrit alors : « Si les bons résultats donnés par cette organisation se confirment, il sera possible de l’étendre à d’autres catégories antiparasitaires, au fur et à mesure de la mise au point des techniques d’essais correspondantes »145.

Ces expérimentations, succédant à de nombreux autres essais, s’appuient sur « des techniques d’essais biologiques suffisamment rigoureuses pour donner des résultats indiscutables »146. Il s’agit de comparer les substances soumises à l’expérimentation avec un produit étalon, en principe l’arséniate de plomb147. L’administration ne peut alors garantir, non pas l’efficacité absolue mais, une hiérarchie des produits essayés dans des conditions identiques.

Bien que le doryphore constitue l’un des principaux ennemis des cultures de l’entre-deux-guerres, F.-L. Brancher s’interroge alors sur les raisons que l’Etat pourrait invoquer pour justifier un refus d’un contrôle d’efficacité généralisé. Quant aux fabricants, qui affirment avoir demandé de telles expériences, il semble qu’ils ne puissent plus utiliser d’arguments pour s’opposer à une extension de ce genre de procédés148. Cependant, même parmi les défenseurs d’un tel système, certains estiment que, dans de très nombreux cas, les techniques d’expérimentation ou d’analyse ne paraissent pas, en 1939, homogènes ou même aisées à mettre en place149.

Notes
138.

M. RAUCOURT, B. TROUVELOT, H. BÉGUÉ, « L’essai d’efficacité des produits antidoryphoriques », dans Annales des épiphyties et de phytogénétique, tome 5, fascicule 1, 1939, pp. 51-83

139.

Pierre de LAPPARENT, « L’emploi du doryphore comme test dans les essais biologiques d’insecticides », dans Revue de zoologie agricole et appliquée, Mars-avril 1939, pp. 40-45 [Communication reproduite à partir du Congrès de l’Association française pour l’avancement des sciences, Arcachon, septembre 1938].

140.

J. FREDOU, « De quelques réformes ou améliorations à envisager dans l’organisation administrative, professionnelle et interprofessionnelle de la défense sanitaire des végétaux », dans Troisième journée de la défense sanitaire des végétaux, Paris, 20 février 1939, Paris, Ligue nationale de lutte contre les ennemis des cultures, pp. 31-41

141.

L’arrêté du 28 février est reproduit dans les Annales des épiphyties et de phytogénétique, nouvelle série, tome 5, fascicule 1, 1939, p. 81

142.

L’arrêté du 7 décembre nomme comme Président Albert Demolon (Inspecteur général des stations et laboratoires de recherches agronomiques) et comme membres Gondé (Inspecteur général de l’agriculture chargé de la coordination des services intéressant la défense des végétaux), Durier (Inspecteur général de la répression des fraudes).

143.

Le Président du Syndicat professionnel des fabricants de produits anticryptogamiques et insecticides et le Président de l’Association française des fabricants de produits chimiques pour la défense des cultures.

144.

Le Président de la fédération nationale des producteurs de plants de pomme de terre sélectionnés et le Président de la Ligue nationale de lutte contre les ennemis des cultures.

145.

Marc RAUCOURT, « Revue de phytopharmacie » [Partie V], dans Annales agronomiques, Janvier-Mars 1940, pp. 127-147

146.

Marc RAUCOURT, « L’homologation des produits antiparasitaires à usage agricole », dans Revue technique de la protection des végétaux, tome 1, fascicule 2, 1947, pp. 169-195

147.

M. RAUCOURT, B. TROUVELOT, H. BÉGUÉ, « L’essai d’efficacité des produits antidoryphoriques », dans Annales des épiphyties et de phytogénétique, tome 5, fascicule 1, 1939, pp. 51-83

148.

ANONYME, « Contrôle des produits insecticides », [Reprise commentée d’un article de F.-L. Brancher publié dans la Feuille d’informations agricoles du 10 avril 1938 situé après le texte de l’arrêté du 28 février 1938], dans Bulletin des sciences pharmacologiques, Supplément “Phytopharmacie”, 1938, pp. LXXX.

149.

A.N.-F., 5 S.P.V. 1, Comité consultatif de la défense des végétaux, Procès-verbal du 8 juin 1939, 5 p. [Intervention de Raucourt].