B. L’Index phytosanitaire : inventaire public des pesticides

Les premières tentatives d’éditer un recueil des produits utilisables par les agriculteurs apparaissent dès les années 1930. Le problème rencontré par les cultivateurs dans le choix des substances et des appareils de traitements soumet la Ligue nationale de lutte contre les ennemis des cultures à de nombreuses réflexions. Il s’agit alors de répondre à une simple question : « Comment choisir dans tout cet arsenal l’appareil le mieux adapté, le produit le plus efficace ?»161. Une double démarche permet d’envisager une réponse à cette interrogation. D’une part, le contrôle d’efficacité, consacré en 1943 par l’homologation, et d’autre part l’établissement d’un recueil des substances existantes sont alors souhaités. Les responsables de la Ligue savent qu’il convient de trouver un moyen de propagande. Ils connaissent les capacités des professeurs d’agriculture, des directeurs des services agricoles ou des chefs de laboratoires. Mais, ces professionnels, d’une haute valeur technique, semblent trop peu nombreux, pas toujours faciles à joindre et ne possèdent pas toujours une vision globale des problèmes phytosanitaires. Mais, il est un autre obstacle difficile à surmonter. En effet, « la rumeur publique est susceptible de les accuser perfidement de certaines collusions ». Ainsi, il convient de découvrir une méthode sûre garantissant l’indépendance de jugement. La Ligue se lance dans la constitution d’un répertoire. Les renseignements concernant les différents produits sont à l’époque disponibles, sur fiche ou sous dossier, au siège de l’organisation. Parallèlement à la réalisation d’un premier inventaire des produits commerciaux et des matières actives les composant162, l’association expose des produits depuis 1934 lors du Salon de la machine agricole et réalise également un“Guide pratique pour la défense sanitaire des végétaux” en 1937. Ce dernier, outre les descriptions des déprédateurs, indique pour chaque ennemi cité un certain nombre de substances utilisables.

L’Occupation allemande entrave toute activité de la Ligue jusqu’à la Libération et l’idée d’un répertoire national se traduit en 1961 par une publication, rédigée conjointement par la Fédération nationale des groupements de protection des cultures (ex-Ligue nationale de lutte contre les ennemis des cultures connue alors sous l’abréviation “F.N.G.P.C”) et l’Association de coordination des techniques agricoles (A.C.T.A.) nommée “Index des spécialités phytosanitaires”. L’introduction de ce premier ouvrage, émanant de François Le Nail et de Pierre Pelissier, explique les motivations d’un tel travail : « La plupart des Fédérations départementales de groupements de protection des cultures, ont, au cours de ces dernières années, en liaison avec les services de la protection des végétaux, estimé nécessaire de publier des listes de spécialités commerciales à l’usage des agriculteurs. La réalisation de ces documents est délicate et c’est à la demande d’un certain nombre d’entre elles et également des organisations professionnelles adhérant à l’Association de coordination technique agricole que nous nous sommes décidés à publier un catalogue valable pour l’ensemble des groupements de défense et d’une façon plus générale pour les conseillers, techniciens et vulgarisateurs agricoles »163. Le premier numéro de cet annuaire des produits chimiques est tiré à 100 000 exemplaires et « a été très rapidement épuisé »164. Par la suite, cette publication, dont le nombre de pages, en croissance permanente, atteint le chiffre de 519 en 1991 contre 128 trente ans plus tôt, connaît une actualisation annuelle. Par ailleurs, les modifications, concernant surtout les autorisations de vente, intervenant en cours d’année, se trouvent périodiquement annoncées dans la revue de la F.N.G.P.C., La défense des végétaux. En 1973, comme la plupart des actions techniques conjointes, l’édition de l’Index revient entièrement à l’A.C.T.A.

Notes
161.

LIGUE NATIONALE DE LUTTE CONTRE LES ENNEMIS DES CULTURES, La lutte contre les ennemis des cultures et le contrôle des produits insecticides et anticryptogamiques, 1932, 12 p.

162.

Se reporter au Chapitre 6, « La ligue nationale de lutte contre les ennemis des cultures », section III, B.

163.

François Le NAIL, Pierre PELISSIER, « Introduction », dans Index des spécialités phytosanitaires, A.C.T.A.-F.N.G.P.C., 1961, 128 p.

164.

François Le NAIL, Pierre PELISSIER, « Introduction », dans Index des spécialités phytosanitaires, A.C.T.A.-F.N.G.P.C., 1963, 163 p.