C. Accroissement du nombre de pesticides

Nous considérons le mot pesticide dans le sens où il représente des substances chimiques, d’origine naturelle ou synthétique, destinées à détruire des organismes vivants considérés comme nuisibles aux cultures. Cependant, dans l’établissement du décompte de l’ensemble des produits agropharmaceutiques, afin de ne pas dénaturer l’orientation de nos sources, nous adjoignons aux pesticides proprement dits, les produits dénommés parfois biopesticides. Ces derniers trouvent une définition par opposition aux fabrications provenant de l’industrie chimique. Nous pouvons donc considérer les biopesticides comme des organismes, partie d’organisme ou mélange de différents organismes utilisés périodiquement à la manière des traitements classiques165.

Le graphique n° 2 permet de cerner l’évolution quantitative de l’ensemble des produits commercialisés166 à partir du début des années 1960. Le terme de matières actives correspond aux molécules reconnues comme efficaces dans la lutte contre les ennemis des cultures. Les produits commerciaux représentent, quant à eux, les préparations mises sur le marché par les firmes industrielles. Afin de permettre un rapprochement avec la période de l’Entre-deux-guerres, nous avons mentionné une approximation des principales matières actives, excluant les herbicides (essentiellement limités à l’acide sulfurique), en usage au cours des années 1930167. De plus, les index phytosanitaires constituent les sources à partir desquelles nous avons établi l’évaluation quantitative du nombre de pesticides mis sur le marché. Or, d’une part, les éléments permettant l’élaboration des index ne constituent pas des entités identiques168 et, d’autre part, l’index ne possède aucun caractère officiel. Ce dernier critère, bien que l’immense majorité des produits soit répertoriée au sein des éditions successives, ne permet pas d’opérer un comptage exhaustif en ce qui concerne les spécialités commerciales. Si en 1979, nous comptabilisons 317 matières actives donnant naissance à 2 481 substances disponibles sur le marché, une autre source indique respectivement 350 et 3 500169.

Cependant, nous pouvons admettre les résultats comme représentant des éléments comparables permettant d’appréhender l’évolution quantitative des produits destinés aux praticiens. En effet, l’index phytosanitaire représente l’unique publication susceptible de servir de support aux différents acteurs de la production agricole.

Graphique n° 2 .Évolution quantitative des pesticides entre 1961 et 2000
Graphique n° 2 .Évolution quantitative des pesticides entre 1961 et 2000 D’après les Index phytosanitaires. .

L’évolution du nombre de pesticides, considérés dans leur ensemble, comprend deux phases principales. La première période couvre, dans notre graphique, la période 1937 à 1987. L’augmentation constante des produits commercialisés comme des matières actives caractérise ces cinquante années. Par la suite, la mise en place de nouvelles normes d’écotoxicité, plus contraignantes, dans la recherche et l’application (cas du lindane par exemple) des pesticides entraîne une diminution du nombre de produits commercialisés et par conséquent une augmentation du coût des recherches industrielles. Mais, la cause principale, d’une certaine diminution qualitative des productions, réside dans la fusion des grandes firmes industrielles (Ciba et Sandoz forment Novartis, Rhône-Poulenc et Hoechst deviennent Aventis). Ces dernières, dans le cas où coexistent des spécialités équivalentes, ne conservent que les produits économiquement les plus intéressants. Ces considérations, n’entrant pas dans le cadre thématique et chronologique de notre travail, ne connaîtront pas de développement.

Notes
165.

D’après la définition proposée par Francis A. WILLIAMSON, Ashley SMITH, Biopesticides in crop protection, PJB Publications, septembre 1994, 120 p.

166.

Le comptage prend également en compte les adjuvants et certaines autres substances. Cependant, les Index phytosantaires consultés prenant ces produits en compte, nous les avons également considérés. Le chiffrage étant de toute façon approximatif et le nombre de préparations satellites étant faible, les ordres de grandeur demeurent absolument respectés.

167.

Il s’agit d’une évaluation réalisée à partir du Guide pratique pour la défense sanitaire des végétaux, Ligue nationale de lutte contre les ennemis des cultures, Paris, 1937, 291 p.

168.

Les données de comptage des matières actives ne sont pas réellement identiques. À partir de 1987, les associations de principes actifs sont dénombrées comme une nouvelle matière active.

169.

M. TISSUT, F. SEVERIN, J.L. BENOIT-GUYOT, M. GACHET, J. ROCHAT, J.M. MAILLION, C. DEGRANGE, A. BOUCHERLE, Les pesticides oui ou non ?, Presses universitaires de Grenoble, 1979, 231 p.

170.

D’après les Index phytosanitaires.