F. Estimation quantitative

Nationalement, les tonnages d’arséniates, mis à la disposition de l’agriculture sont en évolution constante entre le début des années 1930 et 1942. Le tableau n° 8 correspond aux chiffres fournis en 1945 au Ministère de l’Agriculture, à sa demande, par le Groupement des producteurs de produits insecticides et anticryptogamiques294.

Tableau n° 8. Évolution des quantités d’arséniates mises à disposition de l’agriculture française entre 1936 et 1945.
Campagne Quantité livrée
  (en tonne)
1936-1937 4 326
1937-1938 5 183
1938-1939 6 698
1939-1940 3 614
1940-1941 10 565
1941-1942 19 100
1942-1943 19 669
1943-1944 9 143
1944-1945 6 830

Les données précédentes sont présentées comme exhaustives mais nous ne pouvons les commenter qu’avec les réserves d’usage. Cependant, ces chiffres paraissent relativement exacts. La diminution de 1939 s’explique facilement. Cependant, il est possible que des stocks antérieurs soient utilisés par les cultivateurs durant la campagne 1939-1940. La diminution de 1943-1944 correspond aux pénuries diverses engendrées par la fin de l’occupation. De plus, les arséniates de plomb, qui représentent l’immense majorité des arsenicaux utilisés en 1939 (80 % d’après certains auteurs295), faute de plomb disponible, sont remplacés, surtout à partir de 1941, par des arséniates de chaux.

Plus intéressantes sont les indications concernant les mois suivant la Libération. Les arséniates ne connaissent plus d’expansion nouvelle après la Seconde guerre mondiale. D’après Willaume, en 1952, la quantité globale d’arsenicaux consommés représente environ 5 500 tonnes alors que la capacité de production permet de fabriquer 35 000 tonnes296. La revue Rapports France-Etats Unis 297, support de propagande en faveur du plan Marshall, publie un ordre de grandeur identique en 1953 (5 à 6 000 tonnes d’arséniates par an). La légère diminution entre 1945 et 1950 s’explique par la mise en place progressive des insecticides de synthèse, notamment du DDT et de l’HCH. Ces derniers, d’une toxicité aiguë moindre et plus faciles d’emploi, supplantent l’usage des arsenicaux.

Notes
294.

A.N.-P., F 10 15 416 [Dossier arséniates et désherbants], Renseignements du Groupement des producteurs de produits insecticides et anticryptogamiques, courrier fait à Lyon le 22 octobre 1945.

295.

Jean PINATON, Contrôle chimique pratique des insecticides agricoles : insecticides à base de nicotine et d’arséniates, Thèse de pharmacie, soutenue devant la faculté de Lyon le 15 juin 1945, 110 p. [Information extraite de la page 61].

296.

A.N.-P., F 10 15416 [Dossier général], Fernand WILLAUME, Rapport sur les produits antiparasitaires, septembre 1952

297.

Paul-Louis BRET, « Protection des végétaux », dans Rapports France-Etats Unis, n° 52, mars 1953, pp. 29-36