C. Les cultivateurs français face aux doryphores (1945-1972)

En France, l’observation attentive des cultures traditionnellement protégées avec soin permet la constatation également précoce des cas de résistance. Le D.D.T. est ainsi mis en échec, dans certaines zones de la circonscription de Strasbourg, par les vers de la grappe dès le début des années 1950518. Cependant, afin de cerner le comportement phytosanitaire des agriculteurs, destiné à contrer les phénomènes de résistance, nous envisagerons le cas d’un ravageur d’une culture capitale pour l’alimentation humaine.

La résistance des doryphores aux organochlorés apparaît en France de manière irréversible à partir de la seconde moitié des années 1960 soit environ quinze ans après les phénomènes analogues observés aux Etats-Unis. Pour comprendre les raisons de l’échec des pesticides organochlorés utilisés dans la lutte contre cet insecte, nous devons analyser les comportements des producteurs de pommes de terre au cours de la période précédant les premières constatations d’échec. Il convient alors d’envisager la culture de cette solanée par le biais du matériel employé et des produits appliqués. Mais, tout d’abord, il nous paraît nécessaire de rappeler les superficies ensemencées en pommes de terre au début de la décennie 1950-1960, à une période où les restrictions s’estompent et où les pratiques culturales se modifient. Ainsi, entre 1946 et 1952, une diminution quantitative des surfaces ensemencées en pommes de terres frappe les jardins familiaux et les lieux de cultures où cette solanée est secondaire. En 1952, la surface totale française plantée en pommes de terre correspond à 1 100 000 hectares. Si ces légumes produits en grandes cultures représentent 965 000 hectares, les jardins familiaux ensemencés en pommes de terre sont estimés à 120 000 hectares et les cultures maraîchères à 15 000. Au début de la décennie 1950-1960, la destruction des doryphores constitue une pratique courante des producteurs de pommes de terre.

Notes
518.

A.N.-F., 5 SPV 90, J. BERNARD (contrôleur chargé des avertissements agricoles à Strasbourg), Rapport sur l’activité de la station d’avertissements agricoles au cours de l’année 1953, 24 p.