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3.3. Incidence sur la qualité des récoltes

Outre, le coût des produits, les organochlorés ne satisfont pas toujours les utilisateurs. Or, certains désagréments causés par une matière active n’encouragent pas le renouvellement d’un traitement identique. Le 20 octobre 1947, une note spéciale des avertissements agricoles du S.P.V. indique que le HCH et le SPC (composé sulfuré du précédent) « peuvent donner du goût ou une odeur aux végétaux traités tardivement : pommes de terre, fruits, cultures maraîchères »552. La revue L’industrie chimique reprend dans ses colonnes les conclusions de l’expérience suisse des traitements à l’HCH. L’organisme dénommé Légume Union indique que les champs traités contre les hannetons par l’HCH en 1946 ne doivent pas servir à la production de pommes de terre en 1947 et 1948553. En France, la sévérité des conditions de culture semble moindre et le problème perdure.

En 1950, un compte rendu de la campagne antidoryphorique de la circonscription de Bordeaux signale que certains insecticides sont discrédités par l’odeur qu’ils dégagent et ajoute que quelques récoltes sont perdues à cause du goût communiqué aux tubercules554. Des faits analogues sont relatés en décembre 1952 chez un producteur de Haute-Garonne et chez un commerçant de Tarbes écoulant un lot de pommes de terre originaire de Bourg-de-Coray (Finistère)555. Le produit incriminé, parfois cité sous la terminologie d’isomère gamma de l’HCH, n’est autre que le lindane. La principale préoccupation des chercheurs consiste alors à supprimer la transmission de l’odeur aux produits consommables. Il est probable que la dénaturation gustative des denrées soit un fait, sinon général, du moins courant. Une lettre de l’entreprise Shell, datée de 1952, concernant les résultats d’essais de l’aldrine et de la dieldrine, insecticides organochlorés, indique avec satisfaction : « Il est remarquable qu’aucun de ces deux produits ne communique de goût aux cultures traitées »556.

En pratique, dès la fin de la décennie 1940-1950, l’élément déterminant du choix du produit de synthèse concerne la persistance d’un goût déplaisant dans les tubercules. Le lindane et le SPC sont réservés au traitement des cultures spécialisées dans la production de plants. Dès lors, le DDT tend à devenir la matière active la plus épandue sur les pommes de terre de consommation557 et ce, d’autant plus que, dès 1961, l’HCH est interdit dans le cas de traitements destinés aux tubercules.

Notes
552.

A.N.F., 5 SPV 87, J. BRUNETEAU, C. ROUSSEL, « Les produits organiques de synthèse », Troisième note spéciale des avertissements agricoles du S.P.V. de Bordeaux

553.

ANONYME, « Les préparations d’hexachlorocyclohexane peuvent-elles influencer la saveur des légumes et des fruits », dans L’industrie chimique, n°361, août 1947, p. 158

554.

A.N.F., 5 SPV 37, Compte rendu de la circonscription de Bordeaux pour la campagne 1950.

555.

A.N.F., 5 SPV 37, Lettre du Directeur de la production agricole au chef du S.P.V., mars 1953.

556.

A.N.-P., F 10 5416, Lettre de la Shell Chimie en date du 4/6/1952

557.

ANONYME, « Pour lutter avec le maximum d’efficacité contre le doryphore », dans Le Rhône agricole, juin 1951