Chapitre 4. Moyens biologiques de lutte

Sous le titre de moyens biologiques de lutte, nous envisageons les techniques qui peuvent s’apparenter à une réelle destruction des déprédateurs visés. De fait, nous excluons de notre étude les comportements agricoles permettant éventuellement de contourner l’apparition d’un problème phytosanitaire par exemple grâce au choix judicieux de variétés résistantes à tel ou tel ennemi des cultures.

Nous considérons le respect des auxiliaires comme une étape préliminaire à un usage plus réfléchi des possibilités offertes par la diversité biologique. C’est pourquoi, nous appréhendons succinctement le respect des auxiliaires par le biais du comportement des agriculteurs et des naturalistes. Dans ce cas, les organismes autochtones considérés comme utiles sont macroscopiques et appartiennent au Régne animal.

Notre travail prend ensuite en considération certaines des applications françaises de lutte biologique673, terme apparu vraisemblablement pour la première fois aux Etats-Unis en 1919 sous l’appellation Biological control 674, nécessitant parfois un rappel succinct des réalisations étrangères, notion incluant ici les destructions de ravageurs par des prédateurs, des parasites ou des micro-organismes. Éliminant ainsi les produits obtenus à partir de l’extraction des substances d’origine biologique, nous envisageons d’une part les acclimatations et d’autre part les traitements biologiques répétitifs.

L’acclimatation, traduisant l’objectif d’une résolution définitive d’un problème, est souvent recherchée dans la première moitié du vingtième siècle pour enrayer les pullulations d’un déprédateur lui aussi importé. Nous développerons le cas de l’introduction, avant la Première guerre mondiale, d’une coccinelle coccidophage. Cette opération, couronnée d’un succès rapide, constitue à l’aube du vingt-et-unième siècle une référence en lutte biologique.

Toutes les tentatives d’apport d’un organisme extérieur ne sont pas perçues par l’opinion publique avec autant de bienveillance que dans le cas de la coccinelle précédemment citée. Nous développons, comme type de lutte biologique efficace mais controversée, la destruction des lapins par la myxomatose importée volontairement sur le sol français.

En dehors du principe d’acclimatation, les applicateurs de la lutte biologique prennent rapidement en compte le fait qu’il faut parfois opérer des infestations régulières. Pour la période chronologique que nous considérons, le nombre d’organismes utilisés est relativement réduit. Nous avons sélectionné deux procédés de destruction qui possèdent l’avantage d’avoir été utilisé durant une longue période. Nous aborderons d’une part la lutte contre les rongeurs par le virus Pasteur et d’autre part, l’élimination des larves de hannetons par un cryptogame.

A chaque fois que nous le pouvons, c’est-à-dire lorsque nous possédons des sources, nous avons, pour chaque étude particulière, tentés d’apprécier le comportement des praticiens et l’impact des méthodes biologiques.

Notes
673.

Les définitions de la lutte biologique sont plus ou moins restrictives. Nous pouvons renvoyer à l’article de Pierre FERRON, « La lutte biologique : définition, concept et stratégie », pp. 8-17, dans Alain FRAVAL et Christine SILVY [dir.], Les dossiers de l’environnement de l’I.N.R.A. Lutte biologique II, n° 19, 1999, 274 p.

674.

Harry S. SMITH, « On some phases of insect control by the biological method », dans Journal of economic entomology, volume 12, 1919, pp. 288-293