3. L’introduction de l’entomophage en France

Dès le 29 mars 1912, Paul Marchal, demande au professeur Silvestri, Directeur de la station entomologique de Portici de lui envoyer des exemplaires de Novius cardinalis. Un appel identique est lancé auprès des entomologistes portugais et américains. Les Italiens expédient huit exemplaires de Novius cardinalis, correspondant à des stades différents (quatre adultes, 3 nymphes et une larve767). Ces derniers parviennent en France le 23 juillet 1912. Les quatre mois nécessaires à l’expédition de cette petite colonie, formée d’individus d’âge hétérogène, est facilement explicable. « Les Novius, en raison de la grande diminution d’Icerya qu’ils avaient eux-mêmes provoqués, étaient en effet devenus tellement rares aux environs de Naples que, malgré les recherches effectuées, il n’avait pas été possible de se procurer, avant cette date, les éléments d’une première colonie »768. André Vuillet, aidé par le G.Poirault (directeur de la station de pathologie végétale d’Antibes), est chargé par Paul Marchal d’acclimater les huit exemplaires de N. cardinalis d’origine italienne. Seuls sept individus arrivent vivants dans les Alpes-maritimes. Malgré l’extrême faiblesse des effectifs, les précieux auxiliaires ne tardent pas à se multiplier. Début août, le nombre de coccinelles dépasse la centaine. Ainsi, « le succès des opérations ultérieures pouvait donc être considéré comme assuré avec la seule descendance du premier envoi »769. D’autres expéditions de colonies, en provenance des Etats-Unis, du Portugal et d’Italie accroissent également la population initiale. Le 15 août 1912, un premier lâcher est effectué sur un citronnier parasité. À cette date, le nombre de N. Cardinalisen réserve dans les cages d’élevage est d’environ 600. Un mois plus tard, P. Marchal, en visite au Cap-Ferrat, annonce : « J’eus la satisfaction de constater que l’acclimatation du Novius pouvait être considérée comme un fait accompli »770. À la fin de l’année 1912, les lâchers de l’auxiliaire permettent d’éliminer les cochenilles dans une dizaine de villas autour du foyer primitif.

Paul Marchal note que la réussite de l’opération doit beaucoup à certains habitants du Cap-Ferrat. « Il est heureux, […] que nous ayons été favorisés par une assistance aussi efficace et une compréhension des méthodes employées aussi complètes que celles que nous avons rencontrées auprès de Monsieur Curtis, propriétaire de la villa “Sylvia” et de son chef de culture, Monsieur Bernardi »771. En effet, les entomologistes réalisent les premiers élevages dans le jardin de la villa “Sylvia” (photographie n° ). Au printemps 1913, André Vuillet affirme également : « Actuellement, on trouve sans peine le Novius cardinalis à tous les stades de développement, dans la zone envahie par l’Icerya »772.

Notes
767.

André VUILLET, « Acclimatation de Novius cardinalis dans le midi de la France », dans La revue de phytopathologie, n°1, 20 avril 1913, pp. 8-10

768.

Paul MARCHAL, « L’acclimatation du Novius cardinalis en France », dans Bulletin de la Société nationale d’acclimatation, tome 60, 1913, pp. 558-562

769.

Paul MARCHAL, « L’acclimatation du Novius cardinalis en France », dans Bulletin de la Société nationale d’acclimatation, tome 60, 1913, pp. 558-562

770.

Paul MARCHAL, « L’acclimatation du Novius cardinalis en France », dans Bulletin de la Société nationale d’acclimatation, tome 60, 1913, pp. 558-562

771.

Paul MARCHAL, « L’Icerya purchasi en France et l’acclimatation de son ennemi d’origine australienne, le Novius cardinalis », dans Annales du service des épiphyties, Mémoires et rapports présentés au comité des épiphyties sur les travaux et missions de 1912, tome 1, 1913, pp. 13-18

772.

André VUILLET, « Sur la présence de l’Icerya purchasi Mask. [Hem coccidæ] et du Novius carndinalis Muls. [col. Coccinellidæ] dans les Alpes-Maritimes] », dans Bulletin de la Société entomologique de France, séance du 9 avril 1913, 1913, pp. 164-165.