II. Pou de San José : demi-échec des procédés classiques

L’appellation Pou de San José correspond à un insecte, actuellement nommé Quadraspidiotus perniciosus 1029, originaire d’Extrême-orient1030. Présent depuis le début de la décennie 1870-1880 en Californie, cette cochenille est décrite pour la première fois en 1880, dans la vallée de San José, par l’entomologiste américain Comstock. Cet animal se présente sous la forme d’un petit bouclier discoïde gris, collé au support et d’une taille oscillant entre un et trois millimètres. Lors des pullulations, ces arthropodes forment des encroûtements résultant du chevauchement des individus. Seules les larves néonates peuvent se déplacer quelque peu avant leur fixation définitive.

Parfois citée comme un unique procédé biologique, la lutte contre le Pou de San José, telle qu’elle est envisagée par l’I.N.R.A. et le S.P.V. dès la fin des années 1950, par les répercussions qu’elle possède sur les traitements conventionnels chimiques, constitue cependant, en France, un élément pionnier de la lutte intégrée. Ainsi, « en 1961, débuta en France une expérimentation pratique de lutte intégrée dont l’objectif précis était d’associer l’utilisation d’un insecte entomophage du genre Prospaltella, parasite spécifique d’une cochenille (le Pou de San josé) aux traitements insecticides destinés à lutter contre les autres ravageurs des arbres fruitiers »1031. À la vieille de la décennie 1970-1980, l’acclimatation du Prospaltella perniciosi demeure « géographiquement limitée à quelques communes du Lyonnais, de Savoie et d’Alsace (régions envahies par la cochenille), en raison d’un élevage de multiplication du parasite reposant sur des bases artisanales »1032.

Malgré l’aspect limité des procédés de lutte intégrée en vergers mis au point à partir des années 1950, nous devons évoquer le développement de cette méthode, intermédiaire entre les réussites de lutte biologique du début du vingtième siècle et les nouveaux principes de gestion phytosanitaire de la fin des années 1960. Mais, il convient, afin de cerner l’ensemble des problèmes soulevés par Quadraspidioutus perniciosus, de s’attarder d’une part sur l’apparition de cet insecte en France et, d’autre part, sur les tentatives d’éradication des premiers foyers ainsi que sur les méthodes de traitements chimiques mis en place par la suite.

Notes
1029.

Il s’agit d’un insecte appartenant à l’ordre des homoptères, à la famille des coccidés et à la tribu des diaspines. Le nom de genre connaît plusieurs modifications. Dans un premier temps, l’animal se nomme Aspidiotus perniciosus (fin XIXe). Par la suite, la dénomination correspond à Aonidiella perniciosa. Dès la veille de la Seconde guerre mondiale, les entomologistes tendent à le ranger dans le genre Quadraspidiotus.

1030.

L’attaché commercial de l’ambassade de France aux Etats-Unis affirme en 1945 que « les vieux farmers de Californie l’appellent d’ailleurs encore Chinese scale, pou de Chine ». Cette citation est extraite d’un texte de 13 p. expédié au Ministère de l’agriculture en octobre 1945 par Raymond RICAUD et intitulé « Les moyens de lute employés aux Etats-Unis contre le Pou de San José ». L’attaché commercial espère alors que les moyens américains sont transposables en France. Il est intéressant de noter qu’il n’oublie pas les moyens biologiques. [Document conservé dans les Archives du S.R.P.V. Rhône-Alpes].

1031.

Henri-Georges MILAIRE, « Principes et modalités d’application de la lutte intégrée dans les vergers de pommiers », dans La pomologie française, tome 11, n°11, décembre 1969, pp. 281-293.

1032.

Pierre GRISON, « Pesticides ou lutte biologique », dans Atomes, volume 24, n° 269, octobre 1969, pp. 567-575