B. Premières expériences à grande échelle de lutte intégrée

1. Formation et vulgarisation

Si la mise en pratique de nouvelles méthodes de lutte repose sur les comportements phytosanitaires des arboriculteurs, la formation directe des praticiens ne représente pas la principale démarche de vulgarisation entreprise. En effet, les groupements de producteurs associés à l’opération emploient des conseillers agricoles. Ces derniers, formés et encadrés par les deux spécialistes liés à l’I.N.R.A., facilitent l’extension du programme initial. De plus, dès 1969, l’A.C.T.A. et la F.N.G.P.C. s’associent à l’organisation de stages de formation. Le premier a lieu à Valence. Le but étant d’inciter des agriculteurs de tous les départements à opter pour des méthodes alternatives, l’A.C.T.A. développe par la suite des séances de formation dans diverses régions1170. Chaque session s’adresse à une vingtaine de personnes1171 parmi lesquels se trouvent des conseillers en arboriculture et des enseignants. Dès 1969, à la suite des actions de l’A.C.T.A./F.N.G.P.C., une dizaine de conseillers « ont mis en pratique la méthode préconisée dans les vergers de leur secteur, ce qui aura pour effet […] de multiplier les sources d’informations et les impacts de la méthode »1172. Ces stages reçoivent l’appui scientifique des services du Ministère (S.P.V., I.N.R.A. et C.E.R.A.F.E.R.). Ainsi, parmi les conférenciers qui s’expriment lors des séances de formation de 1969 et 1970, nous pouvons noter les noms de Henri-Georges Milaire pour le S.P.V., de Georges Remaudière, Francis Chaboussou, François Leclant, Henri Audemard pour l’I.N.R.A., et de Jean-Noël Reboulet et Jean-Paul Gendrier pour le C.E.R.A.F.E.R.1173.

Les auditeurs des sessions reçoivent, de plus, un bulletin d’information, édité par l’A.C.T.A., destiné à vulgariser rapidement les progrès scientifiques, français mais également étrangers, se rapportant à la lutte intégrée. Outre des articles de mise au point, ces publications comprennent également des références bibliographiques variées et parfois commentées. Enfin, l’A.C.T.A. met en place des réunions de fin de campagne auxquelles participent les stagiaires. La première a lieu à la Chambre d’agriculture de Valence le 28 novembre 1969. Le but de ces sessions correspond à la volonté de synthétiser les expériences de l’année écoulée et d’envisager les modifications techniques à mettre en œuvre lors de la campagne suivante1174. Par la suite, des groupes d’études se réunissent au sein des trois régions fruitières (sud-est, sud-ouest et Pays de la Loire) susceptibles d’adopter les principes de lutte intégrée. Si ces groupes de travail sont organisés par l’A.C.T.A., les conseillers se réunissent, précise le secrétaire général de la F.N.G.P.C., « pour confronter leurs expériences et corriger leurs erreurs sous le contrôle de l’I.N.R.A. »1175.

Notes
1170.

À Mons (Gers) en 1970, à Angers (Maine-et-Loire) en 1971, à Carpentras (Vaucluse) en 1972, à Bordeaux (Gironde) en 1973.

1171.

E. CHOPPIN de JANVRY, Henri-Georges MILAIRE, « Actions lutte intégrée entreprises en France », dans La défense des végétaux, n°165, janvier-février 1974, pp. 15-28

1172.

E. CHOPPIN de JANVRY, « Les perspectives qui se dessinent à l’issue du IVe symposium “Lutte intégrée en vergers“ », dans Bulletin technique d’information, n° 249, mai 1970, pp. 319-322

1173.

Service lutte antiparasitaire de l’A.C.T.A., Information Lutte intégrée, n° 5, 30 avril 1970. [Recueil d’exposés réalisés au cours des stages de formation concernant la lutte intégrée en arboriculture fruitière].

1174.

Service “Lutte antiparasitaire” de l’A.C.T.A., Réunion du groupe “Lutte intégrée Sud-est”, 28 novembre 1969, dans Information Lutte intégrée, n° 4, 25 avril 1970

1175.

Pierre PELISSIER, « Possibilités d’action des agriculteurs en lutte intégrée », dans La défense des végétaux, n° 144, juillet 1970, pp. 233-234 [Communication présentée à Versailles le 11 juin 1970 à l’occasion d’une journée consacrée à la lutte intégrée en vergers, organisée par la F.N.G.P.C.].