2. Les syndicats locaux de Seine-et-Oise

Émile Blanchard défend la mise en place de groupements, ayant pour base la commune, capables de s’organiser en cas de calamité ou de danger imminent. Les actions collectives envisagées suivant ce principe prennent essentiellement en compte un type particulier de déprédateur ou même une seule espèce nuisible. Son raisonnement est fondé sur l’expérience acquise en Seine-et-Oise. Dans ce département, pour faciliter la mise au point technique nécessaire concernant la défense des cultures, l’Office agricole départemental créé un comité de lutte contre les ennemis des cultures regroupant des techniciens mais aussi des professionnels variés (agriculteurs, maraîchers, arboriculteurs). Après réalisation d’essais prouvant la possibilité technique (et non scientifique) d’un mode de destruction, une diffusion de la méthode est effectuée (presse, brochures, conférences). Dès lors, dans de nombreux cas, entrent en jeu les syndicats locaux (communaux ou intercommunaux) qui, de fait, appliquent les méthodes éprouvées. En Seine-et-Oise, au cours de l’année 1926, une centaine de ces organismes sont créés, essentiellement pour mettre en place un désherbage rationnel, et se réunissent rapidement en une fédération départementale. D’un point de vue pratique, Emile Blanchard soutient le système de concession coopérative, destiné aux cultivateurs possédant des moyens restreints, permettant d’équiper les exploitations en matériel. Grâce à une active propagande de la D.S.A., 72 syndicats fonctionnent sur ce modèle en Seine-et-Oise durant l’année 19261279. Ainsi, entre février et mars 1926, 130 conférences sont organisées et, cette même année, l’Office agricole accorde aux syndicats de désherbage plus de 100 000 Francs de subvention pour l’achat de pulvérisateurs à acide sulfurique1280. Se félicitant d’une telle réussite, Emile Blanchard espère la création généralisée des syndicats d’utilisation en commun de matériel sur la base de concession coopérative. Commentant le fonctionnement des structures, Blanchard annonce dès 1929 que « le mouvement amorcé en Seine-et-Oise à déjà des échos dans d’autres départements, comme le Nord, l’Eure-et-Loir, la Somme, l’Oise, où les syndicats et les fédérations de syndicats s’organisent sur des bases identiques »1281. Cette réussite incontestable considérée par Paul Vayssière comme exceptionnelle est obligatoirement éphémère en raison des antagonismes de personnes pouvant survenir et des aléas techniques difficiles à résoudre à petite échelle1282.

Notes
1279.

Émile BLANCHARD, « L’utilisation collective des appareils de lutte contre les ennemis des cultures », dans Congrès international sur les appareils utilisés dans la lutte contre les ennemis des cultures, Lyon, 24 & 25 juin 1929, pp. 89-92

1280.

Émile BLANCHARD, « La lutte contre les ennemis des cultures dans le département de Seine-et-Oise », dans Congrès national pour la lutte contre les ennemis des cultures, Lyon, 28 au 30 juin 1926, 1927, pp. 347-348.

1281.

Émile BLANCHARD, « L’utilisation collective des appareils de lutte contre les ennemis des cultures », dans Congrès international sur les appareils utilisés dans la lutte contre les ennemis des cultures, Lyon, 24 & 25 juin 1929, pp. 89-92

1282.

Intervention de Paul VAYSSIÈRE au cours de la discussion intervenant après l’exposé de BLANCHARD « Les syndicats de défense contre les ennemis des cultures », dans Congrès national pour la lutte contre les ennemis des cultures, Lyon, 28 au 30 juin 1926, Service agricole du P.-L.-M, Paris, 1927, pp. 351-356