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1.5.L’organisation collective

Le congrès de 1934 insiste tout particulièrement sur l’intérêt de la généralisation des pratiques phytosanitaires. Pour Paul Marsais, les viticulteurs étant suffisamment équipés en appareils de traitements, le seul problème consiste en une obligation d’épandages généralisés pour une région donnée. En effet, l’eudémis et la cochylis possèdent deux générations par an. Or, partant du principe que les premiers traitements entravent obligatoirement la seconde génération, certains praticiens ne traitent que lors de la première période. La réinfestation s’opérant par les vignes moins entretenues, la récolte demeure parfois plus faible sur les cultures traitées primitivement. En effet, les insectes marquent une propension certaine à attaquer les vignes restées saines. Pour éviter l’inertie de certains exploitants, l’organisation collective demeure la structure la plus vertueuse. Paul Marsais cite en exemple l’Association viticole champenoise dont l’action se caractérise par l’achat en commun des produits phytosanitaires et l’incitation aux traitements généralisés réalisés au même moment1417.

La difficulté d’une destruction efficace réside souvent dans le manque de synchronisation des traitements effectués d’une parcelle à l’autre. La première résolution du congrès de 1934, concernant à l’origine la lutte contre le doryphore, constitue un élément fondamental de la pensée de tous ceux s’intéressant à la défense des cultures en France. Le texte voté est le suivant : « Que la création des syndicats de défense prévus par la loi du 3 juin 1927, qui devrait à l’heure actuelle être généralisée partout, le soit au plus tôt dans tous les départements français, non seulement pour lutter victorieusement contre l’extension du doryphore mais aussi pour combattre énergiquement tous les insectes nuisibles et les maladies des plantes »1418. Ce texte, adopté par le congrès, n’est autre que celui d’un praticien du Loiret, E. Tubat. En effet, Feytaud, spécialiste des doryphores, ne propose, dans un premier temps, que l’obligation d’une lutte collective dans les seules zones soumises à la chrysomèle américaine. Le directeur de la station entomologique bordelaise escompte ainsi obliger les exploitants à se prendre en charge sans l’aide direct de l’Etat. Il va s’en dire que la mise en place des structures syndicales à l’échelon national ne peut que réjouir l’ensemble des participants du congrès. En effet, comme le note Blanchard lors de la discussion concernant l’organisation professionnelle, « il suffit de rappeler que presque à chaque instant, à chaque rapport, vous avez entendu dire comme leit-motiv, qu’il est nécessaire d’avoir des syndicats de lutte contre les ennemis des cultures, et qu’on crée de nouveaux syndicats de lutte »1419. Reprenant un désir formulé en 1932 lors du Congrès de la mutualité et de la coopération agricoles d’Arles, le congrès de 1934 souhaite une augmentation des pouvoirs alloués aux syndicats de défense afin de leur permettre d’agir avec toute la célérité et la cohésion que commande le plus souvent l’attaque d’un parasite ». Enfin, la loi de 1927 essuie diverses critiques car son application impérative se situe essentiellement dans le cadre des calamités agricoles déclenchées par un déprédateur particulier.

Notes
1417.

Paul MARSAIS, « Les vers de la vigne », dans La défense sanitaire des végétaux, Compte-rendu du congrès de la défense sanitaire des végétaux, Paris, 24-26 janvier 1934, tome I, Paris, Ligue nationale de lutte contre les ennemis des cultures, pp. 40-54

1418.

F.-L. BRANCHER [Rédacteur], « I. Les moyens actuels de lutte contre les plus dangereux ennemis de nos principales cultures » in « Récapitulation des résolutions du congrès », dans La défense sanitaire des végétaux, Compte-rendu du congrès de la défense sanitaire des végétaux, Paris, 24-26 janvier 1934, tome II, Paris, Ligue nationale de lutte contre les ennemis des cultures, pp. 301-308

1419.

Émile BLANCHARD, « Organisation professionnelle. Améliorations à y apporter », dans La défense sanitaire des végétaux, Compte-rendu du congrès de la défense sanitaire des végétaux, Paris, 24-26 janvier 1934, tome II, Paris, Ligue nationale de lutte contre les ennemis des cultures, pp. 295-297