En 1933, la Ligue innove en créant un Comité des désherbants, animé par Georges Fron, qui a pour but d’expérimenter les produits utilisables par les cultivateurs1447. Cependant, une structure véritablement efficace apparaît vingt-six ans plus tard grâce à la F.N.G.P.C.
Les journées françaises d’information de la F.N.P.C. de 1956 prennent pour titre thématique : “Les désherbants sélectifs et les régulateurs de croissance”. L’intitulé des conférences indique une complexité potentielle d’utilisation relative à un nombre élevé de produits disponibles. En effet, diverses catégories de substances chimiques, récemment découvertes ou utilisables en agriculture, sont étudiées. Parmi ces dernières se trouvent des colorants nitrés (comme le D.N.O.C.), des phytohormones (comme le 2,4 D), des carbamates ou encore des dérivés de l’urée. Si des matières actives variées sont étudiées, toutes ne présentent pas d’intérêt agricole immédiat. Un court article de la revue Phytoma résume la richesse scientifique de ces séances : « Ces journées ont permis de mettre en lumière un nombre prodigieux de substances nouvelles pouvant, dans un avenir plus ou moins proche, prendre place parmi les techniques de destruction des mauvaises herbes »1448. Mais, il ne s’agit pas seulement pour la Fédération nationale d’envisager le problème sous l’angle unique de la recherche. François Le Nail exprime l’intérêt collectif d’une telle manifestation en 1961 : « Pour la première fois était présentée au public de techniciens, de conseillers, de vulgarisateurs, une vaste mise au point sur un problème d’ensemble encore assez mal connu des agriculteurs »1449.
Les journées de 1956 « ont un tel retentissement que l’Inspecteur Général Vezin émet l’idée d’une structure technique, interprofessionnelle, qui se spécialiserait dans l’étude des problèmes de désherbage »1450. Pour Charles Vezin, il s’agit « de pouvoir apporter une meilleure information aux responsables de la vulgarisation et aux agriculteurs »1451.
Trois ans sont nécessaires à La F.N.G.P.C. pour mettre en place une organisation conforme aux souhaits du Ministère. Cette décision coïncide avec la création d’organismes identiques, en particulier aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Plusieurs raisons engendrent à cette époque précise la création d’un nouvel organe national de coordination. Les progrès rapides de la chimie de synthèse, l’usage à bon escient des herbicides découverts et la méconnaissance générale des possibilités de destruction des adventices par les praticiens apparaissent comme autant de causes encourageant les responsables de la F.N.G.P.C. à mettre en place une structure permanente
Ainsi, au cours du mois de décembre 1959, à l’initiative de Paul Marsais et de François Le Nail, se déroule une première réunion constitutive. Pour la F.N.G.P.C., il convient de coordonner et d’encourager les recherches tout en dispensant des conseils d’emplois aux utilisateurs. Lors de la première réunion de 1959, nous pouvons noter, entre autres, la présence de responsables de l’A.C.T.A., de la Fédération nationale des centres d’études techniques agricoles (F.N.C.E.T.A.), de l’Institut technique des céréales et fourrages (I.T.C.F.), de la Société française de phytopharmacie (S.F.P.P.), de l’I.N.R.A. et du S.P.V.
Pendant quelques semaines, la nouvelle commission spécialisée de la F.N.G.P.C. prend le nom de Comité national de lutte contre les mauvaises herbes. Le 11 janvier 1960, la dénomination définitive de Comité français de lutte contre les mauvaises herbes ou COLUMA est entérinée. La première réunion se déroule le 12 février 1960 sous la présidence de Jean Bustarret, Directeur général de l’I.N.R.A. Le secrétaire général se nomme Pierre Poignant et l’un des Vice-présidents n’est autre que François Le Nail. Dès le début de l’année 1960, « les objectifs du nouvel organisme furent précisés : mettre en œuvre tous les moyens propres à coordonner et encourager les progrès touchant à la lutte contre les mauvaises herbes ; développer les contacts et les échanges d’idées entre techniciens, spécialistes et utilisateurs ; collaborer à une meilleure information du monde agricole par la vulgarisation des techniques éprouvées ; organiser des conférences et des congrès sur la lutte contre les mauvaises herbes ; collaborer enfin avec les organisations nationales étrangères ayant une activité commune avec celle du COLUMA »1452.
Afin de pouvoir mener à bien de telles missions, le COLUMA, composé de 30 membres, comprend en son sein de multiples représentants d’organismes publics ou privés. Huit sièges reviennent à l’administration, quatre à des sociétés savantes et au Conservatoire national des arts et métiers et huit à la Chambre syndicale de la phytopharmacie (C.S.P.)1453.
Archives de la F.N.G.P.C., Compte-rendu de l’A.G. du 24 mai 1934.
H.B., « Journées françaises d’information de la Fédération Nationale de Protection des Cultures sur les désherbants sélectifs et les régulateurs de croissance », dans Phytoma, mars 1957, p. 35.
François Le Nail, « Allocution de clôture », dans Compte-rendu de la première conférence du COLUMA, décembre 1961, pp. 464-465
François LE NAIL, Yves DEFAUCHEUX, L’industrie phytosanitaire (1918-1986), Soixante-huit ans d’organisation syndicale en France, 1987, Boulogne, U.I.P.P., 85 p.
François JOIN-LAMBERT [Président de la F.N.G.P.C.], « Allocution de clôture », dans Comptes-rendus des journées d’études sur les herbicides, Septième conférence du COLUMA, Versailles, 13 & 14 décembre 1973, tome 4, pp. 847-849
R. LONGCHAMP, « Rôle et activité de la commission des essais biologiques et du Comité français de lutte contre les mauvaises herbes », dans Second symposium sur le désherbage des cultures tropicales, tome 2, Montpellier, 5 & 6 septembre 1976, pp. 369-374.
La C.S.P. est constituée le 4 mars 1952 et correspond à l’ancienne Chambre syndicale de l’industrie des spécialités pour la protection et l’amélioration des plantes. Cette dernière étant issue du S.A.I.F. le 8 mars 1947.