2. Les journées d’information du COLUMA

Les séances d’information bisannuelles, succédant aux journées d’informations de 1956, jalonnent l’histoire du COLUMA et en constituent l’activité la plus visible. Les conférences de la commission alternent avec les sessions anglaises du British weed control conférence et se trouvent parfois couplées avec les symposiums de l’European weed research council (E.W.R.C.). Ces journées, par l’aspect scientifique qu’elles revêtent, ne peuvent s’adresser directement qu’à une extrême minorité d’agriculteurs. Mais, les auditeurs des congrès bisannuels, pour la plupart, entretiennent des contacts directs avec les producteurs1454. Ainsi, « il appartient aux techniciens et conseillers agricoles de vulgariser ces méthodes de désherbage chimique avec sagesse, car leur emploi requiert une certaine prudence et en tout cas beaucoup de soins, quant aux dates d’application, aux doses de matières actives, aux procédés d’épandage »1455. Lors du discours de clôture des journées de 1965, Roland Beaulieu, insistant sur la diversité et la multiplicité des renseignements recueillis au cours de séances de travail, considère « qu’il faudra certainement les “décanter” au cours des mois qui viennent » et même « les “prédigérer” avant de les transmettre aux agriculteurs, aux viticulteurs, aux arboriculteurs ». Il ajoute être persuadé « qu’il en résultera une amélioration très appréciable des conditions de production pour un certain nombre de cultures »1456. En réalité, les congrès de désherbage organisés par le COLUMA permettent une mise au point permanente de l’ensemble des nouveautés en matière de lutte contre les adventices. Pour le Président de la F.N.G.P.C., les sessions bisannuelles constituent des étapes « jalonnant la route de la vulgarisation phytosanitaire »1457.

L’évolution du nombre de communications et de participants permet d’appréhender l’influence du COLUMA au sein des milieux agricoles. Afin de replacer les diverses journées d’informations dans un contexte d’évolution global d’usage des herbicides, tout en tenant compte des variations liées à des évènements extérieurs, nous conserverons un commentaire chronologique. La synthèse du nombre de communicants et d’auditeurs est transcrite par le graphique présenté ci-après (n° 3).

Graphique n°3 Évolution du nombre de communications et d’auditeurs au cours des journées d’études sur les mauvaises herbes (entre 1956 et 1975).
Graphique n°3 Évolution du nombre de communications et d’auditeurs au cours des journées d’études sur les mauvaises herbes (entre 1956 et 1975).

La présence des congrès parisiens de l’E.W.R.C à la même période que ceux du COLUMA constitue un élément explicatif important de certaines influences exogènes. Ainsi, des représentants étrangers participent à divers exposés organisés par l’une ou l’autre organisation. L’inverse est également vrai puisqu’en 1961, 250 chercheurs français participent aux séances de l’E.W.R.C.1458. Le COLUMA, grâce au travail fournit dès sa fondation, devient immédiatement un partenaire incontournable, et attire en 1963 environ 70 étrangers bien qu’aucun congrès international ne se déroule conjointement1459. En revanche, la conférence de l’année 1965 succède aux sessions de l’E.W.R.C. De plus, si lors des travaux précédents, l’essentiel des communications concerne l’application des nouveaux herbicides, la première intervention de 1965 livre à l’auditoire des connaissances biologiques sur les mauvaises herbes. Il s’agit, pour les animateurs du comité, de cerner les éléments intrinsèquement liés aux adventices afin de permettre « l’utilisation des herbicides à bon escient et diminuer les risques de voir échouer les moyens chimiques »1460. Ce type d’informations constituant une certaine nouveauté ne doit pas être étranger à la réussite de la manifestation. En effet, en cette année 1965, les organisateurs affirment que le succès en terme de nombre de communicants et d’auditeurs dépasse leurs espérances1461. Cependant, l’accroissement de l’usage des herbicides au milieu des années 1960 permet au COLUMA de maintenir une majorité de communications consacrées à l’un ou l’autre des herbicides. Mais, le fait que le chiffre de vente des produits désherbants représente 40 % de l’ensemble des pesticides engendre des travaux liés à des problématiques particulières. En 1967, l’utilisation des pulvérisateurs à pression de liquide ou les compétitions entre adventices et cultures sont parmi les premiers thèmes abordés. Pourtant, la progression quantitative de l’auditoire se situe dans un contexte particulier. En effet, la lutte contre les adventices des betteraves, dont le désherbage apparaît alors comme une aubaine économique, n’est pas abordée en 1967. Les traitements herbicides de cette culture constituent une étape si importante qu’ils font l’objet d’un symposium international, organisé par l’I.T.B. à Marly, en mars 1967.

L’année 1969 marque à nouveau un jumelage entre les sessions parisiennes de l’E.W.R.C. et les travaux du COLUMA ce qui, à nouveau, permet de comptabiliser un grand nombre d’étrangers au sein de l’auditoire.

En 1971, pour la première fois, les séances informatives se tiennent à Cannes. Les organisateurs souhaitent modifier quelque peu les centres d’intérêts de la conférence bisannuelle. Une partie des travaux présentés permet d’étudier avec précision le désherbage de certaines cultures méditerranéennes. Le fait que Paris ne soit pas retenu comme lieu des séances d’informations et que, par conséquent, soit abordée en 1971 la lutte contre les mauvaises herbes de cultures particulières, expliquent sans doute en partie un nombre plus faible de participants. Nous devons, par ailleurs, préciser que fort peu de nouvelles molécules herbicides apparaissent entre 1969 et 1971 bien que la part de celles-ci dans le chiffre d’affaires des entreprises phytosanitaires françaises représente 48 % de l’ensemble des pesticides. Seule l’augmentation de la consommation de ces substances, considérées à l’époque comme peu polluantes par rapport aux insecticides, justifie la croissance des ventes1462. La notion de résidus et de rémanence évolue rapidement et constitue un élément important de la conférence de 1973. En revanche, certaines cultures comme les pommes de terre ou le riz ne suscitent que fort peu de communications, la mise en place des techniques de désherbages étant considérée comme temporairement résolue. Quant à la destruction des adventices des betteraves, un nouveau symposium devant avoir lieu en 1975, elle n’est qu’évoquée en 19731463. Il paraît donc probable que les professionnels très spécialisés n’assistent pas tous à cette septième conférence du COLUMA.

Lors des dernières journées d’informations organisées par un COLUMA dépendant de la F.N.G.P.C., les problèmes débattus traduisent les mêmes préoccupations qu’en 1973. Nous devons ajouter que les séances françaises succèdent à nouveau à celles de l’E.W.R.C. et attirent alors 220 participants étrangers1464. Cette dernière organisation devient alors l’E.W.R.S. (European weeds research Society). Le COLUMA décide à son tour de se muer en société indépendante.

Notes
1454.

Jean BUSTARRET, « Allocution d’ouverture », dans Compte-rendu des journées d’études sur les herbicides, Seconde conférence du COLUMA, Paris, 19 & 20 décembre 1963, pp. 5-7

1455.

Roland BEAULIEU, « Allocution de clôture », Compte-rendu des journées d’études sur les herbicides, Seconde conférence du COLUMA, Paris, 19 & 20 décembre 1963, pp. 5-7

1456.

Roland BEAULIEU, « Allocution de clôture », Compte-rendu des journées d’études sur les herbicides, Troisième conférence du COLUMA, Paris, 1965, tome 2, pp. 1099-1101

1457.

Roland BEAULIEU, « Allocution de clôture », Compte-rendu des journées d’études sur les herbicides, Quatrième conférence du COLUMA, Paris, 1967, tome 3, pp. 687-689

1458.

B. RADEMACHER, « Discours d’ouverture du Président sortant du Comité européen de recherche sur le désherbage », dans Comptes-rendus des journées d’études sur les désherbants, E.W.R.C./COLUMA, Paris, 13-15 décembre 1961, pp. 7-8

1459.

Jean BUSTARRET, « Allocution d’ouverture », dans Comptes-rendus des journées d’étude sur les herbicides, Seconde conférence du COLUMA, Paris, 19 & 20 décembre 1963, pp. 5-7

1460.

Jean BUSTARRET, « Allocution d’ouverture », dans Comptes-rendus des journées d’études sur les herbicides, Paris, troisième conférence du COLUMA, 2 & 3 décembre 1965, tome 1, pp. 1-4

1461.

Roland BEAULIEU, « Allocution de clôture », Compte-rendu des journées d’études sur les herbicides, Troisième conférence du COLUMA, Paris, 1965, tome 2, pp. 1099-1101

1462.

Jean BUSTARRET, « Allocution d’ouverture », dans Comptes-rendus des journées d’étude sur les herbicides, Sixième conférence du COLUMA, Cannes, 8-10 décembre 1971, tome 4, pp. 1079-1087

1463.

Jean BUSTARRET, « Allocution d’ouverture », dans Comptes-rendus des journées d’étude sur les herbicides, Seconde conférence du COLUMA, Paris, 13&14 décembre 1973, tome 4, pp. 843-849

1464.

François JOIN-LAMBERT [Président de la F.N.G.P.C.], « Allocution de clôture », dans Comptes-rendus des journées d’études sur les herbicides, Huitième conférence du COLUMA, Paris, décembre 1975, tome 4, pp. 937-938