D. L’A.C.T.A. et les ingénieurs de la F.N.G.P.C.

1. Les liens entre l’A.C.T.A. et la F.N.G.P.C.

En 1954, à l’initiative de l’A.P.C.A. (Assemblée permanente des chambres d’agriculture) est créée une “section technique de la Commission permanente de coordination des associations spécialisées”. Souhaitant accompagner le développement des surfaces de certaines cultures, connaissant par réaction mécanique un accroissement des populations des déprédateurs, cinq associations professionnelles, organisées autour de quelques productions et d’une filière (céréales, betteraves, oléagineux, lin, pommes de terre) rédigent un ouvrage commun. Ce dernier, terminé en 1955 et édité à 100 000 exemplaires, s’intitule Guide pratique de lutte contre les ennemis des cultures 1484. René Blondelle, Président de l’Assemblée permanente des Présidents des Chambres d’agriculture, préface ce livre en expliquant les buts de la vulgarisation entreprise par les auteurs : « l’étude que je vous présente va aider puissamment les agriculteurs de notre pays à défendre leurs productions contre les parasites, à augmenter la rentabilité de leurs exploitations, à rendre en un mot notre agriculture plus forte et plus compétitive ». François le Nail est l’un des cinq rédacteurs de cet ouvrage : « Lorsque ce premier ouvrage, clair, bien illustré, eut été diffusé avec succès, il ne restait plus à ces associations spécialisées, qui avaient appris à travailler ensemble, qu’à structurer de façon durable la collaboration fructueuse qu’elles avaient établie »1485. C’est ainsi que l’Association de coordination des techniques agricoles (A.C.T.A.) voit le jour en 1955, François Le Nail étant, à mi-temps, le seul employé de cette nouvelle organisation. À ses débuts, l’A.C.T.A., au budget modeste, traite des problèmes “transversaux” intéressant toutes les associations fondatrices. Les premiers mois d’activité de l’A.C.T.A. sont ainsi consacrés essentiellement à la désinsectisation des sols et correspondent en particulier à des expérimentations de lutte contre les taupins1486.

Dès l’adoption de statuts strictement fédératifs, aboutissant à la création de la F.N.G.P.C. le 16 octobre 1957, des liens avec l’A.C.TA. apparaissent. Il ne peut en être autrement puisque le comité technique de la F.N.G.P.C. fonctionne avec des structures et des chercheurs dont l’affiliation à une fédération départementale ne constitue en rien une obligation. Les associations spécialisées sont donc présentes au sein du comité technique. « Leurs techniciens apportent leur concours à toutes les actions entreprises par la fédération, participent aux réunions mensuelles et aux journées d’études »1487. Par ailleurs, la double appartenance de François le Nail permet, suivant un terme souvent usité, une véritable “symbiose” entre les deux organisations. Ainsi, « la collaboration avec l’Association de coordination technique agricole qui groupe tout l’éventail des organisations professionnelles agricoles est d’autant plus totale que Monsieur Le Nail assure à la fois la direction de la Fédération nationale et celle du service “lutte antiparasitaire” de l’A.C.T.A. »1488.

En 1961, le Président de la F.N.G.P.C. explique en quelques mots le type de relations entretenues avec l’A.C.T.A. : « Qu’il me suffise de rappeler que la Fédération nationale est matériellement hébergée par l’A.C.T.A., que celle-ci gère ses crédits techniques et qu’elle admet la double appartenance de Monsieur Le Nail à la fois Chef du service “lutte antiparasitaire” et Secrétaire général de notre organisme. Son Président, Monsieur Biset, a présidé une des séances de nos récentes journées françaises d’études et d’information consacrées aux insecticides, comme il a accepté de présider plus récemment une réunion sur le Black-rot en Savoie et, le 21 octobre dernier, la journée régionale d’Annecy consacrée au désherbage à laquelle il m’avait été impossible de me rendre »1489.

Reprenant l’énumération des avantages techniques, financiers et administratifs retirés par la F.N.G.P.C. de sa collaboration avec l’A.C.T.A., Roland Beaulieu ajoute en 1966 que les rapports entretenus paraissent « organiques et fondamentaux »1490.

Les liens entre l’A.C.T.A. et la F.N.G.P.C. prennent un caractère particulier en ce qui concerne la mise en place d’un certain nombre de vulgarisateurs de haut niveau œuvrant dans quelques départements métropolitains.

Notes
1484.

COLLECTIF, Guide pratique de lutte contre les ennemis des cultures, Paris, Éditions S.E.D.A. (édité avec le concours du Fonds national de progrès agricole), 1956, 177 p.

1485.

François LE NAIL, Yves DEFAUCHEUX, L’industrie phytosanitaire (1918-1986), Soixante-huit ans d’organisation syndicale en France, 1987, Boulogne, U.I.P.P., 85 p.

1486.

Jean LHOSTE, Pierre GRISON, La phytopharmacie française, chronique historique, Paris, INRA, 1989, 280 p. [L’A.C.T.A. est considérée pp. 129-132. Les auteurs reproduisent un courrier de François Le Nail].

1487.

Archives de la F.N.G.P.C., Compte-rendu des A.G. extraordinaires et ordinaires du 10 décembre 1959 [Intervention de François Le Nail].

1488.

Archives de la F.N.G.P.C., Compte-rendu des A.G. extraordinaires et ordinaires du 10 décembre 1959.

1489.

Archives de la F.N.G.P.C., Compte-rendu de l’A.G. du 9 mars 1961 [Rapport moral de R. Beaulieu, Président de la F.N.G.P.C.].

1490.

Archives de la F.N.G.P.C., Compte-rendu de l’A.G. du 9 mars 1966 [Rapport moral de Roland Beaulieu]