2.Les ingénieurs F.N.G.P.C.

Dès 1957, la place prépondérante prise par les fédérations départementales au sein de l’association nationale permet une véritable action vulgarisatrice. Selon la formule couramment utilisée, il s’agit de diffuser « les meilleures méthodes de lutte » auprès des agriculteurs.

Afin de contrôler et d’encourager les actions de vulgarisation, la F.N.G.P.C., dès 1957, utilise les nouveaux textes liés au développement agricole. Le décret promulgué le 11 avril 1959, remplaçant un texte en date du 18 février 1957, fixe le statut de la vulgarisation agricole. Cette dernière se définit « comme la diffusion des connaissances techniques, économiques et sociales nécessaires aux agriculteurs » afin « d’élever leur niveau de vie » et « d’améliorer la productivité des exploitations »1491. Ce décret tente d’harmoniser les décisions financières et techniques à l’aide du contrôle des autorités compétentes. Ainsi, les comités départementaux, présidés par le Préfet et dont le secrétariat est assuré par l’ingénieur en chef des services agricoles, soumettent des propositions d’actions et de financements au Conseil national de la vulgarisation du progrès agricole (C.N.V.P.A.). Les organisations professionnelles sont associées à chaque niveau décisionnel. Le but des textes imposés par le législateur correspond à l’esprit des diverses initiatives prises par la Fédération nationale ou par la Ligue depuis 1931.

Nous retrouvons un vocabulaire identique à celui du législateur dans les déclarations des responsables de la Fédération nationale. Celle-ci perçoit « la défense des cultures comme un moyen parmi beaucoup d’autres d’obtenir des récoltes saines et marchandes, plus faciles à vendre et d’améliorer ainsi la rentabilité de l’exploitation et le niveau de vie de l’agriculteur »1492.

L’un des moyens proposés pour obtenir un accroissement quantitatif et qualitatif des productions consiste à mettre en place un réseau d’ingénieurs spécialisés en technique phytosanitaire1493. Pour les dirigeants de la F.N.G.P.C., « l’essentiel est de pourvoir peu à peu les différentes régions de France de techniciens spécialisés qui puissent renseigner les vulgarisateurs polyvalents de base et les responsables de groupements de défense, animer les réunions d’information et servir de relais entre la fédération nationale, les fédérations départementales et les agriculteurs »1494.

Mais, puisque les directives du C.N.P.V.A., attribuant les crédits de vulgarisation, ne permettent pas l’embauche « des conseillers phytosanitaires à l’échelle d’un seul département », « il a été souhaité une implantation de techniciens régionaux ». Or, l’expérience de la Fédération régionale Rhône-Alpes, calquée depuis fin 1960 sur l’aire géographique de la circonscription phytosanitaire du S.P.V., laisse rapidement apparaître l’impossibilité pour un unique conseiller de vulgariser les techniques de lutte pour huit départements1495. Afin d’exercer « une activité directe sur les responsables de groupement de défense ou de vulgarisation, leurs conseillers et leurs techniciens », des associations régionales comprenant deux départements limitrophes, soumis à des problèmes phytosanitaires comparables, apparaissent. Ce type de structure permet aux fédérations regroupées de disposer d’un ingénieur compétent. En mars 1963, quatre entités géographiques sont dotées d’un spécialiste. Il s’agit des départements associés suivants : Lozère/Aveyron, Aube/Marne, Orne/Calvados et Gers/Hautes-Pyrénées1496. Dans les deux années qui suivent, la Savoie et l’Isère, la Charente-maritime et la Vendée ainsi que l’Ain et le Rhône, possèdent également un ingénieur1497.

En 1969, deux nouveaux ingénieurs s’occupent d’une part de l’Aveyron et du Tarn, et d’autre part de la Dordogne et de la Gironde1498.

Les ingénieurs sont des vulgarisateurs dits du second degré : « Il n’est pas question pour eux de se substituer aux conseillers polyvalents en faisant de la vulgarisation auprès des agriculteurs. Leur travail essentiel consiste à fournir aux conseillers l’aide technique dont ils ont besoin dans un domaine spécialisé, en évolution permanente »1499. La complexité des problèmes à traiter, alliée aux changements permanents, incite la F.N.G.P.C. à organiser une formation continue trimestrielle, probablement dès les premiers recrutements, sous forme de réunions parisiennes. Une fois par an, cette session prend la forme d’un voyage d’étude provincial qui permet « de fructueux échanges techniques avec les chercheurs, agriculteurs et vulgarisateurs concernés »1500.

Si ce sont les fédérations départementales qui expriment à l’organisation nationale le désir d’attribution d’un conseiller, il faut parfois, comme pour l’Aube, plusieurs années pour qu’un tel vœu soit exaucé. Le problème principal auquel se heurte le recrutement réside dans le coût pour la F.N.G.P.C. d’un tel engagement. Les problèmes financiers, une fois encore, limitent la réalisation d’objectifs à long terme. En 1965, les crédits mis à disposition de la fédération nationale pour l’œuvre de vulgarisation ne permettent d’ailleurs plus, bien que les ingénieurs soient « l’âme et la raison d’être de la Fédération nationale»1501, d’embauche supplémentaire à court terme1502 .

Si les fonds nationaux successifs destinés à la vulgarisation, puis au développement agricole, permettent de financer quelques conseillers régionaux, l’A.C.T.A. contribue également à la constitution du réseau d’ingénieurs. Ainsi, ces derniers reçoivent une formation phytosanitaire de base dispensée par l’A.C.T.A.. Cet organisme avance également les salaires lorsqu’un décalage survient entre la période d’attribution théorique et l’époque réelle des subventions accordées1503.

Notes
1491.

« Décret n°59-531 du 11 avril 1959 portant statut de la vulgarisation agricole », dans Journal officiel de la République française, Lois & décrets, 13 & 14 avril 1959, p. 4145

1492.

Archives de la F.N.G.P.C., Compte-rendu de l’A.G. du 12 mars 1964.

1493.

Nous devons noter que la dénomination d’ingénieur, usitée habituellement, ne semble pas correspondre en permanence au véritable diplôme. Cependant, il traduit toujours une spécialisation de haut niveau.

1494.

Archives de la F.N.G.P.C., Compte-rendu de l’A.G. du 9 mars 1961.

1495.

Pierre PELISSIER, « Où en sont les fédérations départementales en matière de vulgarisation ? », dans La défense des végétaux, n°97, janvier-février 1963, pp. 8-10

1496.

Archives de la F.N.G.P.C., Roland BEAULIEU, « Compte-rendu de l’A.G. du 7 mars 1963, Rapport moral » [exercice 1962].

1497.

Archives de la F.N.G.P.C., Roland BEAULIEU, « Compte-rendu de l’A.G. du 11 mars 1965, Rapport moral » [exercice 1964].

1498.

Archives de la F.N.G.P.C., Compte-rendu de l’A.G. du 11 mars 1970 [Rapport moral du Président Beaulieu].

1499.

Archives de la F.N.G.P.C., Compte-rendu de l’A.G. du 15 novembre 1967.

1500.

Archives de la F.N.G.P.C., Compte-rendu de l’A.G. du 15 novembre 1967.

1501.

Archives de la F.N.G.P.C., Roland BEAULIEU, « Compte-rendu de l’A.G. du 12 mars 1964, Rapport moral » [exercice 1963].

1502.

Archives de la F.N.G.P.C., Roland BEAULIEU, « Compte-rendu de l’A.G. du 11 mars 1965, Rapport moral » [exercice 1964].

1503.

Archives de la F.N.G.P.C., Compte-rendu de l’A.G. du 7 mars 1963. [ Rapport moral de R. Beaulieu, Président de la F.N.G.P.C.]