B.Groupements et cultivateurs

1.La situation en 1951

Différentes enquêtes statistiques, concernant l’action des unités collectives de lutte contre les ennemis des cultures, sont effectuées nationalement à partir de 1945. L’une d’entre elles, réalisée en 1951, possède l’avantage d’être à la fois plus synthétique et plus homogène quant aux types de réponses fournies. Par ailleurs, la situation, au début des années 1950, traduit l’état de la protection des cultures au cours d’une période succédant à des restrictions tout en étant marquée par l’adoption de nouveaux produits de lutte. De plus, nous pouvons également apprécier, au travers de l’activité des structures de luttes collectives, l’impact technique de l’ordonnance de 1945.

Une circulaire en date du 29 octobre 1951, rédigée par P. Dumas, chef du S.P.V., demande à tous les inspecteurs de la protection des végétaux de fournir au service central une documentation précise sur les fédérations départementales et leurs groupements. Cette enquête se compose d’une évaluation statistique et d’un commentaire. Dans la première partie sont consignés l’appréciation budgétaire, la possession ou l’absence de matériel de la fédération et des groupements ainsi que les effectifs individuels des groupements et le nombre de ces derniers adhérents à la fédération départementale. Le commentaire, quant à lui, concerne, outre un rapide historique de la fédération locale, les difficultés rencontrées par les groupements, l’entretien du matériel ou encore le coût et les avantages des traitements. Eu égard à l’étendue des circonscriptions phytosanitaires, les réponses, dont le nom des expéditeurs n’est pas toujours conservé, proviennent des inspecteurs du S.P.V., des directeurs des D.S.A. et parfois directement des fédérations départementales. Les éléments fournis par les diverses personnes compétentes demeurent très incomplets. Il semble que les services centraux considèrent, dès l’envoi de la circulaire, qu’il ne peut en être autrement. Ne pouvant obtenir de réponse pour le département de la Manche, P. Dumas, chef du S.P.V., s’adresse directement à la D.S.A. de ce département en juin 1952. Dans ce courrier, il commente ce qu’il attend des inspecteurs du S.P.V. de la manière suivante : « N’ignorant pas les difficultés qu’ils pourraient rencontrer pour répondre, sur certains de ces points, d’une façon complète, je leur demandais de réunir toutefois un minimum de renseignements et d’informations dans le cadre précis des questions posées »1620.

Des données statistiques nous pouvons extraire deux types d’informations que nous commenterons par la suite grâce aux explications rédigées et aux renseignements expédiés au Ministère antérieurement et postérieurement à cette enquête. Les éléments fournis permettent d’apprécier les effectifs des groupements dans de nombreux départements. Mais, le nombre de communes soumises, dans chacune de ces entités administratives à l’action de ces groupements, ne peut être estimé puisque coexistent des groupements communaux et intercommunaux. Nous pouvons cependant percevoir l’impact potentiel des structures locales en fonction du nombre d’adhérents par département. En 1951, l’évaluation quantitative des adhérents des groupements affiliés à une fédération permet d’apprécier avec certitude les effectifs pour 51 départements métropolitains. Sur cet ensemble, dix de ces entités fonctionnent avec plus de 5 000 personnes. Nous avons résumé les données extraites de l’enquête de 1951 dans le tableau présenté ci-après. Sous le terme “inconnu”, nous considérons les résultats d’enquête ne donnant aucune allusion chiffrée. La notion d’absence complète des groupements, constatée par les services agricoles de tutelle, est traduite par le mot “néant”. La dénomination “inchiffrable” reprend l’opinion émise par les rédacteurs de l’enquête. Ces différentes nuances permettent de cerner les aspects de la méconnaissance des groupements par le S.P.V.

Tableau n° 33. Nombre de groupements et d’adhérents à ces organismes (statistique de 1951 portant sur 1950 ou 1951)
Départements Nombre de groupements Nombre d'adhérents Départements Nombre de groupements Nombre d'adhérents
Ain 30          
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
             
    6000   Territoire de Belfort 20 Inchiffrable

Les commentaires de l’enquête de 1951 insistent essentiellement sur les difficultés d’organisation des groupements de défense des cultures. Dès lors, les explications les plus complètes et les plus approfondies traduisent la situation des départements marqués par une faible activité.

Notes
1620.

A.N.-F., 17 SPV-11, Lettre de P. Dumas en date du 19 juin 1952, adressée au Directeur des services agricoles de la Manche