C. Aperçu de l’activité des fédérations et de leurs groupements

1. Aspects de la vulgarisation

L’incitation aux traitements, pratiquée par le biais de démonstrations, semble pratiquée par les fédérations dans de nombreux départements. Cependant, ce type d’activité apparaît souvent difficile à appréhender. Certaines fédérations, comme en Charente-maritime1643, utilisent leur matériel dans l’unique but de réaliser des traitements démonstratifs au cours de séances particulières s’adressant aux cultivateurs. Ces traitements sont souvent réalisés à faible échelle (Haute-Loire par exemple1644) et entrent parfois dans le cadre « des vergers scolaires de références et d’expérimentations » (Landes1645). Au début de la décennie 1950-1960, il semble que ces démonstrations concernent essentiellement les traitements contre les parasites des arbres fruitiers ou le désherbage des céréales. Parfois, les groupements agissent en propre et réalisent des formations appréciées par les services ministériels. Ainsi, dans la Loire, « les groupements de Montbrison, Charlieu, Chavanay et Saint-Romain-en-Jarez, à caractère nettement arboricole, ont porté leurs efforts au cours de ces dernières années sur la vulgarisation des méthodes de lutte contre les ennemis des arbres fruitiers en organisant des causeries, démonstrations de traitements et en devenant le siège d’écoles saisonnières d’arboriculture »1646.

Le désherbage des céréales et les traitements des arbres fruitiers constituent à cette époque, deux grand axes de la protection des cultures. Il est logique que les groupements et leurs fédérations œuvrent particulièrement dans ces deux domaines. Mais, en fonction des cultures locales, des essais réalisés par les fédérations tentent d’améliorer les pratiques phytosanitaires déjà acquises. En Saône-et-Loire, outre l’intérêt porté aux céréales et aux fruitiers, l’usage des poudreuses de la fédération permet d’appliquer de nouvelles formulations à base de cuivre pour lutter contre le mildiou de la vigne. En réalité, il s’agit de démontrer l’efficacité des produits, souvent moins titrés en matière active, en fonction des recommandations des avertissements agricoles1647. La diffusion des avertissements agricoles, en principe opérée par l’intermédiaire des groupements (d’après les précisions de l’ordonnance de 1945), permet à certaines fédérations de maintenir une intense activité de vulgarisation. Dans le Lot, la distribution des avertissements agricoles par les groupements engendre une lutte efficace contre certains ravageurs (corvidés par exemple). Dans ce département, la fédération fonctionne grâce aux groupements institués en relais de diffusion. Ces derniers ne possèdent par ailleurs aucune activité en raison de l’absence de fléaux permanents1648.

Malgré les exemples que nous venons brièvement de citer, le rôle vulgarisateur des fédérations ou des groupements ne se cantonne pas toujours à des activités propres ou liées au S.P.V. Ainsi, en Seine-et-Marne, dès 1949, les 534 communes sont recouvertes par un réseau de groupements intercommunaux et communaux liés aux syndicats cantonaux. Grâce à la propagande, réalisée par les associations professionnelles, sous l’impulsion de la fédération départementale, les agriculteurs traitent largement les céréales mais aussi les oléagineux, les betteraves et les pommes de terre1649.

La vulgarisation des nouvelles méthodes de luttes, bien qu’elles soient considérées comme une nécessité, résulte souvent du manque de moyens financiers. Les crédits dont disposent les fédérations ne permettent que très rarement d’opérer des traitements phytosanitaires sur des surfaces conséquentes. En 1951, le compte-rendu fourni au Ministère sur les activités des groupements de l’Allier affirme : « la situation financière de la fédération est saine, mais les ressources sont très modestes et ne permettent pas d’entreprendre des opérations de grande envergure ». Le rôle de cet organisme « est donc essentiellement éducatif ». De nombreuses démonstrations sont effectuées chaque année, en particulier pour inciter les cultivateurs à désherber les céréales, à détruire les campagnols, à lutter contre les insectes des arbres fruitiers ou à désinfecter les sols. Structure technique possédant plusieurs appareils de traitements (pulvérisateurs à pression préalable, poudreuse à main, pal-injecteur), la fédération de l’Allier encadre les groupements affiliés, qui, eux, assurent de nombreux traitements. Certains groupements adhèrent à des CUMA afin de mieux coordonner l’action antiparasitaire des deux organisations. Pour l’ensemble du département, les épandages principaux concernent 6 000 hectares de pommes de terre (traités contre le mildiou et les doryphores), 1000 hectares de céréales (opérations de désherbage), 1500 hectares de betteraves (contre les altises) et 150 hectares de colza (destruction des méligèthes)1650.

Notes
1643.

A.N.-F., 17 SPV-9, Documentation statistique concernant la Fédération départementale des groupements de défense contre les ennemis des cultures de la Charente-maritime pour l’année 1951

1644.

A.N.-F., 17 SPV-10, Documentation statistique concernant la Fédération départementale des groupements de défense contre les ennemis des cultures de la Haute-Loire pour l’année 1951

1645.

A.N.-F., 17 SPV-10, Documentation statistique concernant la Fédération départementale des groupements de défense contre les ennemis des cultures des Landes pour l’année 1951

1646.

A.N.-F., 17 SPV-10, Documentation statistique concernant la Fédération départementale des groupements de défense contre les ennemis des cultures de la Loire pour l’année 1951

1647.

A.N.-F., 17 SPV-13, Documentation statistique concernant la Fédération départementale des groupements de défense contre les ennemis des cultures de la Saône-et-Loire pour l’année 1951

1648.

A.N.-F., 17 SPV-11, Documentation statistique concernant la Fédération départementale des groupements de défense contre les ennemis des cultures du Lot pour l’année 1951

1649.

A.N.-F., 17 SPV-13, Documentation statistique concernant la Fédération départementale des groupements de défense contre les ennemis des cultures de Seine-et-Marne pour l’année 1951

1650.

A.N.-F., 17 SPV-8, Documentation statistique concernant la Fédération départementale des groupements de défense contre les ennemis des cultures de l’Allier pour l’année 1951