2. Le modèle exporté : Aude et Pyrénées-orientales

La notoriété de Joseph Capus et les résultats obtenus entraînent la création d’autres stations dans des secteurs plus méditerranéens. Le 18 décembre 1910, ayant assisté à une conférence de Capus, les responsables de la Confédération générale des vignerons de l’Aude ainsi que leurs homologues des Pyrénées-orientales, réunis à Carcassonne, décident la création d’une organisation semblable à celle de Cadillac. Quatre centres avertisseurs sont alors mis en place : Carcassonne, Narbonne, Lézignan et Perpignan1744. Cet ensemble fonctionne réellement dès mars 1911.

Les trois premières stations sont créées grâce aux concours des propriétaires qui financent l’organisation à raison de 0,10 francs par hectare de vigne. Les viticulteurs de l’Aude déplorent en 1910 un manque de récolte presque total dû aux maladies cryptogamiques. L’intérêt suscité par les avertissements est donc en rapport direct avec la nécessité d’obtenir des cultures saines. En revanche, les vignerons de la région de Perpignan ne connaissent pas de catastrophe généralisée et profitent de l’augmentation des cours pour combler les déficits des années antérieures.

Ainsi, la station de Perpignan fonctionne avec l’aide des mairies qui souhaitent prévoir les attaques du mildiou et mais aussi de certains insectes comme les cochylis. La participation des communes est alors fixée à 40 francs. L’abonnement des propriétaires correspond, dans un second temps, à la somme de 10 francs. Le nombre d’abonnés et les subventions versées par la Société agricole, la confédération générale des vignerons et le Syndicat agricole des Pyrénées-orientales suffisent au fonctionnement de ce service. Ce dernier est placé sous l’autorité de O. Mengel, directeur de l’observatoire météorologique. Les éléments atmosphériques sont primordiaux et le réseau des stations locales est complété par des communications régulières avec le bureau central météorologique de Paris et les observatoires de Nice, Besançon et Alger. Par ailleurs, des échanges météorologiques et des conseils de traitements sont réalisés entre la station d’avertissement de Cadillac et celle de Perpignan.

Les responsables de l’observatoire de Perpignan se félicite rapidement des résultats acquis et du travail collectif réalisé par les divers centres avertisseurs. Ainsi, « la station de Perpignan, de même que celle de Narbonne, Carcassonne, Montpellier, Cadillac, ne se borne pas à donner les prévisions météorologiques ; elle s’applique à traduire ces prévisions à l’usage des viticulteurs en vue de la lutte contre les maladies cryptogamiques et les insectes »1745.

La notion d’abonnement reste floue car les avertissements de la station de Perpignan sont diffusés par voie de presse ou, en cas d’urgence, par télégramme1746. Dans le premier cas, tous les agriculteurs, qu’ils aient ou non financé la mise en place puis le fonctionnement de la station, profitent des services rendus. Eu égard aux supports matériels utilisés, les messages sont très simples. Ainsi, le 18 avril 1912, l’observatoire de Perpignan annonce, par voie de presse, un avis concernant le mildiou : “ Les temps humides et pluvieux qui se préparent nous engagent à conseiller aux viticulteurs un sulfatage préventif »1747.

Notes
1744.

O. MENGEL, « Organisation et fonctionnement d’un service d’avertissements météorologiques agricoles dans les Pyrénées-Orientales et l’Aude », dans Bulletin de la Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-orientales, tome 52, 1911, pp. 485-507

1745.

O. MENGEL, « Organisation et fonctionnement d’un service d’avertissements météorologiques agricoles dans les Pyrénées-Orientales et l’Aude », dans Bulletin de la Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-orientales, tome 52, 1911, pp. 485-507

1746.

O. MENGEL, « Météorologie agricole régionale », dans Bulletin de la Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-orientales, tome 53, 1912, pp. 663-680

1747.

O. MENGEL, « Avertissements météorologiques agricoles donnés par l’observatoire de Perpignan au cours de 1912-Leur opportunité suivant les conditions de milieu », dans 41 e session de l’Association française pour l’avancement des sciences, 1912, pp. 282-285