C.La station de Montpellier

À Montpellier, la station est créée pour faire face aux problèmes engendrés directement par les aléas climatiques. M. Houdaille, professeur de physique et de météorologie à l’Ecole nationale d’agriculture (E.N.A.), organise, à la demande de la Société centrale d’agriculture de l’Hérault un service d’informations météorologiques et agricoles. Il s’agit alors d’éviter les catastrophes climatiques, comme les gelées, responsables le 26 mars 1898 d’une diminution de production départementale équivalente à, environ, trois millions d’hectolitres de vin1748. Louis Ravaz, alors directeur de la station de recherche viticole, fonde rapidement des prévisions phytosanitaires sur le développement biologique des parasites. Le mildiou de la vigne semble être la préoccupation première de la station de Montpellier. Ainsi, l’analyse de l’évolution des organes disséminateurs du cryptogame est réalisée grâce à des études de plein champ et de laboratoire1749.

Dès avril 1898, la station de Montpellier fonctionne avec les données météorologiques de l’observatoire de Paris et de celui du Mont Aigoual. L’ensemble, après confrontation avec les éléments recueillis par la station météorologique de l’E.N.A., est ensuite diffusé, quotidiennement, auprès de la Société d’agriculture de l’Hérault. Ainsi, chaque jour, avant onze heure du matin, les informations sont affichées dans la rue, devant le siège de la Société centrale d’agriculture à Montpellier. Outre les prévisions et constatations climatiques, des indications concernent également les conditions favorables à l’apparition des maladies de la vigne. Cependant, afin de toucher les viticulteurs, un bulletin est transmis par téléphone au comice agricole de Béziers. Ainsi, le détail des prévisions « pourra être transmis aux sociétés, syndicats ou communes qui en feraient la demande aussi bien qu’aux journaux de la localité désireux de l’annexer à leurs informations météorologiques »1750. En 1924, le directeur de la station de physique et d’avertissements agricoles de Montpellier affirme que, dès 1899, les abonnés reçoivent tous les jours des télégrammes précisant d’une part le temps prévu le lendemain et, d’autre part, les actions à prendre contre les parasites1751.

Les observations biologiques et météorologiques permettent de repérer l’invasion primaire environ cinq jours avant l’infestation réelle. Pour Louis Ravaz, « c’est aux stations d’avertissement ou aux propriétaires éclairés » à fournir les dates de traitements grâce aux indications découlant des observations de terrain1752.

Les propriétaires éclairés se manifestent, à la fin de la grande guerre, par l’intermédiaire d’organisations de défense des intérêts professionnels. En 1918, la Confédération générale des vignerons (C.G.V.) finance directement l’installation des postes météorologiques secondaires du département de l’Hérault. Ces derniers se trouvent répartis dans 32 communes chez des observateurs choisis par la Confédération Les résultats sont ensuite transmis, après chaque pluie (quantité d’eau tombée, température pendant les précipitations, durée et heure des chutes) à la station d’avertissement sous forme de cartes postales spécialement imprimées pour cette opération. Ces constatations complètent les relevés hebdomadaires expédiés chaque lundi au centre avertisseur. « À l’aide des données fournies par les postes, complétées par les observations de Bel-Air et de la station de recherches viticoles, le Directeur est en mesure de prévoir l’allure des maladies de la vigne et de donner des instructions appropriées aux populations intéressées »1753.

Notes
1748.

FERROUILLAT, « La station d’avertissements agricoles de l’école nationale d’agriculture de Montpellier », dans Compte-rendu des séances de l’Académie d’agriculture de France, séance du 26 novembre, 1919, pp. 919-925

1749.

L. RAVAZ, C. VERGE, « Recherches sur le mildiou de la vigne », dans Annales du service des épiphyties, mémoires et rapports présentés au comité des épiphyties en 1913, tome 2, 1915, pp. 164-187

1750.

J. LEENHARD POMIER, « Avertissements météorologiques agricoles », dans Journal d’agriculture pratique, tome 1, 1898, pp. 689-690

1751.

L. CHAPTAL, « La diffusion des avertissements agricoles dans le midi de la France », dans 48 e session de l’Association française pour l’avancement des sciences, 1924, pp. 1038-1040

1752.

L. RAVAZ, C. VERGE, « Recherches sur le mildiou de la vigne », dans Annales du service des épiphyties, mémoires et rapports présentés au comité des épiphyties en 1913, tome 2, 1915, pp. 164-187

1753.

L. RAVAZ, C. GESE « Rapport sur le fonctionnement de la station d’avertissement agricole de Montpellier en 1918 », Imprimerie nationale, 1919, 34 p. [citation p. 22], tiré à part extrait des Annales du ministère de l’Agriculture, Direction générale des eaux et forêts, service de la météorologie agricole, n°49, 1919, pp. 441-475