2. Évaluation de l’influence des stations

Une indication de l’impact de ces stations est fournie par le nombre d’abonnements aux avertissements. Une augmentation des abonnés semble se produire dès le milieu des années 1920, en prenant un essor particulier durant la décennie précédant la Seconde guerre mondiale. Ainsi, la station girondine possède un fichier d’inscrits, pour l’expédition de ses avertissements, de 331 personnes en 1922¹⁷⁷⁹. Ce nombre est de 978 en 1935, de 1056 en 1936 et de 1183 en 1937¹⁷⁸⁰. Cependant, l’accroissement des abonnés ne correspond pas à une hausse progressive. Ainsi, suite à la diffusion d’un article du chroniqueur agricole du journal La petite Gironde, l’augmentation des abonnés entre 1927 et 1928 est de près de 1 000 et atteint 1 367 pour culminer à 1 425 en 1931¹⁷⁸¹. Une diminution des abonnés particuliers se produit alors et coïncide avec la mise en place des syndicats locaux, spécifiques à la défense des végétaux ou intégrant la lutte contre les ennemis des cultures, qui regroupent les cultivateurs. Les abonnements collectifs augmentent alors de manière régulière. Leur nombre, incluant communes et syndicats, est de 217 en 1935¹⁷⁸² et de 245 l’année suivante¹⁷⁸³. Par ailleurs, la faiblesse des impayés indique que les cultivateurs trouvent un intérêt pratique réel aux avertissements. Les agriculteurs ne sont d’ailleurs pas ceux qui payent les abonnements avec le plus de retard. Ainsi, en 1936, les 11 abonnements impayés à la fin de l’exercice annuel correspondent à 9 communes et 2 particuliers. En 1937, seules des mairies sont responsables des 13 abonnements non encaissés en fin d’année¹⁷⁸⁴.

Chaque station, dont le rayonnement est régional, possède un nombre d’abonnés restreint. Cependant, les nouvelles stations créées se développent avec une certaine rapidité. Ainsi, Clermont-ferrand diffuse 235 avertissements en 1931¹⁷⁸⁵, 700 en 1933¹⁷⁸⁶ et 2 207 en 1937. Il convient de remarquer que la zone géographique d’influence de la station de Clermont-Ferrand n’est pas identique entre 1930 et 1938. En effet, confinée au Puy-de-Dôme à l’origine (1929), la station étend son influence à l’Allier et à la Nièvre en 1931, au Cher et au Loiret en 1932, au Lot en 1933, à la Loire en 1935 et à la Haute-Loire en 1937.

Par le fait même que des collectivités reçoivent les bulletins d’informations, le nombre d’agriculteurs profitant des avertissements agricoles demeure difficile à cerner. Ainsi, la station de Colmar expédie des avis aux mairies des communes viticoles mais également à 66 syndicats. De plus, la presse quotidienne et les émissions de T.S.F. relaient les informations émanant de certaines stations (Colmar ou Bordeaux)¹⁷⁸⁷. Certains espèrent généraliser l’emploi de la T.S.F. et considèrent que « les postes régionaux de radiodiffusion peuvent devenir des stations d’avertissements »¹⁷⁸⁸.