2.Les abonnés

2.1. Les abonnés indirects

En dehors des diffusions par les médias, un autre phénomène entrave la connaissance exacte de l’impact quantitatif national des avertissements agricoles. En effet, de nombreux abonnés reçoivent les avis de traitements de manière indirecte. Au travers de quelques exemples, nous nous devons cependant de cerner l’importance du rôle de ce type de répartition des informations phytosanitaires.

Dès la prise en main des avertissements agricoles par le S.P.V. apparaît une grande diversité d’organisations agricoles, publiques ou privées, abonnées aux parutions des bulletins des stations. Dans certains cas, les directions des services agricoles (D.S.A.) rattachées aux préfectures, servent de relais et possèdent des fichiers indépendants de ceux du S.P.V. Durant l’Occupation, nous pouvons citer en exemple les D.S.A. du Lot (610 abonnés en 1943), du Tarn-et-Garonne (712 abonnés en 1943) et du Lot-et-Garonne (453 abonnés en 1943)1914. En fait, ces organismes supplantent alors les services spécialisés en protection des végétaux en diffusant les avis de Montpellier puis ceux de la station toulousaine après sa création en 1944. Les seuls fichiers départementaux d’abonnés sont réalisés et détenus par ces D.S.A. D’un point de vue technique, ce système n’est pas particulièrement performant. Ainsi, en 1944, l’inspecteur et le contrôleur du S.P.V. de Toulouse notent que les avis, expédiés par les D.S.A. du Tarn-et-Garonne et du Lot, « arrivent aux cultivateurs avec un retard de 24 à 48 heures » par rapport à ceux communiqués par la station centrale1915. Dans certains cas, un tel décalage peut être particulièrement dommageable aux cultures. Ce type de transmission des avertissements agricoles, né des difficultés engendrées par l’invasion allemande, ne semblent pas demeurer longtemps après la Libération. Mais, des relais d’une autre nature apparaissent dans de nombreuses circonscriptions.

Ainsi, la station de Montpellier possède un fichier de 1752 abonnés en 1958. Cependant, près de 2500 personnes reçoivent individuellement les avis de traitements. La différence provient d’une diffusion en cascade. En effet, la coopérative de Saint-Mamet expédie 400 bulletins à ses adhérents et le syndicat des producteurs de plants de pommes de terre adresse les avis de traitements à ses 205 syndiqués. Par ailleurs, la chambre d’agriculture de l’Aveyron sollicite le concours de 90 mairies pour afficher les avertissements agricoles1916. Dans certains cas, existe une différence, entre le nombre d’avis émis par le SPV et les cultivateurs qui les reçoivent, bien plus considérable.

La station d’Arras constitue un excellent exemple permettant d’apprécier ce phénomène. Cette dernière possède en 1962, 813 abonnés payants. Or, « les avis de traitements les plus importants sont souvent retransmis aux agriculteurs par l’intermédiaire d’organismes professionnels, voire de sociétés privées, de sorte qu’en 1962, plus de 5 000 agriculteurs bénéficient directement des avis de traitement »1917. Le S.P.V. diffuse seulement ses avertissements agricoles à 16 % des cultivateurs intéressés dans cette circonscription !

Notes
1914.

AN.-F., 5 SPV 89, J. LENFANT, Rapport sur le fonctionnement des avertissements agricoles en 1943, 4 p.

1915.

AN.-F., 5 SPV 89, J. LENFANT, R. GAIRAUD,  Station d’Avertissements agricoles de Toulouse : Création, organisation et fonctionnement en 1944 , 17 p.

1916.

AN.-F., 5 SPV 109, Rapport d’activité de la station d’avertissement agricole du Languedoc- Roussillon pour l’année 1958.

1917.

AN.-F, 5 SPV 110, Rapport sur l’activité de la station d’Arras en 1962.