Première partie. Présentation générale : la collection, l’auteur, les épîtres

Chapitre 1. La collection et la transmission des Épîtres depuis le VIe siècle

Ennodius uatis lucis rediturus in ortu (…)36

Depuis l’édition princeps de J. J. Grynaeus publiée à Bâle en 156937, les éditeurs successifs d’Ennode ont complété l’histoire de sa transmission et décrit les principaux témoins utilisés pour l’établissement du texte38. L’introduction à la nouvelle édition du Panégyrique de Théodoric proposée par C. Rohr est la plus complète parce qu’elle tient compte de deux nouveaux manuscrits du XIIe et du XIIIe siècle recensés après l’édition de F. Vogel publiée dans les Monumenta Germaniae Historica en 1885 et considérée à juste titre comme l’édition de référence. Nous n’entendons pas répéter ici les recherches conduites par nos prédécesseurs mais étudier les éléments nouveaux (concernant en particulier la collection, la réception et les témoins partiels jusqu’ici inconnus) susceptibles d’éclairer la compréhension des épîtres. Nous analyserons ainsi la constitution de la collection ennodienne et les étapes de la transmission de la correspondance depuis le VIe siècle.

Notes
36.

Épitaphe d’Ennode, CIL, V. 2, 6464, vers 1 : « Le poète Ennode, sur le point de retourner où naît la lumière (…) ». C. Merkel, « L’epitafio di Ennodio e la basilica di S. Michele in Pavia », Reale Accademia dei Lincei, Classe di Scienze Morali, Memorie 3, ser. 5, 1896, p. 409-429 ; J.-Ch. Picard, Le souvenir des évêques, 1988, p. 208 : « L’épitaphe d’Ennode de Pavie, la seule épitaphe d’évêque de Pavie dont on ait conservé l’original, se trouve à l’heure actuelle à San Michele Maggiore, la basilique du sacre des rois d’Italie, située à l’intérieur de la ville. Mais Opicinus de Canistris nous apprend que c’est le résultat d’une translation, dont il ne donne malheureusement pas la date, alors que les autres translations de corps d’évêques de Pavie sont datées. Le fait qu’on ait transporté aussi son épitaphe est également exceptionnel. (…) Ennode aurait été d’abord inhumé dans une église qu’il aurait construite en l’honneur du martyr milanais S. Victor » ; Le texte de cette épitaphe du VIe s. pourrait avoir été écrit par Ennode lui-même (voir M. Heinzelmann, Bischofsherrschaft in Gallien, 1976, p. 64, note 14 : « Vf. legt nahe, daß Ennodius sein Epitaph in der Sorge um einem posthumen literarischen Nachruhm selbst verfaßt habe. In der Tat läßt sich feststellen, daß die Grabschrift mit denen der anderen italischen Bischöfen nur wenig Gemeinsamkeiten besitz und vielmehr zu den gallischen Epitaphien gehört » ; « On peut supposer qu’Ennode aurait lui-même composé son épitaphe par souci de sa renommée littéraire posthume. En effet, on peut remarquer que l’inscription funéraire ne possède que peu de traits communs avec celles des autres évêques italiens et appartient davantage aux épitaphes gauloises »).

37.

Magni Felicis Ennodii Opera, éd. Joh. J. Grynaeus, 1569, p. 393-402.

38.

Voir Hartel, p. XXI sq. ; F. Vogel, p. XXIX-XLVIII « De codicibus Ennodi » ; Der Theoderich-Panegyricus des Ennodius, éd. C. Rohr, MGH Studien und Texte, 12, 1995, p. 64-178. Les quatre-vingt-dix-sept manuscrits complets et partiels d’Ennode ont été recensés par C. Fini en 2000. Cette dernière publication, qui ne tient naturellement pas compte des florilèges signalés depuis cette date, n’est pas exempte d’erreurs mais propose pour chaque manuscrit une bibliographie à laquelle nous renverrons.