2. Les éditions complètes et partielles d’Ennode

a) Les phases d’intérêt pour les épîtres depuis 1569

L’édition princeps de l’œuvre d’Ennode, qui est de piètre qualité, a été donnée par le calviniste J. J. Grynaeus et publiée à Bâle, en 1569. Au début du XVIIe siècle se produisit un événement étonnant : la même année, en 1611, deux jésuites, A. Schott173 et J. Sirmond publièrent deux éditions différentes des œuvres d’Ennode174 ! Ce fait mériterait une attention particulière mais, à l’évidence, il ne s’explique pas par une controverse philologique puisque, comme l’a montré Vogel, Sirmond utilise, sans jamais l’évoquer, le travail de Schott qui lui est légèrement antérieur175. L’édition de J. Sirmond, considérée comme la plus complète, fut insérée dans la Bibliotheca Patrum de Galland, en 1781, et dans la Patrologie de Migne en 1847. À la fin du XIXe s., deux nouvelles éditions, allemandes cette fois, apportèrent des améliorations sensibles, celle de G. Hartel en 1882, dans le CSEL, et celle de F. Vogel, trois ans plus tard, dans les MGH, considérée depuis comme l’édition de référence.

Aucun nouvel établissement du texte complet d’Ennode n’a été réalisé depuis 1885 mais de nouvelles éditions partielles ont été entreprises176. Elles aboutiront finalement – de manière non concertée – à une nouvelle édition complète. Parallèlement à ces travaux ont été publiées des traductions partielles177 (essentiellement des opuscula) qui ont mis en évidence l’intérêt de ces textes pour l’histoire, la littérature et l’hagiographie du VIe siècle178. Dans ce contexte, une nouvelle édition des épîtres est-elle justifiée aujourd’hui ?

Notes
173.

J. Fabri, « Un ami de Juste Lipse : l’humaniste André Schott (1552-1629) », Les Etudes Classiques, 1953, 21, p. 188-208 ; J. de Landtsheer, « Iusti Lipsi Epistolica Institutio ou l’art d’écrire des lettres », Epistulae Antiquae II, 2002, p. 407-423.

174.

Edition de A. Schott, Tournai, 1611 ; édition de J. Sirmond, Paris, 1611. Voir S. A. H. Kennell, « Ennodius and his Editors », Classica et Mediaevalia, 51, 2000, p- 251-270.

175.

F. Vogel, p. LI.

176.

C. Rohr a déjà publié celle du Panégyrique de Théodoric (op. cit., 1995).

177.

M. Cesa, Vita del beatissimo Epifanio, Como, Edizioni New Press, 1988 ; G. M. Cook, The Life of Saint Epiphanius by Ennodius, 1942 (Studies in Medieval and Renaissance Latin Language and Literature 14) ; C. Rohr, Der Theoderich-Panegyricus des Ennodius, 1995 (MGH, Studien und Texte, 12) ; S. Rota, Panegirico del clementissimo re Teoderic, Herder, 2002 (Biblioteca di Cultura Romanobarbarica, 6 : la traduction italienne se fonde sur le texte établi par C. Rohr).

178.

L. Navarra, « Contributo storico di Ennodio », Augustinianum, 14, 1974, p. 315-342 ; C. Sotinel, « Les ambitions d’historien d’Ennode de Pavie : la Vita Epiphanii », SEA 50, 1995, p. 585-605 ; B. Marotta-Mannino, « Spunti narrativi biblici nelle Vitae di Ennodio », SEA 50, 1995, p. 607-624 ; E. Hermann-Otto, « Der spätantike Bischof zwischen Politik und Kirche : das exemplarische Wirken des Epiphanius von Pavie », Römische Quartalschrift, 90, 1995, p. 198-214 ; D. Russo, « La Vita Antoni di Magno Felice Ennodio », Asprenas, 43, 1996, p. 537-546.