3. Des activités multiples

Ses cinquante-quatre premières épîtres entretiennent l’image d’un homme très occupé : « Voilà ! », écrit-il à Florianus, « autant que j’ai pu me soustraire à mes occupations, je me suis hâté de t’écrire. Dieu t’accordera, si tu désires des réponses, de trouver libre de soucis le cœur d’un homme tourmenté²²⁶ » ; « (…) je te prie, si, en observateur vif, tu pénètres les désirs que j’ai conçus par amour du silence, de pardonner du moins aux obligations qui nous accablent²²⁷ ».

Si un emploi du temps trop chargé peut apparaître comme une excuse pour mettre un terme à une relation épistolaire devenue ennuyeuse (c’est le cas de celle de Florianus qui ne recevra plus aucune lettre d’Ennode), la multiplication de ces formules se justifie aussi par les nombreuses activités d’Ennode. Il apparaît tantôt comme un professeur de rhétorique (dans des lettres dispensant des conseils stylistiques²²⁸), tantôt comme un maître de morale²²⁹, tantôt comme un clerc réglant des problèmes de juridiction ecclésiastique²³⁰ ou de théologie²³¹, tantôt comme un diplomate²³², un secrétaire²³³, ou encore un avocat²³⁴. Ces occupations a priori fort diverses révèlent pourtant des points communs : dans toutes ces activités, Ennode apparaît – ou cherche à apparaître – comme un intermédiaire soucieux de se rendre utile à la formation de ses proches (Jean, Olybrius, Parthenius, Arator…) et indispensable à son évêque Laurent de Milan. Car une autre convergence entre ces différentes activités est son engagement polymorphe au service de l’Église.