Quelle que soit la longueur de l’épître, Ennode respecte une structure ternaire que l’on retrouve dans la plupart des lettres. La première partie, l’exorde, est constituée de formules impersonnelles qui ont pour objectif d’introduire le thème de l’épître. Ces formules ont souvent la tonalité de sentences morales à valeur universelle : « C’est la même chose de ne pas garder une limite dans l’arrogance et de la dépasser dans l’humilité371 » ; « Jamais, entre amis, le silence n’est un châtiment approprié à l’offense372 ». Ennode emploie souvent des exclamatives exprimant une vérité générale : « Qu’il est lourd le fardeau qui écrase les pécheurs à cause de leurs actes (…) !373 » ; « Dieu de bonté, à quel point rien n’est difficile à ceux qui ont soin de grandes choses et avec quelle assurance les esprits divins rapportent ce qu’ils ont vu374 ! » ; « Qu’il est lourd le fardeau de la jalousie, qu’elle est facile la voie de la méchanceté, chaque fois que celui qui est attaqué souffre d’une opinion préconçue375 ! ».
Parmi les autres procédés remarquables de généralisation, Ennode choisit parfois d’introduire son propos par une prière d’action de grâces : « En vérité, rendons grâce à la Trinité que nous vénérons et honorons, notre Dieu, qui sous la distinction et l’admirable égalité des personnes nous a ordonné de comprendre et d’adorer pieusement une seule substance, qui a tourné notre tristesse en bonheur et qui a fait des larmes, compagnes des douleurs (…)376 ». Ennode illustre ce procédé de généralisation dans une lettre à Faustus : « Ils ne manquent pas de protection les orphelins qui ont eu la chance de dépendre de vous : ils ne sont pas privés de secours paternels ceux que vous entourez de vos soins. Je veux parler de Lupicinus, le fils de notre chère Euprepia. Son cas illustre parfaitement cette généralité préliminaire377 ». Après avoir loué l’attention de Faustus à l’égard des orphelins, Ennode aborde le sujet qui le préoccupe et passe ainsi à la seconde partie de la structure habituelle.
Epist. 1, 15, 1 à Florianus : Idem est terminum in adrogantia non tenere quod in humilitate transcendere.
Epist. 2, 5, 1 à Laconius : Numquam inter amantes silentio bene multatur offensa.
Epist. 2, 3, 1 à Speciosa : Quanto deprimuntur peccatores suorum fasce factorum, (…) !
Epist. 1, 6, 1 à Faustus : Deus bone, quam nihil est arduum magna curantibus et qua quiete diuinae mentes uisa describunt ! Quibus ornantur dotibus loca, quae lingua diues et dicendi peritus aspexerit, si religioso liceat sine discrimine confessionis enarrare proposito !
Epist. 1, 7, 1 à Faustus : Quantus est fascis inuidiae, quam facilis nocendi uia, quotiens praecedenti opinione laborat impetitus !
Epist. 1, 20, 1 à Faustus : Vere gratias trinitati, quam ueneramur et colimus, Deo nostro, quae sub personarum distinctione et aequalitate mirabili unam nos pie iussit sentire et adorare substantiam, quae planctum nostrum uertit in gaudium, quae dolorum comites ad obsequium laetitiae lacrimas commutauit.
Epist. 2, 23, 1 à Faustus : Sine dispendio tutelae orbantur, quos ad uos pertinere contigerit : non desunt illis paterna subsidia quos fouetis. Lupicinum Euprepiae nostrae filium loquor ; ad ipsum pertinet praefata generalitas.