Les épîtres contiennent de nombreux indices qui montrent que la Correspondance d’Ennode est constituée de véritables échanges épistolaires. Par exemple, certains éléments font allusion à des documents accompagnant l’épître et constituant sans doute le véritable objet de la relation386. Nous avons déjà constaté que l’epist. 9, 32 au prêtre Adeodatus accompagnait un codex qu’Ennode adresse à son correspondant et à ses proches387. La très courte épître 2, 20 évoque des « bagatelles388 » (nugas meas) qu’Ennode adresse à Constantius : si nous pensons que l’expression nugas meas renvoie au petit traité sur la grâce et le libre arbitre (l’epist. 2, 19), Ennode désigne peut-être d’autres documents. Nous ne pouvons en aucun cas être catégorique. Dans ces exemples, le caractère allusif du style épistolaire ou l’évidence de l’objet remis par le porteur n’incitait pas l’auteur de l’épître à donner plus de détails. Nous n’en saurons donc pas davantage puisque nous ne possédons plus que le texte de l’épître, souvent formel, qui accompagnait les documents ou objets qui représentaient une partie de l’échange épistolaire.
Les épîtres étaient parfois accompagnées de documents et d’objets divers (voir D. Shanzer, « Bishops, Letters, Fast, Food, and Feast in Later Roman Gaul » dans Culture and Society in Late Antique Gaul : Revisiting the Sources, 2001, p. 216-230).
Ennod. epist. 9, 32, 4 au prêtre Adeodatus : Vos salutationis meae obsequia prosancti pectoris uestri puritate suscipite, et codicem recipientes meum, cum illo qui a uobis promissus est destinate ; « Vous, acceptez l’hommage de mes salutations dans la sainte pureté de votre cœur et renvoyez mon manuscrit que vous recevez avec celui que vous-mêmes vous m’avez promis ».
Epist. 2, 20, 1 à Constantius.