L’ambition d’Ennode ne se limite pas à garder contact avec ces cercles influents. Il cherche à jouer personnellement un rôle de premier plan dans la sociabilité épistolaire et manifeste son mécontentement lorsqu’il n’est pas le premier à recevoir des nouvelles d’un ami. « Mon cœur est blessé depuis que ta Grandeur, si respectueuse de l’équité et attachée aux amitiés, s’est tournée vers une telle négligence et un tel oubli de moi, que, sans se souvenir de notre diligence, elle a laissé la renommée, plutôt qu’une heureuse épître, m’annoncer les bonheurs d’un siècle meilleur que les progrès de tes honneurs ont apportés690 » ; « Ai-je jamais cru, moi, qu’un autre pût recevoir des nouvelles de votre retour avant moi ?691 ». Si ces exemples expriment sans doute une certaine « susceptibilité692 », ils traduisent surtout la volonté d’occuper une place centrale dans les relations entre les élites.
Epist. 1, 13, 1 à Agapitus : Male est animo, postquam magnitudo tua aequi obseruantissima et amicitiarum tenax, in hanc meae obliuionis se uertit incuriam, ut diligentiae inmemor bona melioris saeculi, quae adcesserunt de profectu honorum tuorum, fama potius quam felici epistula nuntiasset.
Epist. 2, 18, 1 à Jean : ego numquam credidi ad alium reditus uestri citius indicia posse perferri ? (…) Ecce ante oculos meos redduntur aliis paginae et amica expectatio sub omni credulitatis meae despectione frustratur. Il reproche aussi à Agapitus de ne pas l’avoir informé de sa « promotion » à Ravenne (epist. 1, 13).
Voir chapitre 2, p. 87.