« Parlons aussi des labyrinthes, catégorie d’ouvrages les plus prodigieux où l’homme ait épuisé ses ressources905 ».
Pline, Histoire naturelle, 36, 19, 84.
La première étude sur « la latinité d’Ennodius906 » a été donnée, au début du XXe s., par A. Dubois. Le choix du terme « latinité » est judicieux car il permet de considérer l’écriture d’Ennode dans un ensemble de traits communs aux auteurs de l’Antiquité tardive. Toutefois, nous nous intéresserons en priorité aux éléments les plus caractéristiques de la langue d’Ennode, négligeant quelque peu les billets d’amitié stéréotypés où apparaît moins l’originalité de l’auteur que le formalisme contraint du code épistolaire. Après avoir analysé l’idéal puis la pratique stylistiques des épîtres, nous tâcherons de nous interroger sur le sens de la préciosité tant redoutée d’Ennode, ce scholasticussoucieux de mettre son écriture au service de l’Église sans jamais renoncer au plaisir de la littérature907.
Plin. nat. 36, 19, 84, éd. et trad. R. Bloch, 1981, p. 78 (CUF) : dicamus et labyrinthos, uel portentosissimum humani inpendii opus.
Dubois, 1903.
Cet objectif souligne l’importance de la langue – de la « forme » dirait-on – sans laquelle il n’est point de « fond » : les caractéristiques les plus alambiquées du latin d’Ennode ne sauraient être considérées indépendamment de leur contexte historique, comme les « joailleries » surannées d’une langue mourante. Mais elles ne sauraient non plus être subordonnées à quelque fonction que ce soit.