Le premier objectif de l’éloquence parfaite réside, on l’a vu, dans la richesse, la densité du style, l’ubertas linguae. Mais en quoi consiste concrètement cette « richesse de la langue » ? Les cinquante-quatre premières lettres contiennent de nombreux procédés – pour l’essentiel très classiques – qui enrichissent l’expression et contribuent à la préciosité de la langue. Ils font apparaître l’influence de la rhétorique sur la langue d’Ennode et plus largement sur la latinité tardo-antique. Nous pourrions remonter ainsi jusqu’à Ambroise dont l’influence est toujours sensible ou appliquer à Ennode le point de vue de H. Goelzer sur Avit de Vienne946. À tout moment, notre enquête abordera des procédés que l’on retrouve, à l’identique, dans la latinité tardive. Mais ce qui surprend le plus chez Ennode, ce n’est pas leur présence, c’est leur accumulation vertigineuse, la recherche éperdue de la préciosité.
Goelzer,Avit p. 728 : « il montre nettement qu’il a profité autant que personne des leçons de la rhétorique, de même qu’il nous révèle ce qu’était l’enseignement de l’école et quel bénéfice on en attendait. (…) Quelque sujet qu’il traite, il s’étudie à réunir tous les mérites qui, aux yeux de ses contemporains, constituaient l’art d’écrire ».