b) La surabondance des images : emphase et préciosité

L’accumulation des images, élément caractéristique de la littérature de l’Antiquité tardive, contribue, plus que tout autre procédé, à la « richesse de la langue ». Particulièrement fréquentes dans les épîtres, elles ont pour objectif de frapper l’attention du correspondant pour son édification et son agrément.

Si la personnification peut bien compter parmi les images, elle est d’autant plus efficace qu’elle est rare dans la Correspondance. L’unique exemple, dans les deux premiers livres, suscite une dramatisation destinée à mettre en valeur un verset de l’Evangile. Après avoir affirmé que ses plaintes « importunes » sont conformes aux prescriptions bibliques et à l’enseignement du Christ (Luc, 11, 8), Ennode s’adresse directement à ses plaintes comme à des personnes : « Je vous dois amitié, mes chères plaintes, vous que j’aimerai davantage dès lors que vous permettez d’exaucer mes vœux. Bien que vous tiriez votre origine d’une douleur sincère, depuis que vous l’avez emporté, je commencerai souvent par vous, même sans être blessé1019 ». La personnification1020 des plaintes n’est pas un simple motif rhétorique. Elle est un mode d’expression de la pensée d’Ennode, comme le confirment plus nettement encore les comparaisons et les métaphores.

Dans les livres I et II, les comparaisons sont moins fréquentes que les métaphores. Généralement tirées de l’observation de la nature, elles cherchent avant tout à retenir l’attention par une accumulation d’images : « [l’éloquence riche] se déchaîne comme un fauve, court comme un fleuve, s’agite comme la mer profonde (…)1021 » ; « je me fendillerais comme une terre qui ne reçoit aucune eau du ciel et dont les veines ne s’imprègnent d’aucune substance liquide dont elle pourrait nourrir les pousses de blé fraîchement poussées, avant d’offrir de lourds épis à la faux. De même qu’un poisson, sorti de l’eau, ne peut vivre privé de son environnement vital, de même, moi, si je suis privé des flots de votre entretien, je me meurs1022 ».

Ces comparaisons, qui se déploient sur de longues périodes où s’accumulent les images, ne recherchent pas l’originalité : elles mettent en scène la mer, les fleuves, les animaux, l’observation du ciel, etc. Certaines sont inspirées de sources littéraires dont la formulation fait ressortir, par comparaison, l’expressivité des images ennodiennes. Ainsi, dans le premier exemple, le lecteur ne trouve pas chez Symmaque une assimilation aussi hardie d’un homme assoiffé à une terre privée d’humidité.

Ennod. epist. 1, 3, 6 Symm. epist. 1, 33 à Ausone
Fatiscam, ut terra cui caelo nihil liquitur nec uenas suas suco bibuli umoris infundit (…). aiunt cocleas, cum sitiunt umoris atque illis de caelo nihil liquitur , suco proprio uictitare.
« je me fendillerais comme une terre qui ne reçoit aucune eau du ciel et dont les veines ne s’imprègnent d’aucune substance » « Les escargots, dit-on, quand ils ont soif d’humidité et que nul liquide ne leur tombe du ciel, vivent sur leur propre substance » (trad. J.-P. Callu).
Ennod. epist. 1, 2, 3 à Florus Auson. epist. 12, lignes 33-35
(= Symm. epist. 1, 32, 5)
Hac fiducia prouocassem uentos ad flandum, ad cursum flumina, Faustum meum ad facundiam, qua te ad garrulitatem (…) animaui ; « Avec la confiance qui m’aurait fait inciter les vents à souffler, les fleuves à couler, mon cher Faustus à déployer son éloquence, je t’ai provoqué à la loquacité (…) ». Eadem opera et Musas hortabor, ut canant et maria, ut effluant et auras, ut uigeant et ignes, ut caleant admonebo et, si quid inuitis quoque nobis natura fit, superfluus instigator agitabo ; « Du même coup, j’exhorterai les Muses à chanter, j’engagerai les mers à se répandre, les souffles de l’air à déployer leurs forces, les flammes à réchauffer, et de tout ce que produit la nature, aussi bien à notre corps défendant, je serai l’inutile mouche du coche » (trad. J.-P. Callu).

Dans l’epist. 1, 4 à Faustus, la comparaison entre l’efficacité de l’éloquence et l’art de la vénerie est inspirée à une épître de Symmaque qui s’appuyait lui-même d’une image virgilienne que l’on retrouve dans la lettre d’Ennode.

Ennod. epist. 1, 4, 1 à Faustus Symm. epist. 1, 53, 2 à Prétextat
Non sic ceruis sibilo artificibus insidiis blandus uenator inludit, non ita pinnarum mentita formidinem discoloribus fucis ultro expetenda retia manus magistra conponit, quemadmodum me captum (…) uestrae tenuere sermones. Nam unde est haec in epistulis tuis sensuum nouitas, uerborum uetustas, si tantum nodosa retia uel pinnarum formidines 1023 et sagaces canes omnemque rem uenaticam meliorum oblitus adfectas.
« Non, le chasseur caressant qui tente d’attirer les cerfs par l’artifice trompeur d’un sifflement en se jouant d’eux, non, la main experte qui, simulant un épouvantail de plumes multicolores, met en place des rets dans lesquels les bêtes se jetteront spontanément, n’ont pas autant d’efficacité que les discours de votre Grandeur qui m’ont tenu captif (…) ». « D’où vient, en effet, ce style archaïque qui dans vos lettres s’allie à des pensées modernes, si, oublieux de distractions plus relevées, vous vous intéressez seulement aux nœuds des filets, aux plumes des épouvantails, au flair des chiens, bref à tout l’art de la vénerie » (trad. J.-P. Callu).

Le dernier exemple est moins original puisque l’image est issue d’un proverbe qui revient à plusieurs reprises dans les épîtres.

Ennod. epist. 2, 7, 3 à Firminus Source : proverbes
(…) quasi lychnis contra solis radios pugnaturi ; « comme si nous cherchions à lutter avec des lampes contre les rayons du soleil » Cic. fin. 4, 12, 29 ; Cael. 67 ; Quint. inst. 5, 12, 8 ; Arn. Nat. 1, 27 ; Symm. epist. 3, 482, etc 1024 .

Si leur inspiration, sources littéraires, observation de la nature ou sagesse populaire, n’est pas toujours originale, ces comparaisons frappent l’attention par leur expressivité qu’accentue une cascade d’images. Là encore, l’esthétique d’Ennode surprend moins par le matériau et les techniques employés, qui sont classiques, que par l’usage qu’il en fait, tout entier subordonné à la recherche d’expressivité.

Beaucoup plus nombreuses que les comparaisons, les métaphores permettent de pénétrer au plus profond de l’invention d’Ennode. Expression remarquable de sa préciosité, elles se déploient souvent sur de longues phrases qu’elles jalonnent, chemin faisant, d’images redondantes et de détails précis qui sont une des sources principales de difficulté. Par exemple, lorsqu’il définit un « nouvel usage » de la mythologie, Ennode évoque plusieurs amis célèbres « Pylade et Oreste, Nysus et Euryale, Pollux et Castor » puis développe la métaphore du bouturage :

‘Ista sunt digna memoria, quotiens inter nouos concordiae nexus, udo, ut ita dixerim, animorum libro caespitibus ualidis fetura nobilis iuncta maritatur1025.’

Cette phrase complexe révèle un grand souci du détail dans la métaphore du bouturage. La complexité tient moins à la densité du lexique qu’à la traduction précise de chacune des étapes du bouturage : tout d’abord, la « noble pousse » (fetura nobilis) est « jointe » (iuncta) à des « mottes robustes » (caespitibus ualidis) ; ensuite, elle est greffée à l’« écorce humide » (udo libro) des cœurs. Mais comment rendre compte de ces deux étapes sans confondre le processus du bouturage avec celui de la greffe. Toute la difficulté se concentre sur le sens de l’expression caespitibus ualidis : faut-il retenir dans caespites le sème de la terre ou celui de l’herbe ? Autrement dit, l’expression désigne-t-elle des « mottes de terre fertiles » ou bien « des herbes robustes » ? La première solution renvoie au bouturage alors que la seconde indique plutôt une greffe puisque le « greffon » doit être maintenu par un végétal solide. La fréquence du premier emploi de caespites chez les auteurs classiques nous conduit à retenir la première solution. Mais cet exemple montre bien que l’obscurité procède de l’extrême précision de la métaphore qui se déploie en plusieurs étapes.

Pourtant, à première vue, le matériau des métaphores ne manifeste pas une grande originalité : « ce sont les lieux communs de la rhétorique du temps1026 », croit pouvoir constater A. Dubois qui les répartit en deux catégories, les « métaphores tirées de la nature et les « métaphores tirées des arts, professions, etc.1027 » : cette typologie nous paraît trop générale pour rendre compte de la diversité des métaphores mais aussi de l’originalité de certaines d’entre elles1028. Les plus fréquentes sont empruntées à des domaines aussi divers que la navigation1029, la médecine1030, les combats1031, la vie rurale1032, la nature, considérée elle-même dans ses divers éléments : la mer1033, l’observation du ciel1034, les gisements de métaux précieux1035, le monde animal1036). Mais c’est moins la diversité de ces images qui retient l’attention que leur mise en œuvre et leurs fonctions.

On peut distinguer deux emplois de la métaphore. Tout d’abord, une représentation A est substituée à une autre B suivant un élément qui leur est commun, par exemple la puissance qui appartient au fleuve et à l’orateur. Cet emploi fixe deux images dans un rapport précis, propice aux emplois poétiques, comme l’illustre cette requête au jeune consul Avienus : « inonde mon aridité des flots de ton entretien1037 ». Le second usage présente un emploi dynamique de la métaphore : celle-ci n’est pas fixée dans un rapport précis, elle reflète un monde en devenir que forge la parole et métamorphose l’écriture. C’est ainsi que les nombreuses métamorphoses tirées de l’observation du ciel ont pour objet de faire rayonner une nouvelle lumière : l’expression animae per sudum rutilantis nitore est particulièrement révélatrice. L’insistance sur la pureté (sudum) et l’éclat (rutilans, nitor) manifeste l’ascension lumineuse vers laquelle tend l’excellence culturelle et morale : dans l’epist. 1, 19 au grammaticus Deuterius, cette image exprime l’inconsistance de la réalité corporelle (la maladie qui rend aveugle Deuterius) qui est vaincue par la confiance en une lumière intérieure et éternelle : « Dieu te donnera que toute nouvelle faiblesse de ton corps soit en échange purifiée par l’éclat serein de ton âme resplendissante1038 ». Cet exemple illustre l’usage ennodien de certaines métaphores : le signifiant est dévoré par le signifié et l’extérieur – dans lequel on ne voit parfois que boursouflure – est en réalité le mode d’expression d’une idée force. Cette interprétation justifie certaines expressions surprenantes, comme les « mains des prières1039 », qui traduisent le besoin de forger un vocabulaire adapté à la vie de l’âme. Ennode l’emprunte à la vie du corps suivant l’exemple des Pères de l’Église, comme Ambroise1040, également confrontés à la nécessité de forger un idiome adapté à l’enseignement spirituel que favorise l’emploi de représentations familières. C’est pourquoi les images sont le plus souvent usuelles dans les Épîtres d’Ennode, comme en témoigne un bestiaire qui se cantonne à l’exploration d’un imaginaire partagé : les bêtes1041, le fauve de Libye1042, le lion plein de rage1043, le serpent des sables1044, l’aspic1045, l’aigle1046, le poisson1047, les cerfs1048.

Pourtant, l’omniprésence des métaphores est une des causes du discrédit qui pèse sur le style d’Ennode : elle traduit, dit-on, une recherche de grandiloquence qui est un aspect majeur de sa préciosité. Les images, choisies pour leur charge emphatique, sont souvent mises en valeur par le pluriel (« les flots de ton entretien1049 », « les peuples des poissons1050 », « les flots de l’océan1051 », « le van de multiples auteurs1052 », etc.). Cette recherche aboutit parfois à une accumulation d’images redondantes1053 voire à un condensé de plusieurs métaphores en quelques mots souvent intraduisibles : ainsi l’expression faleratis uerborum superciliis 1054 contient-elle deux métaphores impossibles à rendre comme le prouve la traduction littérale : « avec les sourcils (=l’arrogance) des mots pourvus de phalères (=ornements servant de décoration militaire) ». Le plus frappant est encore le recours à la métaphore pour exprimer des propos ou des pensées banales : par exemple, Ennode ne dit pas dulcia uerba loqui (« prononcer des paroles douces ») mais fauos loqui 1055, c’est-à-dire « prononcer des (paroles comme des) rayons de miel » ; il n’évoque pas le « début » mais le « seuil » de l’affection ( ostium affectionis 1056). Ces expressions métaphoriques, qui paraissent souvent artificielles1057, sont une des principales sources de difficultés pour le lecteur. Ennode était conscient de l’obscurité que provoque l’excès d’images mais, loin d’en limiter le nombre, il explicite parfois ses métaphores par… une comparaison : « nous provoquons par les gouttelettes d’un aride talent les flots en quelque sorte d’un océan comme si nous cherchions à lutter avec des lampes contre les rayons du soleil1058 ».

Si l’emploi généralisé des métaphores donne l’impression que l’écriture d’Ennode est en soi métaphorique et que rien ne peut être dit sans la médiation de l’image, celle-ci n’est pas un ornement insignifiant destiné seulement à l’agrément mais un élément indispensable à l’expression. Le meilleur exemple est probablement l’exorde de l’epist. 1, 1 à Jean :

‘Dum salum quaeris uerbis in statione conpositis, et incerta liquentis elementi placida oratione describis : dum sermonum cymbam inter loquellae scopulos rector diligens frenas et cursum artificem fabricatus trutinator expendis, pelagus oculis meis quod aquarum simulabas eloquii demonstrasti1059.’

À la première lecture, cette métaphore semble banale. En effet, comme l’écrit E. R. Curtius, « les poètes latins romains ont coutume de comparer la rédaction d’une œuvre à une traversée1060 ». Cette image poétique est également fréquente dans la prose chez Cicéron1061, Pline1062, Quintilien1063, Jérôme1064 ou Ambroise1065. Pourtant, cette phrase est plus riche qu’il n’y paraît : ce n’est pas tant l’image maritime qui retient l’attention, c’est la course « habile » du navigateur qui doit contourner les récifs, épouser les « sinuosités » de la mer, éviter les obstacles avec ruse. Ne serait-ce pas là, en effet, une représentation indirecte de l’idéal esthétique d’Ennode ? Par l’accumulation des détails, l’entremêlement des images (la mer, la navigation, l’éloquence) et le balancement des propositions grammaticales, l’ample métaphore qui ouvre la Correspondance donne une clef pour entrer dans les épîtres, un fil d’Ariane pour avancer dans cette esthétique qui n’est pas sans analogie avec celle du labyrinthe : comme l’auteur ou l’orateur, le lecteur doit traverser la tempête en suivant les « sinuosités » de l’élément liquide, en contournant avec « habileté » les écueils de cette écriture contournée qui conduit l’âme sereine vers « la nouveauté des pensées1066 » et « la lumière du genre épistolaire1067 ».

La surabondance des images, qui nous apparaît finalement comme le trait le plus caractéristique du style épistolaire d’Ennode, montre que la préciosité n’est pas une esthétique de l’insignifiance mais au contraire la recherche d’un sens dans une « époque de métamorphose1068 ». Un sens certes, mais lequel ? Nous voudrions conclure cette analyse en nous interrogeant sur les interprétations possibles de la « préciosité » dans la Correspondance d’Ennode et peut-être aussi, plus largement, dans la littérature de l’Antiquité tardive.

Notes
1019.

Ennod. epist. 1, 3, 3 à Faustus : Debeo uobis amicitiam, querimoniae meae, quas, dum uotis effectum tribuitis, plus amabo. Fuerit licet origo uestra a iusto dolore ueniens, frequenter a uobis, postquam praestitistis, etiam inlaesus incipiam.

1020.

On ne peut pas parler d’hypotypose dans ce cas puisqu’Ennode ne propose pas une description animée de ces plaintes : voir H. Lausberg, Handbook of Literary rhetoric, § 126, p. 878 : « hypotypose : description animée, vive et frappante, qui met, pour ainsi dire, la chose sous les yeux ».

1021.

Ennod. epist. 1, 1, 2 à Jean : saeuit ut bestia, currit ut fluuius, fluctuat ut profundum (…) ; on trouve des comparaisons voisines dans épître suivante (epist. 1, 2, 4 à Florus : Hac fiducia prouocassem uentos ad flandum, ad cursum flumina, Faustum meum ad facundiam, qua te ad garrulitatem loquendi parcus ferratis uerborum calcibus animaui ; « Avec la confiance qui m’aurait fait inciter les vents à souffler, les fleuves à couler, mon cher Faustus à déployer son éloquence, je t’ai provoqué à la loquacité malgré la pauvreté de mon éloquence »).

1022.

Epist. 1, 3, 6 à Faustus : fatiscam, ut terra cui caelo nihil liquitur nec uenas suas suco bibuli umoris infundit, unde innatis alimenta culmis exhibeat et ad falcem grauidas aristas adducat. Vt piscis aqua abstractus uitalibus indumentis priuatus extinguitur, sic ego subductis alloquii uestri fluentis interimor.

1023.

L’expression pinnarum formidines se trouve chez Virgile (georg. 3, 371-372 : formidine pinnae ; Aen. 12, 750 : formidine pinnae).

1024.

Sur cette expression proverbiale, voir Otto, p. 327.

1025.

Epist. 1, 9, 5 à Olybrius : « Voici qui est digne de mémoire quand, parmi les liens d’une concorde nouvelle, ce que j’appellerais l’écorce humide des cœurs permet à un noble rejeton de s’unir au robuste terreau et de l’épouser ».

1026.

Dubois, p. 491.

1027.

Id., p. 491-495.

1028.

Ennod. epist. 2, 13, 1 à Olybrius : caminis excocta fabrilibus uerba (« des paroles bien dorées au four d’un artisan »).

1029.

Epist. 1, 1, 1 à Jean : Dum salum quaeris uerbis in statione conpositis et incerta liquentis elementi placida oratione describis, dum sermonum cymbam inter loquellae scopulos rector diligens frenas et cursum artificem fabricatus trutinator expendis, pelagus oculis meis quod aquarum simulabas eloquii demonstrasti ; epist. 1, 24, 5 à Faustus : fluctuantibus portum parare desideriis ; epist. 2, 7, 5 à Firminus : committo cumbam tenuem placido mari ; epist. 2, 9, 2 à Olybrius : dum secundis in altum loquellae uestrae portarentur uela prouentibus.

1030.

Epist. 1, 12, 5 à Avienus : peritorum mos est medicorum in uenis deprehendere uires corporum et de successu hominis digitos interrogare ; epist. 2, 5, 1 à Laconius : dum studio curationis qui medetur aegrescit.

1031.

Epist. 2, 7, 2 à Firminus : inperatoris dominatur semel penetralibus cordis infixa dilectio ; epist. 2, 14, 2 aux évêques africains : uenit inter uos gladius perfidorum ;epist. 2, 19, 1 à Constantius : in cineribus nutrit incendium in cuius fauillis ultrix criminum flamma non moritur nec hostis errorum ignis operitur.

1032.

Epist. 1, 7, 2 à Faustus : omnes errorum rami magistra uiuendi solent falce truncari (…) ; epist. 1, 10, 5 à Jean : fructus eloquentiae multiplicium auctorum uentilatione purgetur ; epist. 1, 12, 6 à Avienus : inquirentes de futura ubertate laetificent et messem peritiae in radice manifestent ; epist. 2, 3, 1 à Speciosa : circa metas uotorum (…) iam de area fructus effugit.

1033.

Epist. 1, 1, 1 à Jean : (…) pelagus oculis meis quod aquarum simulabas eloquii demonstrasti ; epist. 2, 7, 3 à Firminus : arentis ingenii guttis quaedam oceani fluenta provocamus.

1034.

Epist. 1, 3, 7 à Faustus : rem (…) nullis nebularum depictam mendaciis ; epist. 1, 19, 4 à Deuterius : per sudum rutilantis nitore mundetur.

1035.

Epist. 2, 10, 2 à Faustus : Naturam respiciens indicauit quo tonaret eloquio. Iudicio quidem ista praeceperam et altricem nobilis metalli uenam in thesauris quos pepererat agnoscebam.

1036.

Epist. 1, 2, 1 à Florus : minaces dente bestias invalida lacessit adulescentia ; epist. 1, 2, acuti dentis morsus exhibuit ; epist. 2, 19, 16 à Constantius : toxica Libycae pestis ; epist. 1, 9, 1 à Olybrius : dum fauos loqueris et per domos cereas eloquentiae nectare liquentis elementi mella conponis (…).

1037.

Epist. 1, 12, 4 à Faustus : ariditatem meam conloquii fluentis infunde.

1038.

Epist. 1, 19, 4 à Deuterius : dabit Deus, ut quidquid corporalis adcessit incommodi, uice animae tuae per sudum rutilantis nitore mundetur.

1039.

Epist. 1, 19, 2 à Deuterius : quantum in me fuit, contra ingruentes tibi inaequalitates precum manus opposui ; « autant qu’il a été en mon pouvoir, j’ai opposé les mains des prières aux maladies qui te menaçaient ».

1040.

A. Loyen relève chez Ambroise des expressions semblables qui illustrent, selon lui, la préciosité de son style : « les mains du cœur », « le nombril de l’âme », « les dents de l’âme », « la main de la langue », « la bouche du cœur » (voir A. Loyen, Sidoine Apollinaire et l’esprit précieux en Gaule aux derniers jours de l’Empire, 1943, p. 157 ; H. Savon, « Maniérisme et allégorie dans l’œuvre d’Ambroise de Milan », REL, 55, 1977, p. 203-221).

1041.

Ennod. epist. 1, 2, 1 à Florus.

1042.

Epist. 1, 2, 2 à Florus.

1043.

Ibid.

1044.

Epist. 2, 19, 16 à Constantius.

1045.

Ibid.

1046.

Epist. 1, 5, 3 à Faustus ; epist. 1, 18, 4 à Avienus.

1047.

Epist. 1, 3, 6 à Faustus.

1048.

Epist. 1, 4, 1 à Faustus.

1049.

Ibid. et epist. 1, 3, 6 à Faustus.

1050.

Epist. 1, 6, 5 à Faustus : populos piscium.

1051.

Epist. 2, 7, 3 à Firminus : oceani fluenta.

1052.

Epist. 1, 10, 5 à Jean : multiplicium auctorum uentilatione.

1053.

Voir epist. 2, 7, 3 à Firminus : arentis ingenii guttis  ; les « gouttelettes de mon aride talent ».

1054.

Epist. 1, 5, 5 à Faustus.

1055.

Epist. 1, 9, 1 à Olybrius.

1056.

Epist. 1, 9, 5 à Olybrius.

1057.

Voir cet exemple de phraséologie emphatique : « Vous que la balance de l’éloquence a pesé sur le plateau de l’éloquence » (epist. 2, 7, 3 à Firminus : Sed uos, quos libra peritiae in eloquii lance pensauit).

1058.

Ibid. : (…) arentis ingenii guttis quaedam oceani fluenta prouocamus, quasi lychnis contra solis radios pugnaturi.

1059.

Epist. 1, 1, 1 à Jean : « Pendant que tu cherchais à gagner le large après avoir, au mouillage, bien agencé les mots et que tu reproduisais, en un discours paisible, les sinuosités de l’élément liquide, pendant que tu réglais, en pilote diligent, l’allure de l’esquif de tes propos pour éviter les écueils de la rhétorique et que tu façonnais et pesais, en bon juge, leur course habile, tu as montré que la mer que tu représentais à mes yeux comme celle des flots était en fait celle de l’éloquence ».

1060.

Curtius, p. 219. L’auteur cite un « choix réduit » de textes poétiques latins qui ont recours à cette métaphore, p. 219 note 1. Sur les métaphores maritimes dans la poésie latine voir E. de Saint-Denis, Le rôle de la mer dans la poésie latine, 1935.

1061.

Cic. Tusc. 4, 5, 9.

1062.

Plin. epist. 8, 4, 5.

1063.

Quint. inst. 12, proem. 2.

1064.

Hier. epist. 1, 2 à Innocent, prêtre, éd. et trad. J. Labourt, 1949, p. 2 (CUF) : Super onerariam nauem rudis inponor et homo, qui necdum scalmum in lacu rexi, Euxini maris credor fragori (…) Hortaris ut tumida malo uela suspendam, rudentes explicem, clauum regam ; « Sur un gros transport, matelot inexpérimenté, l’on m’embarque ! pauvre homme qui n’ai pas même encore gouverné l’aviron sur un lac, on m’abandonne aux fracas des tempêtes du Pont-Euxin ! (…) Tu m’engages à suspendre au mât les voiles gonflées, à lâcher les écoutes, à manœuvrer le gouvernail ». Il est frappant de constater que cette métaphore est également présente, chez Jérôme, dans la lettre qui ouvre la correspondance, comme chez Ennode. Mais la comparaison s’arrête là : la fonction et l’expression de cette métaphore sont bien différentes dans les deux cas.

1065.

La christianisation de cette image usuelle est particulièrement nette chez l’évêque de Milan qui compare le Christ à « un bon navigateur sur une mer tranquille » : voir Ambr. epist. 5, 19, 5 à Orontianus, éd. O. Faller, 1968, p. 143 (CSEL 82. 1) : in huiusmodi nauibus nauigat Christus, et ‘in puppe’ tamquam bonus gubernator tranquillo quiescit mari, conmoto excitatur et increpat uentos, ut suis tranquillitatem refundat.

1066.

Ennod. epist. 1, 1, 4 à Jean : nouitatem sensuum monstras serenitate sermonum et ueteris decora prosapiae nouelli uincis nitore conloquii.

1067.

Epist. 1, 12, 2 à Avienus : (…) generis epistolaris alloquii lux.

1068.

Nous empruntons cette expression à T. Schieffer, Europa im Wandel von der Antike zum Mittelalter, 1976, 1164 p. (=Handbuch der europäischen Geschichte, tome I) L’esthétique de la préciosité, dont l’Antiquité tardive et la Renaissance fournissent de nombreux exemples, caractérise généralement des périodes troublées, incertaines, « entre deux mondes ».