B. Modifications apportées à l’édition de F. Vogel (MGH, aa. 7, 1885)

1. Epist. 1, 4, 2 : (…) nemo de se confessum iuste credere possit crimen alienum.

La leçon communément admise, confesso, ne nous semble pas avoir de sens puisque le participe parfait confessus, a, um, du verbe confiteri de… (« faire un aveu sur… »), est actif. Nous proposons donc la leçon confessum qui permet d’aboutir à la traduction suivante : « (…) personne ne pourrait avoir raison de croire qu’un crime qu’il a reconnu comme sien est celui d’autrui ». Toutefois, les Fausses Décrétales, qui citent cette phrase à partir d’un témoin carolingien perdu, proposent quelques modifications textuelles (nemini à la place de nemo et credi à la place de credere) qui permettraient de conserver confesso en le rapportant à nemini : voir Fausses Décrétales, éd. P. Hinschius, epist. du pape Jules, 14, p. 469 : nemini de se confesso credi potest super crimen alienum.

2. Epist. 1, 5, 2 : Ad rediuiuam ualetudinem tremebunda marcescentium cardinum limina iuueniscunt, quae nullis credo Deo auspice [quia] posthaec obicibus claudenda patuissent.

La seconde partie de la phrase, à partir de quae, pose plusieurs difficultés grammaticales : le subjonctif patuissent s’explique, croyons-nous, par une sorte de style indirect, le verbe credo exprimant la pensée d’Ennode. L’adjectif verbal claudenda peut, ou bien exprimer une obligation ou bien, comme nous l’avons compris, avoir la valeur d’un participe futur passif, équivalent d’une proposition relative au subjonctif [*quae <essent> claudenda = ut essent claudenda]. Nous traduisons donc littéralement : « Nos seuils tremblants, avec leurs gonds rouillés, rajeunissent pour renaître à la santé, eux qui, je pense, se seraient ouverts sous l’auspice de Dieu, pour n’être fermés désormais par aucun verrou ». Dès lors, nous ne voyons pas comment interpréter la présence de quia devant posthaec et nous le comprenons comme une alternative à quae, introduite de façon superflue dans le texte.

3. Epist. 1, 6, 3 : Crescetis prouinciae cultura sermonum.

Nous nous écartons du texte de Sirmond, repris par Vogel, « crescitis », pour revenir à la leçon admise par tous les manuscrits « crescetis » (criscetis B || crescetis cett.). Le futur est parfaitement cohérent avec le propos pédagogique et eschatologique d’Ennode qui encourage ses correspondants à cultiver les lettres latines et à mettre la culture au service de la religion chrétienne : la latinité est une des conditions de l’avènement de la lux romana.

4. Epist. 1, 6, 4 : ecce Comus <urbi>s pullae quondam paene in silentium missa condicio

Le texte proposé par les éditeurs (ecce Comus pullae… condicio) n’a pas de sens sauf si l’on considère la forme Comus comme un génitif féminin du nom Comus, us f. qui n’est jamais attesté. C’est pourquoi nous préférons considérer Comus comme un nominatif et pullae comme un génitif complément de condicio. Dès lors, nous proposons de sous-entendre le mot urbis qui a pu tomber au cours de la transmission manuscrite, comme le suggère peut-être le manuscrit de Bruxelles (B) qui indique ecce Comus spullae… condicio. A partir de la leçon de B, nous proposons le texte suivant : ecce Comus <urbi>s pullae quondam paene in silentium missa condicio que nous traduisons littéralement ainsi : « Voyez Côme, la situation d’une ville sombre, presque reléguée autrefois dans le silence ».

5. Epist. 1, 6, 6 : Mairam fluuium Adduamque laudastis

Nous ne connaissons aucun témoignage antique sur le fluuius Maria dont le nom est transcrit par tous les éditeurs. Il s’agit sans doute, comme le suggère Vogel, de l’un des affluents du Larius, le Maira (« Mera » en italien), dont nous retenons l’orthographe pour l’édition critique. Signalons cependant que tous les manuscrits, à l’exception de B ac (mariam), retiennent la leçon maria qui pourrait être interprétée comme le pluriel de mare. Mais l’ensemble de la phrase perdrait alors sa cohérence.

6. Epist. 1, 6, 6 : per confusos ductus discrimen in lacum tumoris ostendit.

La leçon in lacum, attestée par B, est justifiée par le sens du texte : c’est en effet le mouvement des rivières dans le lac où elles se jettent qui forme « un gonflement qui permet de distinguer les flots jusque là confondus ». L’accusatif de mouvement insiste donc sur cette image. Toutefois, la différence entre in lacum et in lacu, qui est infime, tendait à se perdre dès l’époque classique.

7. Epist. 1, 15, 1 : Ego uero diligentiam proposito inpenderem, si sanguini non deberem.

Le texte n’est pas sûr. Vogel propose la leçon ego ueri à laquelle Sirmond et Hartel préféraient ego uero. La première possibilité pourrait se justifier par le fait que ego ueri est donné par B et constitue une lectio difficilior : ueri, génitif singulier de uerum, pourrait porter ainsi sur proposito. Toutefois, nous sommes finalement revenu au texte ego uero qui peut se fonder sur quatre arguments : 1. cette leçon est donnée par l’ensemble des manuscrits rattachés à la famille du Vaticanus ; 2. « l’amour de la vérité » est plutôt exprimé en latin par amor ueri (Lucan. 10, 189) ; 3. l’expression ego uero est fréquent en tête de phrase comme le montre la consultation des bases de données informatiques (TLL) qui révèle 313 occurrences, en particulier chez Cicéron (Cic. Att. 9, 9, 1 ; fam. 7, 30, 1 ; 4, 6, 1 ; etc…) ; 4. enfin, Ennode paraît opposer ici, comme il le fait ailleurs (voir epist. 1, 23, 3), les doubles liens de l’amitié (diligentia) et du sang (sanguini).

8. Epist. 1, 15, 2 : nescires te esse deprehensum, quod minus (…) inluseris.

Quod minus semble être équivalent de quominus introduisant une complétive, sans que minus ait un sens négatif. La conjonction quominus se trouve d’ordinaire après les verbes d’empêchement, d’opposition, de refus, etc… Mais « l’idée d’empêchement pouvait se dégager simplement du contexte » (voir Ernout-Thomas, p. 309 note 1). Nous n’avons pas trouvé d’autres attestations de cet emploi de quod minus, donné par l’ensemble de la tradition manuscrite et les éditeurs d’Ennode. C’est pourquoi nous suggérons la correction quominus dans l’apparat critique.

9. Epist. 1, 16, 3 : Tulliani profunditas gurgitis, Crispi proprietas, Varronis elegantia.

Cette formule trouve sa source dans une épître d’Ausone à Symmaque : epist. 12, lignes 17-18 (= Symm. epist. 1, 32, 3) : enthymemata Demosthenis aut opulentiam Tullianam aut proprietatem nostri Maronis  ; « la force démonstrative de Démosthène, la magnificence de Cicéron, l’exactitude de notre Virgile » (trad. J.-P. Callu). Cet hypotexte a incité certains manuscrits (CP) et plusieurs éditions (bVog.) à remplacer la leçon Varronis elegantia par Maronis elegantia afin de reconstituer une partie du « quadrige » scolaire (Cicéron, Salluste, Virgile, Térence). Mais cet indice nous paraît insuffisant pour justifier le choix de Maronis : tout d’abord, la leçon Varronis elegantia est présente dans les plus anciens manuscrits (BVLDAET) et en particulier dans B qui, dans cette lettre, est le seul, par trois fois, à donner la bonne leçon (3. Crispi ; 5. conloquia ; 5. qua). En citant le nom de Varron à la place de celui de Virgile, Ennode pourrait très bien jouer sur un effet de surprise ou ne privilégier ici que des prosateurs. Ennode manifeste en effet une grande liberté à l’égard du texte d’Ausone puisqu’il remplace le nom de Démosthène par celui de Crispus (=Salluste) auquel il attribue la proprietas qui caractérisait Virgile. En outre, il ne serait pas le premier à louer le style de Varron qui est l’auteur d’un traité de vingt-cinq livres sur la langue latine (De lingua latina, VI, éd. et trad. P. Flobert, CUF, 1985). Sidoine Apollinaire portait lui aussi une grande admiration à l’œuvre et au style de Varron : voir Sidon. epist. 2, 9, 4 : (…) seruarent in causis disparibus dicendi parilitatem : nam similis scientiae uiri, hinc Augustinus, hinc Varro, hinc Horatius, hinc Prudentius lectitabantur, « (…) il est certains auteurs qui, tout en défendant des causes différentes, ont su garder la même valeur de style : car des hommes comme Augustin ou Varron, Horace ou Prudence, qui étaient l’objet de fréquentes lectures, sont des écrivains chez qui la science est de même qualité », trad. A. Loyen ; voir aussi epist. 8, 6, 18 : Varronem logistoricum (…) et Eusebium chronographum misi, quorum si ad te lima peruenerit, si quid inter excubiales curas, utpote in castris, saltim sortito uacabis, poteris, postquam arma deterseris, ori quoque tuo loquendi robiginem summouere, « Je t’envoie (…) les libri logistorici de Varron et la chronographie d’Eusèbe. Quand te seront parvenus ces ouvrages soumis au travail de la lime, si tu disposes (au moins par tirage au sort) de quelque loisir sous la tente, entre les missions de surveillance, tu pourras, après avoir nettoyé tes armes, écarter aussi de tes lèvres la rouille du langage », trad. A. Loyen.

10. Epist. 1, 18, 4 : numquid est in destricta probatione inpietas (…).

Nous proposons la leçon destricta à la place de districta qui ne nous semble pas avoir de sens. La même confusion a été faite dans la transmission d’un texte de Tacite : voir Tac. ann. 4, 36 : destrictior. L’un des témoins (M’’=Mediceus alter) donne à tort districtior. Le participe parfait destrictus, a, um, du verbe destringere, signifie « menaçant, agressif ».

11. Epist. 1, 20, 3: (…) potentiae caelestis ut plenum esset paruulorum in reducta salute testimonium, plus est nostrum labefacta per meritum.

Nous avons remplacé labefactata, communément admis, par labefacta. Les deux termes sont corrects puisque labefacio et labefacto existent déjà dans la langue classique. Si Vogel reprend la leçon la plus fréquente dans les manuscrits labefactata, nous sommes revenu à la forme simple labefacta, attestée dans B et dans le nouveau témoin A.

12. Epist. 1, 23, 3: ut si uos in antiquae circa me dignationis statum pagina directa reppererit.

Cette infime correction (statum à la place de statu) se fonde sur l’ensemble des manuscrits collationnés à l’exception de P. On peut considérer que in statum est possible puisqu’il y a une idée de mouvement implicite dans le trajet de la lettre, du scripteur au destinataire. Toutefois, nous savons que la distinction in + accusatif / in+ ablatif n’était pas toujours observée, y compris à l’époque classique, surtout quand la différence de mouvement est à peine perceptible.

13. Epist. 1, 24, 1 : quae mali ratio est

Nous nous écartons ici du texte des précédents éditeurs Quae, malum, ratio. Cet incipit expressif est certes cicéronien (voir Cic.Verr. 2, 1, 54 : quae, malum, est ista tanta audacia !). Mais la leçon Quae mali ratio, donnée par le principal témoin, B, reste tout à fait possible et se traduit littéralement : « quelle cause de mal y a-t-il [de ma part] pour que… », c’est-à-dire « quel mal y a-t-il pour que… ». Notons qu’une épître de Sidoine Apollinaire, dont le thème ressemble à celle d’Ennode, contient l’expression voisine quid mali. Regrettant lui aussi que son correspondant se soit retiré loin de ses terres d’origine, Apollinaire s’adresse à son cher Aper en des termes proches de ceux d’Ennode : epist. 4, 21, 3 : quid in te mali tantum, ingrate, commisimus ut per tot annos quondam humum altricem nunc uelut hosticum solum fugias ? « quel si grand crime avons-nous commis envers toi, ingrat, pour que tu fuies maintenant comme un pays ennemi une terre qui t’a nourri autrefois pendant tant d’années » (trad. A. Loyen).

14. Epist. 1, 26, 2 : dum (…) prouidit (…) dum (…) nondum uidit occidisse.

La correction de Vogel (uidet à la place de uidit donné par tous les manuscrits) est inutile étant donné que dum est souvent considéré dans l’Antiquité tardive comme l’équivalent de cum (voir Goelzer,Avit, p. 341). Dès lors, le dum de la ligne précédente peut être interprété aussi comme un équivalent de cum et la leçon prouidit de B, corrigée par les autres témoins en prouidet, peut se justifier. Cette uniformisation grammaticale (dum prouidit ; dum uidit)permet dans les deux cas de revenir au texte de B.

15. Epist. 2, 1, 5 : ueterum ornamenta maiorum.

La conjecture de Vogel (morum à la place de maiorum) est difficilement acceptable puisque l’expression ornamenta maiorum, qui se trouve aussi chez Cicéron (voir Verr. 2, 2, 86), est admise par l’ensemble des témoins manuscrits.

16. Epist. 2, 6, 1 : Quousque tantum licebit abstinentiae  ?

Nous suivons la leçon donnée par le manuscrit de Bruxelles (abstinentiae) dont s’écarte F. Vogel (absentiae) : l’éditeur des MGH justifie son choix en citant deux exemples de l’expression licere absentiae dans la Correspondance d’Ennode (epist. 4, 35, 1 : uoluit senior prouidentia absentiae nil licere ; epist. 7, 24, 1 : (…) solacium litterarum per quod uetustas uoluit absentiae nil licere (…) impenderem). Mais cet argument ne nous semble pas suffisant car il s’agit, dans les deux cas cités, d’une absence physique et non du manque de lettre. À l’inverse, Ennode emploie souvent le terme abstinentia pour désigner le fait de s’abstenir d’écrire (epist. 1, 11, 1 ; 2, 2, 1 ; 2, 5, 2 ; 2, 18, 3). Or, dans l’epist. 2, 6, 1, il s’agit bien de « l’absence des lettres » comme le montre la phrase suivante : Quousque fama nobilis epistolaribus destituta commerciis ueterascet ?

17. Epist. 2, 6, 2 : taceo summam caelestis conlatam beneficii et dotibus sine humano adiutorio supernis instructam.

Cette phrase est l’une des plus difficiles de la Correspondance (livres I et II), en raison des incertitudes de la transmission manuscrite. Nous ne suivons pas le texte de Vogel (taceo summa in ecclesiam caelestis conlatum beneficii) qui est peu compréhensible et que nous contestons sur deux points : tout d’abord, ecclesiam, qui ne se trouve que dans B, nous semble être une glose introduite dans le texte ; ensuite, la leçon summam peut être conservée puisqu’Ennode emploie ailleurs l’expression « summam + génitif » pour traduire « le plus haut point de », « l’accomplissement parfait de » (epist. 1, 1 et 1, 5 : uotorum [meorum] summam, « l’accomplissement parfait de mes vœux »). Nous reprenons donc le texte de l’édition de Hartel de taceo à beneficii. Mais le reste de la phrase et…instructum fait encore difficulté. Deux modifications textuelles pourraient résoudre le problème : la première consiste à interpréter la seconde partie de la phrase comme une apposition développant summam…beneficii. Il faudrait corriger la conjonction de coordination et en pronom personnel te. Nous obtiendrions : taceo summam caelestis conlatam beneficii, te dotibus sine humano adiutorio supernis instructum. Hartel proposait, quant à lui, de conserver la conjonction et et d’ajouter le pronom te.Mais nous avons privilégié une seconde solution qui consiste à remplacer instructum par instructam. Cette unique correction, qui rendrait la phrase cohérente, pourrait se justifier par la confusion entre le a et le u qui pourrait être due à une mauvaise lecture de la caroline a (= un a ouvert), fréquente dans les manuscrits carolingiens.

18. Epist. 2, 6, 4 : nescimus quid qua mente homo legerit.

Dans l’édition de Vogel, l’expression qua quid mente contient deux interrogations qu’il est difficile de traduire : la première qua…mente porte sur l’état d’esprit, critique et injuste ; la seconde quid porte sur ce qu’il a lu, c’est-à-dire les points qui ont attiré son attention. La traduction littérale serait donc : « nous ne savons pas ce que et dans quel esprit l’homme a lu ce qui amène à porter cette sentence à la suite de cette délibération ». Mais la difficulté tient surtout à l’ordre des mots de la double interrogation proposé par Vogel d’après le manuscrit T 2 . Il semble que le manuscrit de Bruxelles B propose la leçon la plus intéressante (quia quid qua) ; en effet, la forme quia (construction attendue après nescio) reflète sans doute une glose marginale qui pourrait avoir été interprétée ensuite comme un qua ; dès lors, si l’on ne tient pas compte, dans B, de la glose quia, on peut alors conserver la leçon quid qua [mente] qui exprime bien la double interrogation mais dans un ordre plus cohérent.

19. Epist. 2, 7, 1 : falce doctrinae teneri nescius uirium consideratione regnat adfectus

Deux solutions peuvent être envisagées pour cette phrase difficile : la première consisterait à proposer la leçon doctrinae tenerae que nous analyserions comme le complément du nom falce. Le génitif uirium pourrait être alors considéré comme le complément de consideratione car dans l’œuvre d’Ennode consideratione est toujours immédiatement précédé ou suivi de son complément au génitif ; l’adjectif nescius, épithète d’adfectus, devrait ainsi être pris absolument. Nous aboutirions donc au mot à mot suivant : « entre les grandes routes des récits et les chemins que doit ouvrir la faux d’une doctrine imparfaite, l’affection, dans son aveuglement, impose ses lois en vertu de ses forces ». Mais nous avons retenu une seconde solution : il semble en effet qu’on puisse économiser la correction tenerae si l’on interprète teneri comme un infinitif passif (=contineri) au sens pronominal se construisant avec nescius. Nous obtenons donc la traduction littérale suivante : « mais l’affection, ne sachant pas se contenir entre les voies des récits et les chemins que doit ouvrir la faux de la doctrine, impose ses lois en vertu de ses forces ». Il semble ainsi qu’il y ait une opposition entre uias (les grandes routes qu’offre le genre facile des simples narrations) et les itinera (les chemins plus étroits et plus exigeants qu’il faut se frayer avec la « faux de la doctrine »). Cette dernière expression désigne-t-elle la culture et la science chrétiennes, la doctrina christiana ?

20. Epist. 2, 7, 5 : unde nascitur [quaeso,] ut prospera quae de uobis perlatoris relatione cognoui.

Nous ne suivons pas l’édition de F. Vogel qui, visiblement embarrassé par la leçon quae donnée par les manuscrits, propose ici quaeso. Ce quae, qui ne peut pas être conservé, s’explique sans doute par une dittographie par anticipation du quae suivant.

21. Epist. 2, 19, 9 : Nemo dubitat, nemo condemnat, quod auctore gratia, praestante et ipso, aequitatis hominibus callis aperitur.

L’autorité de B (protestante), suivi par Vogel, est ici contrebalancée par celle de tous les autres témoins manuscrits qui proposent praestante : préférée par Sirmond et Hartel, cette leçon s’appuie sur deux emplois très proches du participe présent praestans (Aug. Contra Iulianum, 3, 6 : alius assumitur gratia praestante , non merito ; Ennod. epist. 9, 22, 2 : praestante omnipotentis Dei misericordia ).

22. Epist. 2, 24, 2 : (…) tumida inimicorum ceruix Christo deo non grauata subcumbit.

La correction proposée Hartel et reprise par Vogel (nostro grauata) nous paraît inutile. La leçon non grauata, appuyée par les principaux manuscrits, peut être conservée. En effet, le déponent grauari signifie « faire des difficultés » (voir Cic. Clu. 69). Ce sens est cohérent avec la pensée d’Ennode : avec l’aide de Dieu, la crise schismatique a pris fin et l’attitude des laurentiens n’a pas causé à l’Église les dommages qu’Ennode redoutait (voir epist. 1, 3, 7 : …malum, cui Roma subcumbit).