5. – Ennode à Faustus

Troisième lettre à Faustus. Panégyrique 1232 d’Avienus, le fils de Faustus, qui vient d’accéder au consulat. Le rayonnement de ce vénérable enfant peut enfin redorer le blason de leur famille commune 1233 . Mais il manifeste plus qu’une simple renaissance : il nourrit l’espoir d’une grandeur nouvelle (janvier 502)

1. Ayant imploré l’abondante miséricorde de Dieu, je lui recommande aussi1234 les auspices d’une heureuse année et, désormais exalté par les dons de ses bienfaits, je m’adresse à un personnage consulaire1235 comme son égal. Jusqu’à présent, la pompe de la trabée consulaire était donnée à notre famille par des distinctions étrangères et c’était plus par alliance que par le sang que nous avions la joie d’être liés à celui qui donnait son nom à l’année. C’était une faveur, pas un dû, d’être ajoutés aux détenteurs des magistratures curules par les propos de nos amis. 2. Combien de fois la rumeur a fait de nous ses obligés, en faisant connaître aux autres avec joie que, par une mutation de l’ordre des conditions, les insignes appartenant à notre noblesse étaient <maintenant> dus aux services d’autrui ? Mais qu’à présent cesse la jalousie ! Un tout jeune consul, restaurant les faisceaux anciens, s’est mis à briller et a rouvert les portes décrépites de nos dignités par sa ferme impulsion1236. Nos seuils tremblants, avec leurs gonds rouillés, rajeunissent pour renaître à la santé, eux qui, je pense, se seraient ouverts sous l’auspice de Dieu pour n’être fermés1237 désormais1238 par aucun verrou. 3. Car ce n’est pas l’unique mais le premier consulat de mon cher Avienus. Il a pris la tête des troupes de sa souche qui s’apprêtent à porter les aigles1239 et il a montré le chemin de la vertu pour le combat capital1240. S’il y a quelque respect pour les dignités séculières1241, s’il y a quelque fierté, pour un homme, à survivre au tombeau, si la finesse des anciens a prévu une parade pour que les hommes l’emportent sur les années qui leur sont accordées, c’est avec raison qu’ils ont, pense-t-on, trouvé les fastes de ce genre comme des moyens1242 dont la longévité refuse et la désuétude et la mort.

4. Dieu de bonté, quelle grande chose que le nom d’un seul homme ait le pouvoir d’affermir ou d’anéantir l’effort dépensé pour rédiger les lois ! Courage, jeune homme aux qualités exceptionnelles, toi qui, sur le sentier effacé de ta lignée maternelle, as rapporté les haches vivantes des honneurs pour briser les obstacles chargés d’ans qui barrent le plus beau des chemins, afin qu’ils n’arrêtent pas tes descendants ! 5. Que lui cède le pas la gloire des anciens qui ont dû leur noblesse aux inventions des érudits, qui1243 achètent leur mérite à celui qui le rapporte avec des mots glorieux et prétentieux ! Car il faut bien que la maigreur du sujet soit compensée par les ressources du narrateur, que le mérite qui n’existe pas dans le fond y soit introduit par les processions du style. Passons sur les Fabius, les Torquatus, les Camillus, les Decius qui ont été surpassés : mais toi-même, cher Seigneur, qui les as tous vaincus, je crois que tu as cédé le pas, volontairement, aux débuts de celui-ci. 6. Toi, tu étais déjà assez grand en t’avançant sur ce chemin durci à force d’être foulé par les consulats1244 de tes aïeux et bisaïeux1245, tu as marché presque attaché aux côtés de ceux qui te précédaient si bien que tu t’avançais en étroite union avec une félicité qui n’avait jamais été altérée. Mais il revient aux mérites de mon cher Avienus, encore si jeune, d’assurer la continuité des faisceaux pour ta lignée et de les rendre à la mienne. Je rends grâce à un effort qui nous comblera d’un profit commun, par lequel, avec l’aide de Dieu, l’éclat1246 d’une bonne naissance, jusqu’à présent offusqué, a resplendi, par lequel un sang éclatant a retrouvé sa lumière. 7. Combien j’aurais aimé voir, étant présent, la réalisation parfaite de mes vœux, si le nombre1247 de mes péchés ne refusait pas à mes regards1248 le cadeau céleste qu’il n’a pu refuser à mes désirs et s’il n’était pas sacrilège qu’un homme obtienne, en un seul et même moment, tout ce qu’il désire ! Je crois cependant qu’il faut compter au nombre des plus grands bienfaits de notre Rédempteur le fait que mon cher consul ait franchi le seuil de l’heureuse enfance avec les honneurs d’un homme d’âge1249. L’espérance me laisse prévoir ce qu’obtiendront les efforts quand les débuts se manifestent par de telles prouesses. 8. Avec ces succès inespérés viendra l’accroissement des progrès de celui que nous voyons commencer par les faisceaux. Moindre est l’espoir dont se flatte la Renommée d’autrefois, dans les éloges des anciens, pour l’avènement de la prospérité. Ce privilège qu’ont difficilement obtenu la vieillesse rompue à la poussière < des combats > et la vie menée sous le faix1250, que l’homme âgé a souhaité sans jamais être sûr de l’obtenir, la grâce céleste l’a donné à mon cher jeune homme que j’ai bien souvent cité.

9. À cela s’ajoute que, ayant reçu au début de la vie les meilleurs enseignements1251, il a manifestement mérité ce qu’il a obtenu et il ne consent pas que tout, en lui, soit imputé à la chance quand davantage peut être aussi rapporté à son mérite1252. Ayant suivi les leçons qui révèlent la nature et les études littéraires, imitant la perfection paternelle, par son propre travail, il est devenu un fils tel que l’autre1253 aurait à peine pu avoir choisi. 10. Tout ce que la langue attique, tout ce que la langue romaine a de meilleur, il le connaît ; l’or de Démosthène et le fer de Cicéron, il sait les apprécier ; tout en parlant latin, il n’en a pas moins accompli l’une et l’autre série des exercices rhétoriques. Il a embrassé comme une liberté les contraintes de l’enseignement grammatical et ces fameuses difficultés de l’expression juridique1254. En s’attachant à la majesté oratoire, il a provoqué ses compagnons d’âge au combat à la force du bras d’une mâle éloquence. 11. Mais où me conduit le cours d’une affection qui refuse la limite, je le vois : écarté de mon propos1255, je décerne le titre d’érudit à un consul malgré l’infériorité de mon talent.

Je reviens à vous avec qui je partage une joie commune, un désir semblable, une prière égale. Demandons à Dieu, parce que nos vœux refusent les bornes, de rendre Lui-même éternel ce qu’il a accordé et de ne jamais mettre un terme à ses faveurs envers nous, Lui qui fait largesse sans ressentir de dommages. 12. Quant à vous cependant, réjouissez-vous de ce bonheur si excellent qui vous échoit, vous à qui il est donné, après votre propre consulat, d’avoir un fils consulaire à sa suite1256. Toutefois, si la puissance céleste opère en ma pensée et si tout mon esprit soumis aux fautes humaines n’est pas abattu, <je dirai que> la rétribution de vos prières fidèles est la dignité obtenue pour votre descendance. Il suffirait à la Ville d’avoir autant d’intercesseurs qu’en possède une seule maison. La bienheureuse Mère1257, souveraine de tant de chefs, en puissante matrone, vous élève auprès de Dieu par ses prières. 13. Par tant de personnes, le royaume des Cieux « est malmenéa  ! » Et pour leurs fautes, la Clémence divine exige ce qui est demandé ! Car nous nous rappelons l’Ecriture, quand le Seigneur dit à ses disciples : « si deux ou trois d’entre vous s’accordent, vous obtiendrez tout ce que vous aurez demandé’b ». Je crois que le Rédempteur, ayant constaté le petit nombre des justes, a voulu dire que deux personnes qui le demanderaient suffiraient pour le salut du monde 1258 . On peut alors se juger par conjecture si quelque chose peut être refusée à trois personnes qui le demandent pour l’intérêt des leurs.

14. Ainsi donc, animé par ces espérances et exalté par ma parenté avec des justes, confiant en la bonté divine, je crois que je parviendrai moi aussi à l’abondance de grâce que je souhaite. Si par les mérites d’Abraham Loth est appelé à la foule des saintsc, si ceux qui ont manqué de vertus propres, ont mérité d’aller aux Cieux grâce à celles de leurs proches, cette année comblera votre famille de dignités. Car si vous me portez dans votre cœur, il m’est facile d’être conduit à la grâce céleste en obtenant ce que je souhaite. 15. Mon cher Seigneur, en m’acquittant de l’hommage respectueux de mes salutations, j’implore votre pardon pour la longueur de mon propos parce qu’il est difficile à celui qui éprouve de grandes joies de se contenter de les exprimer en peu de mots1259.

Notes
1232.

Le sujet, le style et la longueur du texte – inhabituelle pour une épître – donnent l’impression d’un véritable panégyrique écrit pour le début du consulat d’Avienus en 502. Les orateurs de l’Antiquité tardive, suivant la tradition instituée par Pline, ont multiplié les éloges des puissants à leur arrivée au pouvoir : ainsi Sidoine Apollinaire écrivit-il le panégyrique d’Anthemius pour l’inauguration de son consulat au 1er janvier 468 (carm. 2). Ennode composa un Panégyrique de Théodoric, son œuvre la plus célèbre. L’epist. 9, 30 au pape Symmaque contient les thèmes essentiels du Panégyrique dont elle est une sorte de résumé. Enfin, l’epist. 1, 5 ressemble à un panégyrique car elle contient plusieurs topoi de la rhétorique épidictique énoncés par Pline dans le Panégyrique de Trajan de Pline ou par Quintilien dans l’Institution oratoire (3, 7, 15) : hommage à la divinité, précocité, noblesse des origines, héritage d’une tradition, excellence de l’éducation, valeur morale (voir G. Sabbah, « Rhétorique et communication politique dans les Panégyriques latins », 1984, p. 363-388).

1233.

Cette épître fournit de précieux indices sur l’ascendance d’Ennode et en particulier sur ces liens avec Faustus : voir commentaire, chapitre 5, p. 153 sq.

1234.

En latin tardif, ipse est souvent l’équivalent de idem (voir Tert. apol. 48 : id ipsum corpus, « le même corps »).

1235.

La renaissance de la grandeur familiale se manifeste par une profusion d’expressions imagées représentant les « fastes » du pouvoir consulaire et de la noblesse sénatoriale : consularem uirum, trabealis coturni pompam, curulium possessores, nobilitatis insignia, reparator fascium nouellus consul, dignitatum nostrarum fores, aquilas, fastus, honorum secures, scipionum, lucidus sanguis. Ces termes expriment le sentiment d’appartenance à une famille et plus largement à une noblesse dont les ambitions sociales ont été frustrées. Toutefois, quel que soit l’enthousiasme que suscite cette renaissance, il ne faut pas y voir le désir d’une « restauration » impériale. En effet, il ne s’agit jamais d’égaler le passé mais de le dépasser : l’avenir est toujours présenté comme supérieur à la grandeur antique qui aurait été enjolivée (voir § 5). Si la confiance en l’avenir est un thème récurrent dans la Correspondance (voir epist. 1, 7, 1 : Deus omnipotens (…) rerum statum (…) aurei saeculi candore perfundat), cette charge audacieuse contre les héros et les historiens du passé est un trait d’amplification rhétorique. On retrouve ce procédé chez Ammien Marcellin, par exemple, qui cherche ainsi à rehausser les exploits de Julien par un processus d’héroïsation de l’empereur (25, 4, 1) se traduisant par l’évocation des poetae ueteres, des grandes épopées et des héros du passé, tels Alexandre ou Scipion l’Africain (24, 6, 14).

1236.

La (re-)conquête des titres («tituli ») prestigieux est vécue comme une nécessité par l’ancienne aristocratie sénatoriale désireuse de conserver une position dominante. Ces lignes rappellent une épître de Sidoine Apollinaire, vers 470, où l’on retrouve un ton et un vocabulaire semblables (epist. 3, 6, 3 : Igitur, quod loco primore fieri par est, agimus gratias uberes Christo, qui statum celsitudinis tuae ut hactenus parentum nobilitate decorabat, ita iam nunc titulorum parilitate fastigat ; « donc – et c’est ce qu’il est convenable de faire en premier lieu – nous rendons mille grâces au Christ qui non content d’illustrer jusqu’à présent la condition de votre Grandeur par la noblesse de vos ancêtres, l’élève désormais par l’égalité des titres », trad. A. Loyen).

1237.

L’adjectif verbal claudenda peut exprimer une obligation ou bien, comme nous l’avons compris, avoir la valeur d’un participe futur passif, ce qui est fréquent en latin tardif. Il serait donc l’équivalent d’une proposition relative au subjonctif [*quae <essent> claudenda = ut essent claudenda]. Pour une justification du texte [quia] posthaec obicibus claudenda patuissent, voir « Prolégomènes », p. 281, notice 2.

1238.

C’est-à-dire « après le consulat d’Avienus ».

1239.

Les aigles sont le symbole sacré des légions romaines (voir Tac. Ann. 2, 17, 2 : interea, pulcherrimum augurium, octo aquilae petere siluas et intrare uisae imperatorem aduertere. Exclamat irent, sequerentur Romanas aues, propria legionum numina : « cependant – magnifique augure – huit aigles, qui se dirigeaient vers les forêts et y entraient, attirèrent les regards du général. Il crie aux soldats de marcher, de suivre ces oiseaux romains, divinités spécifiques des légions », trad. P. Wuilleumier). Ils incarnent donc ici la permanence de la romanité et l’impulsion irrésistible qu’a donnée le consulat d’Avienus à la restauration de sa famille.

1240.

Le terme principalis est ambigu : il peut renvoyer au pouvoir du prince, de l’empereur (voir Prud. peri. 10, 422 : pro principali ritu, « selon le rite impérial »). L’expression ad principalem militiam pourrait donc signifier aussi : « au service du prince ».

1241.

Le saecularis, le « profane », s’oppose à clericatus (voir Sidon. epist. 7, 9, 14 : ad clericatum quia de saeculari professione translatus est : « parce qu’il est passé des charges du siècle à l’état de clerc », trad. A. Loyen).

1242.

Nous pensons que putantur a pour sujet ueteres, repris de l’expression astutia ueterum ; mais le sujet pourrait être consilia. Il faudrait alors traduire littéralement : « c’est avec raison que leur sagesse (=leurs réflexions) est réputée avoir trouvé les fastes de cette sorte dont la longévité refuse et la désuétude et la mort ».

1243.

Quae peut être un neutre pluriel dont l’antécédent est commenta ou bien un féminin pluriel dont l’antécédent est laudes. Nous retenons la seconde hypothèse, considérant que laudes est déterminé par deux relatives sur le même plan « quibus…pepererunt » et « quae…mercantur ».

1244.

Scipionum : le « sceptre consulaire » est une métonymie pour « les consulats », comme la trabée.

1245.

Voir Verg. Aen. 7, 56 : auis atauisque potens. Dans ces lignes, Ennode emprunte plusieurs expressions à Virgile, tirées de l’évocation glorieuse de Turnus, « rendu puissant par ses aïeux et ses ancêtres », promis à la fille du roi Latinus en dépit de prodiges effrayants.

1246.

Jeu de mot sur claritas qui désigne la « splendeur » mais aussi « l’illustration », « l’éclat » social d’une personne qui appartient à la noblesse sénatoriale (les clarissimi) : voir Quint. inst.8, 6, 7 : claritas generis ; Sidon. epist. 7, 9, 7 : ciuium claritate.

1247.

En latin tardif, magnitudo peut avoir le sens de multitudo (Greg. M. epist. 8, 21 : sine magnitudine populi).

1248.

Ennode se trouve en Ligurie, loin de Rome et il n’a pu assister lui-même à l’accession d’Avienus au consulat.

1249.

On reconnaît l’idéal politique du puer-senex qui est encore évoqué dans l’epist. 2, 10 (canus iam in puero sensus)à propos de ce même Avienus, jeune défenseur d’une tradition antique. La précocité des êtres d’exception était déjà soulignée par le philosophe stoïcien Ariston de Chios, si l’on en croit Sénèque (voir epist. 36, 3). Ce motif, devenu un lieu commun, se trouve dans l’éloge de Caton (voir Cic. Cato 38 : ut enim adulescentem in quo est senile aliquid, sic senem in quo est aliquid adulescentis, probo : « de même que chez un adolescent, j’aime à voir un peu de vieillesse, de même, chez un vieillard, un peu d’adolescence », trad. P. Wuilleumier) et dans celui de Iule (voir Verg.Aen. 9, 311 : ante annos animumque gerens curamque uirilem : « [Iule], portant avant les années le cœur et les soucis d’un homme »,trad. J. Perret). Le thème du puer-senex est récurrent dans les panégyriques des « princes enfants » de l’Antiquité tardive, tels Gratien et Valentinien II (voir Curtius, p. 122 sq.). Toutefois, il prend chez Ennode une signification nouvelle : en effet, Avienus n’est pas seulement un jeune défenseur de la grandeur antique. Tout en prolongeant l’éclat du passé impérial, il inaugure une ère nouvelle. Cette idée est soulignée par l’importance de la « nouveauté », aux yeux d’Ennode, qui s’explique par la confiance en un avenir meilleur : voir epist. 1, 1, 4 à Jean : nouitatem sensuum monstras serenitate sermonum et ueteris decora prosapiae nouelli uincis nitore conloquii ; epist. 1, 5, 2 : nouellus consul inluxit ; epist. 1, 9, 4 : in nouellum usum maiorum exempla reuocare. Au reste, les adjectifs annosus, priscus et antiquus sont employés ici dans un sens péjoratif : voirepist. 1, 5, 4: annosas obices ; 1, 5, 5 : priscorum laudes ; 1, 5, 8 : antiquorum praeconiis.

1250.

L’expression sub fasce poursuit la métaphore militaire : elle signifie « sous le faix », c’est-à-dire « sous le paquetage du soldat » (voir Verg. georg. 3, 346-7 : non secus ac patriis acer Romanus in armis / iniusto sub fasce uiam cum carpit (…)  ; « c’est ainsi que revêtu de ses armes nationales le vaillant Romain fait ses marches sous un énorme fardeau (…),trad. E. de Saint-Denis).

1251.

Quintilien a proposé deux types de plan pour les discours de l’éloge : le premier, qui suit à peu près la biographie du personnage, accorde une part notable à l’enseignement et à l’éducation : voir inst. 3, 7, 15 : namque alias aetatis gradus gestarumque rerum ordinem sequi speciosius fuit, ut in primis annis laudaretur indoles, tum disciplinae, post hoc operum (« parfois, l’effet est plus brillant, si l’on a suivi les étapes de la vie d’un homme et la série de ses actions, en louant son naturel quand il était enfant, puis son éducation, et ensuite la trame de ses activités », trad. J. Cousin).

1252.

Les « qualités » d’Avienus ressemblent beaucoup à celles de Jean, le destinataire de l’epist. 1, 1 : origines nobles, excellente formation oratoire, débuts très prometteurs, imitation d’un parent d’une éloquence exceptionnelle. On retrouve plusieurs vertus traditionnelles du discours de l’éloge.

1253.

Alter : c’est-à-dire le père.

1254.

L’éloge d’Avienus reflète tout un programme d’enseignement qui constitue l’idéal pédagogique d’Ennode : la lecture des auteurs classiques, la connaissance du grec et du latin, la grammaire et le droit. Certaines dictiones d’Ennode, qui en sont l’application, confirment que, dans l’école du grammairien du début du VIe siècle, « le programme et les méthodes d’enseignements n’ont pas changé » (voir Rich É, p. 39).

1255.

L’expression diuisus proposito est difficile à comprendre : le sens global de la phrase nous incite à comprendre qu’Ennode est « écarté de son propos » (= « de son intention », voire « de sa vocation ecclésiastique »).

1256.

Habere in obsequio : « avoir à sa suite », « compter dans sa suite » (voir Greg. M. dial. 2, 14 : in alicuius obsequio, « à la suite de quelqu’un »).

1257.

L’expression felix mater désigne ici probablement l’Église (voir Petr. Chrys. serm. 72, 3 : ecclesia felix mater ; voir Ennod. epist. 1, 9, 3 : matris ecclesiae ope). Ainsi cette phrase prend-elle une signification politique : elle suggère en effet que l’Église – présentée dans sa toute puissance – soutient le consul par ses prières. Or, dans le contexte du schisme laurentien, l’Église désigne ici le camp de Symmaque considéré comme le pape légitime. Dès lors, le panégyrique d’Avienus pourrait en fait saluer, au sommet du schisme laurentien, le début d’un consulat enfin favorable à Symmaque après le consulat d’un autre Avienus en 501, le fils de Basilius, dont la famille (les Decii) soutenait ouvertement Laurent. Parmi les griefs qui attisaient l’affrontement entre les deux factions, se trouvait en effet la volonté de Symmaque de casser la fameuse scriptura de Basilius, préfet du Prétoire en 483, décret qui frappait d’annulation l’aliénation des biens ecclésiastiques et qui limitait la puissance foncière de l’Église romaine.

1258.

Les exemples d’exégèse sont rares dans la Correspondance et, à l’instar de celui-ci, ils ne manifestent pas une originalité particulière (voir les epist. 1, 4, 3-8 et 2, 19).

1259.

La formule finale constitue une sentence que l’on retrouve fréquemment dans les florilèges médiévaux (voir notre annexe « Sentences d’Ennode », p. 423-428).