17. – Ennode à Constantius

Première lettre à Constantius 1812 , uir illustris à la cour Ravenne. Ce billet d’amitié remercie Constantius d’entretenir le souvenir d’Ennode. Il laisse donc supposer que Constantius était une des personnalités qui permettaient à Ennode d’exercer une certaine influence à la cour 1813 .

1. Personne ne condamne le talent en un style pompeux ni ne considère avec modestie qu’il faut mépriser ce qu’il recherche lui-même : il s’en prend à lui-même celui qui prétend en un style châtié faire renoncer à la beauté du langage 1814 . Quant à moi, cependant, dans les lettres de votre Excellence, j’ai toujours apprécié l’affection, non les paroles ; et je n’ai jamais pensé qu’une éloquence, qui se fait l’auxiliaire de la méchanceté, eût plus de prix que la franchise qui exprime sans fard le secret de la pensée 1815 . C’est ce que j’ai toujours aimé et honoré chez les êtres vertueux. 2. Je vous rends et vous ai grâce de venir gratifier ma modeste personne 1816 de l’adresse de votre entretien épistolaire et de ce que, parmi les occupations et les veilles qui retiennent tout le monde à Ravenne, vous ne renoncez pas au souci que vous avez de moi. Je vous rends donc les devoirs de mes plus vives salutations, avec l’espoir que, en raison de l’estime dont vous encouragez ma confiance, vous rendiez ma présence désirable à Messeigneurs, vos amis.

Notes
1812.

Constantius : originaire de Ligurie, uir illustris à la cour de Ravenne, ami d’Ennode qui lui adressa cinq lettres epist. 2, 17 ; 2, 19 ; 2, 20 ; 4, 13 ; 5, 23 (voir PLRE, « Constantius 15 », p. 321).

1813.

L’epist. 3, 3 qui est une lettre de recommandation pour introduire Constantius dans l’entourage de Faustus est peut-être antérieure aux épîtres à Constantius du livre II qui semblent former un ensemble (epist. 2, 17, 19 et 20).

1814.

Ces considérations doivent être rapprochées de l’idéal stylistique d’Ennode, l’artifex incuria et le simplex cultus (epist. 2, 13) : « la négligence est la règle dans les épîtres et un habile défaut de soin se présente comme la garantie du génie ».

1815.

Cet éloge de la sincérité, qui est un lieu commun du style épistolaire, rappelle d’autres épîtres : voir epist. 2, 9 à Olybrius ; voir epist. 1, 20 à Faustus : dico integre et uocem quam proposito debeo nulla mendacii nube concludo (« Je parle le cœur pur et aucun voile de mensonge ne dissimule la parole que je dois à ma vocation »).

1816.

L’humilité (paruitas) est un lieu commun du style épistolaire (Curtius, p. 635-645).