Troisième lettre à Constantius 1849 , uir illustris à la cour Ravenne. Ce petit billet d’amitié accompagnait probablement l’epist. 2, 19 qui constituait l’objet principal du courrier.
1. Vous me pardonnerez de vous avoir répondu rapidement parce que je dois encore à mon jeune âge une hâte rebelle. À vous conviennent la maturité et la gravité. Par conséquent, entourez ma confiance de vos soins et préservez mes bagatelles des rigueurs du public parce que si notre écrit est obscur et ambigu, il trouve protection dans l’autorité de votre commandement 1850 , pour la raison que personne ne méprise ce qu’il a ordonné 1851 . 2. Je vous salue donc en confiant ces écrits à votre lecture 1852 . En effet, votre bon accueil ne manquera pas de nous encourager par la suite à obéir aux aiguillons flatteurs de l’obéissance 1853 .
Constantius : voir epist. 2, 17 note 1.
Cette précaution oratoire est un lieu commun de la rhétorique (voir Curtius, p. 157).
L’expression pourrait avoir un sens plus général : « personne ne méprise ce qui a été commandé ». Quelle qu’en soit l’origine, l’epist. 2, 19 – l’unique texte théologique d’Ennode – a bien répondu à une commande. Ce texte ne présente pas d’originalité doctrinale et procède à un rapide exposé de la théologie provençale. C’est pourquoi l’humilité d’Ennode est sans doute plus sincère que « la modestie affectée » qui est un lieu commun épistolaire. Sa modestie nous semble être ici une marque de lucidité : on comprend en effet qu’il ne tienne pas à ce que cette épître, contrairement aux autres, connaisse une publicité, surtout si les arguments qu’elle expose sont destinés à être repris par Constantius et présentés comme siens ! Toutefois, on peut constater qu’Ennode est plus audacieux que Sidoine Apollinaire qui n’avait pas hésité à refuser la proposition du comte de Trèves, Arbogast, d’écrire des commentaires sur l’Ecriture (voir Sidon. epist. 4, 17, 3 : de paginis sane quod spiritalibus uis ut aliquid interpres improbus garriam, iustius haec postulantur a sacerdotibus (…) omni meritorum sublimium dote potioribus, « quant aux textes sacrés sur lesquels vous voudriez que je bavarde, en bien méchant interprète, vous seriez mieux inspiré à demander ces commentaires à des pontifes (…) supérieurs par tous les dons des plus hauts mérites de la nature »).
Il s’agit probablement de l’epist. 2, 19 (voir note précédente).
L’expression finale est un hypallage (littéralement : « les aiguillons d’une flatteuse obéissance ») que nous avons essayé de rendre dans la traduction.