1.4.2 Cycle des saisons

Toute recherche s’intéressant à l’organisation temporelle des activités de subsistance d’une communauté doit s’appuyer sur les données disponibles relatives aux conditions climatiques générales qui se succédaient au cours d’une année. Un portrait du climat actuel au centre et au nord de la Syrie peut être tracé d’après les études menées sur plusieurs décennies d’enregistrements des paramètres météorologiques (Kerbe, 1987).

Deux saisons majeures sont habituellement retenues (e.g. Weulersse, 1946) : une saison humide (hivernale) et une saison sèche (estivale). En hiver, la mise en place progressive d’un front froid au nord de la Syrie, entre la masse d’air froid centrée sur l’Anatolie et la masse tropicale persistant au-dessus de l’Arabie, entraîne une diminution des températures dans tout le pays. Janvier est ainsi le mois le plus froid de l’année (Kerbe, op. cit.). La majorité des précipitations annuelles se concentre en hiver mais elles sont violentes, irrégulières et souvent très localisées. L’été est une saison stable, marquée par des températures élevées (jusqu’à 45° C certains jours) et une absence des précipitations de juin à août, parfois même pendant 5-6 mois d’affilée. La chaleur et l’évaporation s’accroissent avec l’arrivée du Khamsin au début de cette période, un vent très chaud et très sec venant du sud. Le reste du temps, les vents dominants sont en général orientés d’ouest en est.

Les saisons de transition sont caractérisées par un régime dynamique entraînant de fortes perturbations climatiques et fluctuations thermiques. Les mois de septembre et octobre conservent des traits estivaux mais les températures diminuent et les premières averses, rarement de grande ampleur, apparaissent. J. Kerbe (op. cit.) considère que l’hiver débute à la fin novembre, avec des précipitations violentes. Les gelées sont assez fréquentes en hiver et peuvent survenir dès la mi-novembre. Au printemps, les pluies sont occasionnelles et peu intenses en mars et avril, et l’arrivée de l’été se fait sentir durant les mois d’avril et mai par une brusque augmentation des températures. Dans l’ensemble du pays, le domaine climatique est défini par des saisons capricieuses (hormis l’été), de fortes amplitudes thermiques et des précipitations irrégulières selon les années. Les chercheurs sont unanimes sur l’idée que ces caractéristiques saisonnières étaient présentes dès la fin du Pléistocène au Proche-Orient, avec des températures estivales peut-être sensiblement plus basses que les actuelles et des hivers plus doux entre le Natoufien et le PPNB final (Hillman, 1996, Helmer et al., 1998).

L’Euphrate, dont le débit moyen annuel est d’environ 1000 m3, connaît lui-même un régime saisonnier (Besançon et Sanlaville, 1984 ; Kerbe, op. cit.). Ses crues principales ont lieu aujourd’hui au printemps, en avril-mai, lors de la fonte des neiges des sommets anatoliens. Le maximum secondaire, en janvier-février, correspond aux pluies hivernales. La période des basses eaux se situe en automne avec un étiage minimum atteint en septembre. Selon G. Willcox et V. Roitel (1998), les crues printanières auraient pu être retardées et de plus forte ampleur au début de la Néolithique en raison d’une couverture neigeuse plus importante sur le Taurus.

Dans notre recherche, nous utiliserons les termes « saison humide » et « saison sèche » pour désigner les deux phases majeures du cycle annuel. Comme nous l’avons vu, les limites de cette subdivision sont imprécises et se situent autour du mois d’avril et du mois d’octobre. Toutefois, pour plus de précision, nous avons généralement préféré décrire les tendances saisonnières obtenues en les inscrivant dans les saisons calendaires : printemps (mars à mai), été (juin à août), automne (septembre à novembre) et hiver (décembre à février).