2.2.1.3 Estimation de l’âge et profils de mortalité

Très peu d’études ont été consacrées aux méthodes d’estimation de l’âge chez les gazelles, et P. Ducos (1968) est à notre connaissance le premier à s’être intéressé à ce sujet pour l’étude des assemblages archéologiques. N’ayant pu employer la méthode qu’il a développée pour les bovinés et les caprinés, faute à l’époque de collections disponibles pour le Proche-Orient, il s’est inspiré du travail de D. Chong Bin (1963) sur Gazella subgutturosa. Malheureusement, cette référence bibliographique n’est pas donnée à la fin de son ouvrage et nous n’avons pu retrouver cette étude. Cependant, d’après la description qui en a été faite (Ducos, 1968, p. 13), l’auteur utiliserait une mesure de l’usure dentaire fondée sur le rapport hauteur de la couronne/hauteur de la racine, cequi est difficilement exploitable par les archéologues compte tenu de la fragilité des racines fossiles ou de l’enchâssement des dents dans les maxillaires. L’examen des figures publiées a permis à P. Ducos de dresser un « tableau d’usure largement approximatif » (op. cit., p. 14), mais ces correspondances avec l’âge s’avèrent en fait beaucoup trop éloignées de celles que donnent Davis (1980) pour G. gazella et G. dorcas. Ainsi, il est écrit qu’à 3 ans l’usure de la D4 est sensée atteindre plus de la moitié de la hauteur initiale alors que cette dent tombe d’ordinaire entre 15 et 18 mois, ou que la M2 n’est pas encore en occlusion à l’âge d’un an.

D’autres travaux sur la détermination de l’âge des gazelles à partir des dents se trouvent ponctuellement parmi les contributions à l’étude des faunes est-africaines (Robinette et Archer, 1971 ; Spinage, 1976b). Les méthodes développées sont avant tout destinées à l’usage des zoologues et les critères proposés satisfont rarement les conditions exigées par l’analyse des spécimens fossiles.

Dans son étude sur la croissance dentaire chez G. gazella et G. dorcas à partir des référentiels modernes de l’Université de Tel Aviv, S. J. M. Davis (1980) n’a considéré que les individus âgés de moins de 2 ans et demi. Afin de construire des courbes d’abattage à partir des assemblages levantins où les dents sont le plus souvent retrouvées à l’état isolé, il utilise la mesure de la hauteur de la D4 et de la M3 (Davis, 1983). La M3 est facilement identifiable du point de vue anatomique, contrairement aux deux autres molaires, et sa hauteur combinée avec celle de la déciduale permet de suivre l’attrition dentaire à tous les stades de la vie de l’animal : la chute de la D4 survient en effet au moment où la M3 a déjà commencé à s’user, vers 15 mois. Cette méthode se contente d’élaborer non pas des classes d’âge mais des classes de hauteur, et présente l’avantage de créer rapidement des profils directement comparables entre différents sites ou différents niveaux d’un même site pour G. gazella. L’objectif de S. J. M. Davis (1983) pour son étude de la saisonnalité était surtout de calculer la proportion des jeunes gazelles parmi l’ensemble chassé. Toutefois, en faisant l’économie d’une relation même approximative entre l’âge et la hauteur de la M3, il s’interdisait d’interpréter ces profils relativement à la structure démographique des adultes qui, comme la proportion des immatures dans une population, varie à certaines périodes de l’année.